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Honoré d’Urfé publia, de 1607 à 1627, ce roman pastoral, premier roman-fleuve de la littérature française avec plus de 5000 pages en 5 volumes.
Seules les trois premières parties (1607-1610-1619) et le début de la quatrième sont de la main d’Urfé, à sa mort, son secrétaire, Balthazar Baro, ayant assuré la rédaction de la suite, d’après les notes laissées par son maître.
Ce roman eut un succès considérable dans toute l’Europe, ce livre-culte suscita une véritable mode dans les salons, à Paris comme en province à tel point que l’Astrée est devenue très rapidement un lieu de culture du XVIIe siècle, une référence en matière d’élégance du langage et un modèle en matière de galanterie.
Cette œuvre monumentale se déroule au Ve siècle de notre ère dans la région du Forez aux alentours du château de la Bastie d’Urfé, sur les bords de la rivière Lignon, dont l’auteur est originaire, et relate les histoires d’amours contrariées de deux bergers, Astrée et Céladon.
Le Roman, résumé.
Le roman transporte son lecteur dans ce cadre de fantaisie, qu’ornent et recréent à loisir l’imagination et la nostalgie de l’auteur,
Dans la plaine du Forez, là vit le berger Céladon, amoureux depuis trois ans de la bergère Astrée. Ils évoquent longuement leurs sentiments et leur bonheur futur. Mais leurs familles sont ennemies et par prudence, Astrée demande à Céladon de donner le change aux médisants en feignant de courtiser Aminthe. Mais le berger Sémir persuade Astrée que Céladon ne feint pas, mais est réellement épris d’Aminthe. Jalouse, Astrée bannit son amant qui, les bras croisés, se jette dans la rivière Lignon : désespoir d’Astrée.
Cependant, Céladon a survécu. Il est recueilli par trois nymphes, qui tombent toutes trois amoureuses du beau berger. L’une d’elles n’est autre que Galathée, la fille de la reine du Forez. Mais Céladon, qui ne vit que dans l’espoir de retrouver Astrée, grâce à l’aide du druide Adamas, parvient à fuir le château d’Isoure, dans lequel il a été recueilli et soigné par les nymphes, et se résout à vivre en sauvage dans la forêt, où il élève un temple à son amante. Le druide Adamas, touché de la sincérité du jeune homme, imagine de l’habiller en fille et de le faire passer pour sa propre fille, Alexis. Evidemment, Astrée conçoit une vive amitié pour cette nouvelle compagne, qui ressemble si fort à son amant Céladon. Ce dernier refuse pourtant de se faire reconnaître, tant que l’Astrée ne le rappellera pas formellement auprès d’elle.
Ici finit, inachevé à sa mort, le roman d’Honoré d’Urfé.
Son secrétaire, Baro, peut-être d’après les brouillons de son maître, fait se retrouver les amants auprès de la merveilleuse fontaine de la vérité d’Amour. La présence d’Astrée et Céladon fait combattre les monstres gardiens de la fontaine et dissipe ses enchantements.
Tous deux convaincus désormais de leur amour et de leur inébranlable fidélité, les amants se marient, Hylas aurait-il eu tort ? L’amour échapperait-il à « l’inconstance » ?
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Accès à la version simplifiée.
Le château de la Bastie d’Urfé, construit à la Renaissance par, Claude d’Urfé, et un magnifique exemple d’édifice inspiré par le goût italien et constitue un joyau du patrimoine forézien.
Amoureux du Forez et de la rivière Lignon, c’est en ces lieux romanesque qu’il s’éprend de sa belle sœur Diane de Châteaumorand qu’il épousera en 1600, après le mariage non consommé avec Anne d’Urfé son frère ainé.
Cette union tumultueuse ne satisfera pas son idéal de l’amour qu’il magnifiera et immortalisera dans l’Astrée.
Honoré d’Urfé, grièvement blessé à Oneglia en Italie, lors d’une attaque des troupes du Duc de Savoie, afin de chasser les occupants Espagnol, périt en chevalier à Villefranche sur mer le 1er juin 1625.
Ces douces pensées, je te les remets, ô mon cher et bien-aimé Lignon, afin que les conservant et les publiant, tu leur donnes une seconde vie qui puisse continuer autant que la source éternelle qui te produit et que, par ainsi, elles demeurent à la postérité, aussi longtemps que dans la France l’on parlera français.
Henri Chaperon, « Honoré d’Urfé, le chevalier de plume et d’épée »
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Nombreux sont ceux qui connaissent le nom d’Anne Frank, mais combien sont-ils à avoir lu les journaux d’Anne ? cette jeune adolescente qui est rentrée dans l’Histoire par la grande porte.
Une petite fleur écrasée.
Son souvenir restera gravé a jamais dans notre mémoire !
Une voix d’enfant. Le hasard m’a mis entre les mains un journal écrit pendant les années de guerre. L’Institut national pour la documentation de guerre possède déjà quelque deux cents de ces journaux, mais je serais étonné s’il s’en trouvait dans le lot encore un autre qui fût aussi juste, aussi intelligent et pourtant aussi humain que celui-ci, que j’ai lu d’un trait, oubliant pour un soir le présent et ses contraintes. Quand je l’eus fini, la nuit était tombée et je m’étonnai de constater que la lumière brûlait encore, qu’il y avait encore du pain et du thé, que je n’entendais pas le vrombissement d’avions dans le ciel ni le martèlement des bottes dans la rue, tant sa lecture m’avait captivé et ramené à ce monde irréel que nous avons quitté depuis près d’un an déjà. Il a été écrit par une adolescente juive qui avait treize ans lorsqu’elle dut se cacher avec ses parents et sa soeur aînée et commença ce journal ; il se termine plus de deux ans après, quand la Gestapo par un jour funeste découvre le refuge de la famille. Elle est morte un mois avant la fin de la guerre, dans l’un des pires camps de concentration allemands ; elle n’avait pas encore seize ans. Comment. je ne veux pas m’y attarder. Mais, on peut le craindre, cela ne dut pas être très différent de ce qu’on peut lire dans tant de souvenirs de déportation, comme par exemple dans cette brochure récemment parue, « Entre la vie et la mort à Auschwitz ». même s’il s’agissait d’un autre camp. D’ailleurs, les conditions de sa mort importent peu. Plus importante était cette jeune vie qui fut brisée sciemment par un système dont nous nous étions juré de ne jamais oublier ni pardonner la cruauté aveugle tant que nous la subissions, mais que, le temps aidant, nous commençons déjà sinon à pardonner du moins à oublier, ce qui finalement revient au même. Pour moi, cependant, ce journal apparemment anodin d’une enfant, ce De Profundis balbutié d’une voix enfantine incarne toute l’horreur du fascisme, plus que tous les actes réunis du procès de Nuremberg. Pour moi, le sort de cette petite juive résume à lui seul le pire crime commis par l’esprit à jamais haîssable. Car ce crime n’est pas l’anéantissement de la vie et de la culture en soi : celles-ci peuvent également être sacrifiées à une révolution qui créera à son tour de la culture, mais c’est l’obstruction des sources de la culture, l’anéantissement de la vie et du talent par pur instinct de destruction. A moins que tous les signes ne nous trompent, cette petite fille serait devenue un écrivain de talent si elle était restée en vie. Venue d’Allemagne à l’âge de quatre ans, elle écrivait dix ans plus tard un néerlandais d’une pureté et d’une sobriété enviables et faisait preuve d’un sens des faiblesses de la nature humaine, y compris de la sienne, si infaillible qu’il surprendrait chez un adulte, a fortiori chez un enfant. Mais elle montrait également les possibilités infinies de cette même nature humaine, possibilités offertes par l’humour, la compassion et l’amour, ce dont on doit peut-être s’étonner encore plus et qui pourrait même inspirer un mouvement de recul comme tout ce qui est très exceptionnel si, chez elle, rejet et acceptation n’étaient demeurés si profondément enfantins. Que cette adolescente ait pu être enlevée et tuée constitue pour moi la preuve que nous avons perdu notre bataille contre la bête qui est en l’homme. Et nous l’avons perdue parce que nous n’avons rien su lui opposer de positif. Et c’est pourquoi nous la perdrons encore, sous quelque forme que l’inhumanité revienne nous attaquer, si nous ne sommes toujours pas en état de lui opposer rien de positif. La promesse de ne jamais oublier ni pardonner ne suffit pas. Il ne suffit même pas de tenir cette promesse. Une défense passive ou négative est insuffisante, elle n’est rien. Il n’y a de salut que dans une démocratie « totale », active et positive dans les domaines politique, social, économique et culturel : la construction d’une société où le talent ne sera plus anéanti, opprimé et refoulé, mais découvert, nourri et soutenu, où qu’il se manifeste. Et cette démocratie-là, en dépit de toutes nos bonnes intentions, nous en sommes encore aussi loin qu’avant guerre. Jan. Romein. le 3 avril 1946 (quotidien ‹Het Parool›)
Passeport d’Anne Frank posée sur des cahiers de son journal
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Anne, écrivait souvent son désespoir dans son journal:
Le 30 Janvier 1943 : Je bous de fureur et je ne peux pas le montrer, je voudrais taper du pied, crier, secouer maman un bon coup, pleurer, que sais-je encore, pour tous les mots méchants, les regards moqueurs, les accusations qui me transpercent chaque jour comme autant de flèches d’un arc tendu à l’extrème et qui sont difficiles à extirper de mon corps. Je voudrais crier à maman, Margot, V.P., Pf. et aussi papa : laissez-moi tranquille, laissez-moi enfin dormir une nuit sans tremper mon oreiller de larmes, sans que les yeux me brûlent et que la migraine me martèle la tête. «Laissez-moi partir, disparaître loin de tout loin du monde !» Mais c’est impossible, je ne peux pas leur montrer mon désespoir, les laisser plonger un regard dans les plaies qu’ils m’ont infligées, je ne supporterais pas leur pitié et leur bonhomie moqueuse, elles aussi me feraient hurler. Tout le monde me trouve prétentieuse quand je parle, ridicule quand je me tais, insolente quand je réponds, roublarde quand j’ai une bonne idée, paresseuse quand je suis fatiguée, égoïste quand je mange une bouchée de trop, bête, lâche, calculatrice, etc., etc. Toute la journée, je m’entends dire que je suis une gosse insupportable, et même si j’en ris et fais semblant de m’en moquer, çà me fait de la peine, et je voudrais demander à Dieu de me donner une autre nature qui ne provoquerait pas l’hostilité des gens. C’est impossible, ma nature m’a été donnée une fois pour toutes, et je ne saurais être mauvaise, je le sens. Je me donne beaucoup plus de mal pour satisfaire tout le monde qu’ils ne sont capables d’imaginer, j’essaie de garder un rire de façade parce que je ne veux pas leur montrer mes souffrances. Plus d’une fois, après des reproches sans fondement, j’ai lancé à la tête de maman : Je n’en ai rien à faire de ce que tu me dis, tu n’as qu’à plus t’occuper de moi, de toute façon, je suis un cas désespéré. Naturellement, je m’entendais répondre que j’étais insolente, on me boudait un peu pendant deux jours, puis on oubliait tout et on recommençait à me traiter comme les autres. Il m’est impossible d’être tout miel un jour et de leur cracher ma haine au visage le lendemain, je choisis plutôt le juste milieu, qui n’a rien de juste, je tais ce que je pense et j’essaie de les mépriser autant qu’ils me méprisent. Ah, si seulement j’en avais la force. Le 3 février 1944 : J’en suis arrivé au point où cela m’est à peu près égal de mourrir ou de rester en vie , le monde continuera de tourner sans moi et, de toute façon, je ne peux rien contre ces événements. Je laisse les choses se faire, mais si je suis sauvée, si j’échappe à l’anéantissement, je trouverais vraiment affreux que mon journal et mes contes soient perdus. Le 25 mars 1944 : « Oui, je ne veux pas, comme la plupart des gens, avoir vécu pour rien. Je veux être utile ou agréable aux gens qui vivent autour de moi et qui ne me connaissent pourtant pas, je veux continuer à vivre , même après ma mort ! Et c’est pourquoi je suis reconnaissante à Dieu de m’avoir donné à la naissance une possibilité de me développer et d’écrire, et donc d’exprimer tout ce qu’il y a en moi ! » Le 31 mars 1944 : Dieu ne m’a pas abandonnée et ne m’abandonnera pas. Le 15 juillet 1944 ( trois semaines avant son arrestation) : A part cela, j’ai un courage de vivre exceptionnel, je me sens toujours si forte et capable d’endurance, si libre et si jeune ! Quand j’en ai pris conscience, j’étais heureuse car je ne crois pas que je courberai vite la tête sous les coups que chacun doit subir. ( Sept mois après ces lignes, montrant sa détermination, sa foi, et sa volonté de résister au destin et de vivre, Anne ne sera plus ! morte avec Margot sa soeur, dans la déchéance et la misère physique la plus totale. )
Mais son souhait s’est réalisé, ainsi, après sa mort, cruelle et inutile, Anne Frank avait conquis le monde.
Deux petites fleurs, parmis tant d’autres, écrasées sans pitié par la machine nazi.
Les Franks, qui sont juifs et qui sont entrés dans la clandestinité pour échapper aux déportations vers les camps de la mort, sont dénoncés et arrêtés le 4 août 1944. Après leur déportation par les Allemands, Miep Gies (une amie protectrice) conserve le journal qu’a tenu Anne Frank durant les années passées dans la clandestinité. Au lendemain de la guerre, elle remet le journal au père d’Anne Frank, Otto Frank, le seul des huit clandestins à avoir survécu à l’holocauste :
« Je me suis levée, j’ai ouvert le tiroir de mon bureau, j’ai pris tous les journaux et les feuilles volantes et je les ai remis à monsieur Frank, en disant : voilà l’héritage de votre fille Anne. »
Anne Frank, traduite à travers le monde entier et lue par des millions de personnes, avait tenu son fameux journal alors qu’elle était entrée dans la clandestinité à Amsterdam pour échapper aux persécutions antijuives des nazis. Après avoir été trahie avec les sept autres clandestins, elle est morte broyée comme tant d’autres, par la machine nazi, dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, en Allemagne.
Un camp qui à ses débuts était « un bon camp » mais qui est très vite devenu le camp de l’horreur avec le recul des armées allemandes. Ainsi le décrivrait le juriste néerlandais Abd Herzberg, qui fut déporté de Westerbork à Bergen-Belsen au début de 1944 : Le sol du camp est aride, en hiver c’est la boue ou de la glace, en été du sable, de la poussière et du gravier. Pas un ver ne s’y faufile, pas un papillon n’y danse, pas une libellule n’y vole. Pas un moineau ne vient y chercher une graine, pas un oiseau ne songe à se poser sur un poteau ou une planche pour y pousser son « cui-cui ». Un assez bon camp cependant, même si on y a rapidement souffert de la faim. Les mauvais traitements y étaient relativement rares et les massacres systématiques inconnus. La plupart des baraques étaient mal construites, le vent s’y engouffrait et les traversait, les toits étaient percés, rendant des lits inutilisables et laissant des flaques d’eau sur le sol. En dépit de tous ces inconvénients, on échappait à la menace quotidienne de la mort. Et l’on pouvait se raccrocher à l’espoir d’un éventuel échange, dont dépendait l’autorisation d’émigrer en Palestine.
Son triomphe a pris des proportions inouïes. Aujourd’hui, le livre a été vendu à quelque quinze ou seize millions d’exemplaires. En 1955 une adaptation théâtrale fut réalisée aux Etats-Unis, suivie deux ans plus tard par une version cinématographique. La pièce comme le film furent des succés.
La maison où elle s’était réfugiée ( l’Annexe ) aujourd’hui la Maison d’Anne Frank, est l’un des musées les plus visités d’Amsterdam.
La chambre où vécu Anne, pendant plus de deux ans.
A lire absolument, les journaux d’Anne Frank, un témoignage émouvant de sincérité.
Le monument émouvant, de Marie Uchytilova. qui représente les 82 enfants assassinés par gaz d’échappement lors de leur transfert vers le camp d’extermination de Chelmno (Pologne).
Jeunes enfants écoliers, visitant le Mémorial de Lidice. Ce sont les mêmes qui ont été assassinés par les nazis.
NE PAS OUBLIER!
Commencée en 1989, elle mit 20 ans pour réaliser cette magnifique sculpture car elle utilisa les documents d’époque afin de reproduire au plus près du réel le visage des enfants disparus et de les représentés selon leur taille exacte.
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Lidice 10 juin 1942, Lezaky 24 juin 1942, deux villages sacrifiés.
Le 10 juin et 24 juin sont des dates mémorables dans l’histoire tchèque, des dates tragiques car c’est le 10 juin 1942 que les nazis ont rasé la petite commune de Lidice, au nord-ouest de Prague et le 24 juin celle de Lezaky à l’est de Prague.
Tous les hommes adultes âgés de plus de 15 ans seront exécutés.
Toutes les femmes seront mises dans un camp de concentration.
Les enfants «Convenables» seront placés dans des familles SS du Reich pour la germanisation,
ceux qui ne sont pas «convenable» seront tués.
Le village devait être détruit et la superficie nivelée.
Signé: Karl Herman Frank, le Secrétaire d’Etat Protectorat.
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Lidice 10 juin 1942 – Oradour sur Glane 10 juin 1944.
1942. Deux ans avant qu’ Ouradour-sur-Glane ne soit rayé de la carte de France, Lidice, petit village tchèque près de Prague est victime d’un massacre perpétré par les nazis suite à l’assassinat de Reinhard Heydrich, l’un des officiers SS les plus hauts gradés de l’époque…(« L’homme le plus brutal que j’aie jamais rencontré. » Amiral Wilhelm Canaris). Pour nous, français, Lidice ou 340 habitants furent victimes du massacre Nazi, fait écho à Ouradour sur Glane, village martyr où l’horreur fut aussi portée à son comble lorsque tous les habitants furent enfermés dans l’église pour y être brûlés vifs.
Rappelons qu’une autre petite commune tchèque, Lezaky, située à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Prague, a aussi été rasée, c’était le 24 juin 1942.
Pourquoi Lidice et Lezaky?
Une représaille à la suite de l’attentat contre le chef du Protectorat de Bohême et Moravie, l’Obergruppenführer SS, Reinhard Heydrich, et qui lui avait coûté la vie.
Le Reichsprotektor Reinhard Heydrich arrive à Prague en septembre 1941, pour s’emparer au bénéfice du Troisième Reich de la production tchèque d’armement, qui représentait un tiers du total de la production occupée. Pendant son court règne de la terreur, en l’espace de quelques semaines, 400 personnes sont exécutées et plusieurs milliers de personnes déportées.
Le 27 mai 1942, deux résistants envoyés par Londres, Jan Kubis, et Jozef Gabčík , un Tchèque et un Slovaque, lors d’une mission au nom de code: Opération anthropoïde, ont attaqué et mortellement blessé Heydrich qui circulait à bord de sa limousine, à la faveur d’un moment ou celui-ci avait ralenti pour négocier un virage, ils ont jeté une grenade le blessant mortellement.
Jan Kubis, et Jozef Gabčík
Heydrich a réussi à sortir de la voiture et a tirer sur ses assassins avant de s’effondrer dans la rue.
Heydrich a survécu pendant plusieurs jours, mais il est mort de ses blessures le 4 Juin, par empoisonnement du sang provoqué par des fragments de garniture automobile et de son propre uniforme, qui s’étaient logés dans sa rate.
Les nazis ont juré de se venger, ils ont ordonné l’exécution de dix mille Tchèques et menacé l’expulsion de millions d’autres.
Les deux Tchèques ont réussi à quitter les lieux pour se réfugier à Prague dans l’église orthodoxe Saint-Cyrille et Méthode.
Kubis, Gabcik et cinq autres parachutistes furent dénoncés et trahis par deux de leur propre équipe, le sergent Karel Curda et le Cpl. Vilem Gerik (la Gestapo avait offert une récompense de 10.000.000 couronnes d’information qui mènerait à l’arrestation des assassins, tous les deux seront exécutés en 1947, pour trahison), sont attaqués par un détachement SS de 800 hommes, dans l’église Saint-Cyrille et Méthode, où ils se cachaient. A l’issue de la bataille qui dura quatorze heures, à court de munitions, les parachutistes, Gabchik, Opalka, Kubis, Josef Bublik, Jan Hruby, Jaroslav Svarc et Valcik, se suicidèrent avec leurs dernières cartouches.
Les SS ont essayé de les gazer et de les noyer dans la crypte ou ils se cachaient .
Plaque commémorative à l’église Saint-Cyrille et Méthode.
Le jour ou la vie de ces gens simples bascula tragiquement.
A Lezaky, un village à l’est de Prague, où un émetteur radio a été découvert, chaque adulte a été tué. Les enfants ont été enlevés de force pour «rééducation» en Allemagne , un processus que seulement deux d’entre eux ont survécu.
A Lidice qui est un village de mineurs se trouvant à 20kms de Prague et composé de 102 maisons et de 495 habitants.
Prétextant l’obtention de preuves, le secrétaire d’État Dr Karl Frank a annoncé que les assassins avaient été parachutés dans Lidice par les Britanniques, preuves qui s’avéreront fallacieuses, (pour justifier le massacre, les habitants sont accusés d’avoir soutenu les auteurs de l’attentat. En réalité, les liens de ce village avec toute forme de résistance se résument à deux officiers enfuis à l’étranger qui en sont originaire et une lettre saisie dont le contenu, assez obscur, qui laisse penser que l’auteur a décidé de rejoindre la résistance).
Les nazis ne purent jamais savoir si il y avait eu un lien entre l’auteur de la lettre et les assassins de Reinhard Heydrich. Cependant, le 9 mai fut décidé l’encerclement de nuit du village de Lidice, par la milice allemande. Toute la population fut réveillée et emmenée de force sur la place de l’église.
Ensuite, ils ont enfermé les femmes et les enfants dans l’école du village puis les hommes dans les caves, les granges et les étables de la ferme Horak. Ils ont fouillé toutes les maisons, mais n’ont même pas trouvé un morceau de preuves incriminantes. Dans la ferme Horak, certains d’entre eux, savait qu’ils allaient mourir.
Le matin est venu – le matin du 10 Juin 1942 – le dernier jour dans la vie de Lidice.
Un peloton d’exécution, composé de 30 »Ordnungspolizei » était arrivé de Prague vers 3.30 h. Peu de temps après c’était l’aube, et ils allaient commencer leur forfait. Le SS « Hauptsturmführer » Weismann pour les encourager a exécuter leur horrible tâche, leur dit «C’est la volonté du Führer que vous êtes sur le point d’exécuter ». Ensuite, ils ont été avertis en vertu du péril de mort de ne pas révéler qu’ils avaient eux-mêmes déjà entendu parler de ce village.
Parmi ces bourreaux peut-être certains avaient une étincelle de pitié, mais aucun n’en donna signe.
Par dizaines, les hommes de plus de 15 ans du village, ont été conduits hors de la ferme Horak, direction le jardin derrière la grange. Ici, leurs bourreaux les attendaient. Les massacres se sont poursuivis par intermittence jusqu’à 16 heures moins quart, 173 hommes du village furent, par groupes de 10, tués par balle, 26 hommes survivants ont été brûlés vifs dans une grange. Le lendemain, 19 autres hommes qui revenaient de leur poste de nuit à la mine, avec 7 femmes, ont été envoyés à Prague, où ils ont également été abattus.
(Des matelats sont utilisés pour éviter le ricochet des balles.)
La ferme HORÁK. C’est par cette entrée que sont passé les hommes de Lidice avant leur exécution.
Les restes de la ferme Horak, aujourd’hui.
Le SS-Obergruppenführer Karl Hermann Frank est arrivé en grand uniforme, voir comment ses ordres avaient été exécutés.
Selon des témoignages reçus pendant son procès, quatre ans plus tard, il a exprimé le souhait que «le maïs devrait croître là où se tenait Lidice ».
Vidéo d’archives: Exécution de Karl Hermann Frank à Prague.
Autre destin, mais à certains égards plus horrible, s’est abattu sur les femmes et les enfants.
Les 195 femmes et jeunes filles parqués dans la salle de classe ont été déportées au camp de concentration de Ravensbrück, un camp de la mort. Là, 42 d’entre elles sont mortes de mauvais traitements, sept autres ont été gazées et trois portées disparus. Quatre de ces femmes, étaient des femmes enceintes, elles ont d’abord été envoyées à une maternité à Prague, où leurs enfants ont été assassinés. Deux ou trois autres femmes de Lidice eurent des enfants à Ravensbrück, ces enfants ont été assassinés presque immédiatement après leur naissance.
Après trois ans de traitements concentrationnaires, seulement une poignée de femmes de Lidice sont revenues.
Le destin des enfants de Lidice, est la partie la plus triste de la tragédie.
Les enfants ont été séparés de leur mère dans le gymnase du Lycée à Kladno, la ville voisine. Ensuite, les enfants ont été déplacés par train à Lodz, où ils vécurent pendant 3 semaines dans un camp de rassemblement et triés selon les critères d’appartenance à la race aryenne chère aux nazis. Des fonctionnaires de la Race Centrale choisirent des enfants au hasard pour être «germanisés» et envoyés en Allemagne pour être « rééduqués » par des familles sans enfant, et renommés avec des noms allemands.
Les plus âgés avaient moins de 15 ans, les filles étaient âgées de moins de 16 ans. Le 12 Juin leur destin a été décidé. Peu d’enfants avaient reçu secrètement une liste de correspondance, afin qu’ils puissent écrire à leurs parents. Ensuite il y a eu un ordre de mouvement vers le camp d’extermination de Chelmno.
Les petites victimes ont été emmenées dans un château où il leur a été dit qu’ils allaient poursuivre leur voyage, qu’ils devaient se déshabiller, afin qu’ils puissent prendre une douche avant le voyage. Ensuite, ces petits enfants ont été emmenés dans un camion qui a été spécialement modifié pour 80-90 personnes, où ils ont été tués par les gaz d’échappement en 8 minutes. C’est à ce moment que la trace des enfants de Lidice prend fin.
Le 10 Juin, un jour de réunion commémorative, l’une des femmes de Lidice, Anna Hroníková, tout de suite après la cérémonie, a demandé à la nation tout entière une seule chose: «S’il vous plaît, aidez-nous à trouver nos enfants ». Il n’y avait rien de connu sur leur destin.
Avec l’aide de Mme Hana Benešová, un groupe de deux membres de la police et deux mères de Lidice, sont allé à la recherche des traces des enfants. L’enquête a pris fin en mai 1947, lorsque le dernier enfant Václav Zelenka a été trouvé.
Des 105 enfants de LIDICE:
82 sont assassinés à Chelmno.
6 sont décédés à la maison enfantile (orphelina).
17 Sont revenus dans les restes de leur famille, dont 9 adoptés par des familles allemandes.
Sources: Pamatnik Lidice.
Cinq des enfants de 17 survivants de Lidice en 1947. De gauche à droite:
Vaclav Zelenka, Vera Vokatá, Doležalová Marie, Marie Hanfová, Václav Hanf ( retrouvée à Salzbourg ).
Vaclav Hanf,
« Josefína Napravilová, que je considère comme ma deuxième mère, m’a retrouvé, le 23 décembre 1945, soit le jour précédant le réveillon de Noël. »
Il ne suffisait pas de tuer et de disperser les gens, le village lui-même doit être effacé.
Alors que le massacre se poursuit dans La ferme HORÁK, le village a commencé à être incendié, et comme Lidice brule, une unité cinématographique allemande, photographie et film, chaque phase de l’effacement.
Le sourire au coin des lèvres, les SS sont ravis du spectacle.
Le 11 juin 1942, des camions transportant des Juifs en transit dans le ghetto de Theresienstadt, sont arrivés à Lidice et commencèrent le creusement d’une fosse commune pour les hommes exécutés la veille.
Le 12 Juin, dans un accès de haine, le village fut rasé complètement. Il disparut, les hommes du génie, avec des charges explosives, firent sauter les murs encore debout, puis avec des bulldozers, il effacèrent les traces de ruines, les pierres de construction furent enlevées, ils déracinèrent les arbres fruitiers, l’étang fut comblé, les voies d’accès et la rivière détournées, même le cimetière fut vidé de ses morts!
Les nazis voulaient faire un exemple en rasant définitivement Lidice de la carte et en le transformant en champ de céréales.
Le même endroit un an après la tragédie.
Ils voulaient envoyer un message clair et chargé de menaces aux Praguois tout proches et aux tchécoslovaques en général.
Lorsque, tout fut terminé, les SS ont mis en place une clôture de fil de fer barbelé autour de cette grande place avec un avis en tchèque et en allemand qui disait:
«Quiconque s’approche de cette clôture qui ne s’arrête pas en cas de contestation sera fusillé.»
Vidéo d’archives sur la destruction de Lidice.
Ou l’on voit des groupes d’officiers SS , étudiant les ruines avec leurs jumelles et plaisanter ensemble, comme le village s’effondre dans la fumée et des flammes.
Photos troublantes de Lidice avant le drame du 10 Juin 1942.
Liste des noms des enfants de Lidice:
Sources: HolocaustResearchProject.
Des survivants témoignent.
L’un des enfants kidnappés par les Allemands après la destruction par ces derniers de la ville tchécoslovaque de Lidice prête serment en tant que témoin dans le cadre du procès de la RuSHA.
Miloslava Kalibová est une des survivantes de Lidice, elle avait vingt ans au moment du massacre, elle ne pourra rentrer en Tchécoslovaquie qu’en juin 1945 : « Dans l’école où tous avaient été rassemblés, les nazis ont séparés les enfants de leurs mères. Nous avons été envoyées à Ravensbrück et pendant trois ans, nous n’avons rien su de Lidice. Nous avions l’espoir que certains enfants aient survécu, il était impossible pour nous qu’on ait pu leur faire du mal. Des recherches pour retrouver les survivants ont donc été lancées. »
Marie Šupíková. Elle avait 10 ans au moment de cet événement tragique. Après l’attaque de Lidice le 9 Juin 1942, toute sa famille a été arrêtée dans leur maison. Marie se retrouve avec d’autres femmes et enfants de Lidice dans le bâtiment du lycée de Kladno pendant trois jours. Puis elle a été mise dans un train en direction de la ville polonaise de Łódź, avec les autres enfants. A Lodz, elle a été choisie pour la rééducation et remise à une famille allemande. Elle est devenue Ingeborg Schiller, la fille d’une famille allemande vivant à Poznań et plus tard à la ville allemande de Boizenburg.
Marie Šupíková (née Doležalová, 1932):
70 ans plus tard, ses souvenirs sont encore vifs : « Pourquoi ai-je survécu, moi ? C’est l’ironie de l’histoire, d’une certaine façon. D’un côté, les Allemands m’ont pris ce que j’avais de plus précieux : mon foyer, ma famille. D’un autre côté, on doit être reconnaissant d’avoir survécu : ils m’ont choisie, considérant qu’il était possible de me germaniser. Ils avaient certains critères de sélection. Mais à ma connaissance ils choisissaient plutôt les blonds aux yeux bleus. Je n’ai jamais été blonde. Mais j’ai eu de la chance, j’ai survécu et ai pu rentrer chez moi. »
Son frère, Josef, n’a pas eu la même chance, il avait 15 ans au moment des faits, de sorte qu’il se trouvait en âge d’être passé par les armes. Il a été exécuté le 16 Juin 1942 à Prague-Kobylisy.
Marie Šupíková s’installera même, dans les années 1950, dans le nouveau village de Lidice, rebâti à côté du vaste espace vide laissé par les nazis.
Il y avait un étang derriére le moulin.
Lieu de jeux des enfants
C’est ici que le fils du meunier, Miloslav, était chez lui. Il n’est pas revenu.
Assèchement de l’étang.
Deux photos des classes de l’école, regroupant 71 des enfants de Lidice. Ces clichés historiques ont été pris le 2 juin 1942, huit jours avant la tragédie.
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Le bilan fut très lourd pour les habitants : 263 adultes tués, 198 femmes déportées à Ravensbrück et des 105 enfants, 82 morts gazés à Chelmno. Les nazis n’ont épargné aucun habitant : la plus âgée avait 88 ans et le plus jeune avait 2 mois.
Tout ce qui restait de Lidice était une grande tache brune, obscène et stérile au milieu des cultures.
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Une roseraie pour la mémoire,
des roses venues du monde entier.
Barnett Strosset, président de l’association « Lidice restera vivante », et député au parlement britannique, avait l’idée d’une roseraie sur ce lieu de mémoire. Grâce aux dons, d’une trentaine de pays du monde, environ 30 000 roses ont fleuri dans la roseraie, fondée en juin 1955, sur une surface d’environ 3 hectares, entre le village ancien et le nouveau, cette roseraie s’étend jusqu’à la tombe commune des hommes fusillés à Lidice.
Le nombre de morts résultant de l’effort de venger la mort de Heydrich est estimé à 1.300.
«Ce nombre inclut les proches des partisans, leurs sympathisants, les élites tchèques soupçonnés de déloyauté et de victimes au hasard comme ceux de Lidice.»
Les Nazis avaient voulu effacer le nom de Lidice, un formidable élan se propagea partout dans le monde pour maintenir le devoir de mémoire. Ainsi, Lidice a continué à vivre dans l’esprit des gens partout dans le monde. Plusieurs villages à travers la planète ont repris le nom de Lidice en mémoire de ce village, et beaucoup de femmes nées à cette époque ont reçu le nom de Lidice encore donné aujourd’hui.
Villes et villages
Saint Jerónimo – Lidice, DF Mexique . Lidice, Illinois, USA . Lidice, le Brésil. Lidice, Panama
Quartiers de la ville
Places, rues, monuments, parcs, écoles et associations
D’autres villages en Europe et ils sont nombreux, y compris des centaines de villages soviétiques (Khatyn), en Italie (Marzabotto), en France (Ouradour/Glane) pour ne citer que les plus connus, ont partagé le sort de Lidice,
L’oeuvre de Marie Uchytilova.
Sur le site de Lidice, un groupe de sculptures en bronze, rendant hommage aux enfants qui ont péri. Son édification a été décidée en 1969 par la femme sculpteur, Marie Uchytilova. Comme symbole d’un tombeau imaginaire des 13 millions de victimes les plus innocentes de la guerre – des enfants, elle a choisi pour modèle, 82 enfants de Lidice asphyxiés dans les chambres à gaz de Chelmno. Sans subvention quelconque, elle a travaillé, avec le sculpteur Jiri Vaclav Hampl, sur ces sculptures, dont un premier groupe de 29 enfants a été dévoilé en 1995. Pour pouvoir terminer les travaux, on a crée une fondation pour la réalisation du monument. Des contributions y ont été versées du monde entier.
Demeurez fermes, et les gens entendent le message enfants assassinés par la guerre! Et dépêchez-vous de dire aux autres que tout se joue sur le fil d’une araignée! Je le sais! Mais je ne peux rien faire d’autre, de statues d’enfants – mieux que je peux …….
(Du poème «Tant que le monde toujours la porte ouverte » sculpteur académique Marie Uchytilová 1987)
Le village détruit de Ležáky.
Si le village de Lidice, a été reconstruit à coté du village détruit, le village de Ležáky, lui, n’a jamais été reconstruit.
Aujourd’hui seulement des pavés en granit marquent au sol les fondations des neufs maisons démolies.
Un monument à la mémoire des victimes du nazisme a été érigé au milieu de ce village cimetière.
Soudain, de l’enfer, surgit une image d’Amour et de Paix.
Pour les Allemands dans l’enfer de Stalingrad, Noël 1942 sera un jour triste, empreint de mélancolie, mais sera fêté.
Déjà début décembre, les soldats assiégés préparent Noël, cette perspective accapare leurs esprits, ils veulent oublier la gravité de leur sort. Peut-être ce Noël sera- t-il leur dernier Noël de guerre, loin de chez eux.
Des provisions, bien modestes, se mettent de côté pour célébrer l’événement. Les ruines qui leur servent d’abris se décorent au mieux. Chacun prend à cœur de rendre ce cadre désolé plus chaud et digne de Noël. Evidemment, la fête familiale est dans toutes les pensées.
Au milieu des décorations, des sculptures, des peintures réalisées par des soldats, un dessin se détache et se remarque, il est réalisé au charbon de bois sur le recto d’une carte d’état major Russe.
La Madone dans le bunker.
L’auteur est le soldat Kurt Reuber, c’est un homme de foi, il est un pasteur luthérien engagé comme chirurgien dans la Wehrmacht.
Autoportrait du Dr. Reuber.
Il a dans un ovale, représenté une femme drapée dans un voile, serrant son enfant contre elle. Elle le protège et l’embrasse. Ce témoignage d’affection maternelle, évoquant la Vierge et Jésus, frappe tous ceux qui peuvent venir contempler le dessin éclairé par une faible bougie, rendant l’atmosphère encore plus poignant et tout ceci dans un bunker boueux. Les soldats qualifient ce tableau de « Madone de Stalingrad » et en font un symbole de paix en ces temps et lieux ou rôde la mort.
Kurt Reuber a encadré son dessin d’un message de l’Evangile de Saint-Jean:
» Licht, Leben, Liebe » (lumière, vie, amour) il a aussi ajouté : « Weihnachten im Kessel 1942″ ( Noël dans le chaudron 1942 ).
Un des derniers bléssés évacués du « Kessel » emportera la Madone de Stalingrad.
Elle devint célèbre en Allemagne peu après la guerre, lorsque les lettres et les dessins du Pasteur Reuber furent publiées. En 1983, la famille en fit don à l’église du souvenir à Berlin où elle se trouve toujours. Des copies ont été offertes aux cathédrales de Coventry (Angleterre) et Volgograd (ex-Stalingrad) en témoignage de réconciliation.
Kurt Reuber, était curé de Loshausen depuis 1930, avant d’être mobilisé en 1939 comme chirurgien.
Il est envoyé sur le front de l’Est en 1942. Farouche opposant aux thèses raciales des nazis, il cherche à entrer en contact amical avec les populations locales, principalement dessinant les portraits des russes qu’il était amené à rencontrer.
Lieutenant Nikolai Meroshenko a été blessé et capturé par les forces allemandes. Ensuite, il a été traité par Kurt Reuber et a servi de « Hiwi » et interprète pour les Allemands. Nikolai a été tué à Stalingrad le 23 Décembre 1942, alors qu’il ramassait du bois.
En Janvier 1943, il est capturé par l’armée rouge et interné au camp de Jelabuga (Tatarstan, à 1000 Kms au nord-est de Stalingrad) où il assumera les tâches de médecin et aumônier.
Il réalisera en 1943 une autre Vierge à l’Enfant, la Madone des prisonniers, plus désespérée, où la lumière caractérisant celle de 1942 est absente.
la Madone des prisonnier
Kurt Reuber mourut du typhus le 20 Janvier 1944, Il avait trente huit ans.
Sources : Fides et ratio. over-blog
Pierre Montagnon la bataille de Stalingrad
On estime à environ 50 millions le nombre des morts du second conflit mondial.
Quel sort a été réservé a ces deux enfants après la photographie?
Franchement, des monstres n’auraient pas pu faire pire.
POUR LA MEMOIRE DE DORA.
Dora était une petite fille Krymtchaks, qui habitait Simféropol en Crimée, elle avait quatre ans et demi, elle est morte assassinée par les Allemands.
Après avoir assassiné les Ashkénazes, et sur l’ordre de Himmler, les juifs Krymtchaks se sont présentés à la convocation, puis un camion les a emmené sur le site d’extermination, « au kilomètre onze », et ils ont tous été exécutés.
Dora a été embarquée avec deux autres membres de sa famille. Ceux qui ont échappé à la rafle ont supplié deux voisins de se rendre sur le site des exécutions pour essayer de négocier avec les Allemands la grâce de Dora. Quand les voisins sont arrivés au « kilomètre onze », les Allemands avaient dressé un barrage routier, seuls les camions remplis de Juifs étaient autorisés à passer. De l’autre côté du barrage, ils ont aperçu la petite Dora. Elle était nue dans le froid hivernal, elle suppliait ses bourreaux de lui rendre son manteau « Rendez-moi ma veste, je vous donne mes chaussures en échange!». Mais les Allemands ( et leurs auxiliaires de tous pays ) n’écoutaient pas les requêtes, Dora malgré ses suppliques a été fusillée.
Les Allemands ont tout pris dans la maison mais ils ont laissé les vêtements d’enfants nous explique sa demi-soeur, alors on a gardé les vêtements de Dora et, moi lorsque je suis née on m’a habillé avec. Voilà l’une de ses robes, la robe qu’elle portait avant d’être exécutée « c’est la robe de Dora, mettez-la dans un musée ». La robe de la petite Dora est l’un des éléments les plus poignants de cette Shoah par balles. Période pendant laquelle, ils ont exterminé les enfants et même les petits enfants.
Sources: livre » Porteur de mémoires » du Père Patrick Desbois.
À partir d’octobre 1945, le tribunal international de Nuremberg juge vingt-trois responsables nazis du génocide juif et en condamne douze à mort pour crimes contre la paix, crimes de guerre, manquement à la convention de Genève et crimes contre l’humanité. À Tokyo, vingt-cinq personnes sont également jugées (sept seront exécutées).
Sources images: pictureshistory.blogspot.com
Connaissez-vous la véritable histoire.
Célèbre tableau peint en 1819 par Théodore Géricault.
Ce chef d’oeuvre a une telle renommée qu’il a occulté le fait divers réel qui l’a inspiré.
Le 17 juin 1816, la frégate La Méduse vogue en direction du Sénégal, emmenant à son bord le colonel Julien Schmaltz, chargé d’une mission d’importance, désigné pour remplir avec le titre de “ Commandant pour le Roi ”, reprendre possession, avec les fonctions de gouverneur, des comptoirs ravis par l’Angleterre à la France sous l’Empire et rétrocédés par les traités de Paris de 1814 et 1815. A son bord, près de 400 passagers, hommes de bord, soldats et colons, dont le nouveau gouverneur Schmaltz et sa famille.
Frégate.
Un équipage hérité de l’ancienne marine Royale et Impériale.
Ce convoi est sous les ordres d’un commandant loyal à son roi, mais qui malheureusement n’a pas navigué depuis près de 22 ans, Duroy de Chaumareys, qui a quitté la France en 1790, comme bien d’autres. Son dernier commandement date de 1795, c’est un royaliste fidèle, mais mal-aimé de presque tous ses subalternes, composés en majorité de Bonapartiste. À son ignorance il joignait d’ailleurs un esprit léger et un égoïsme qui le fit manquer à tous ses devoirs. Il s’était fait accompagner d’un officier étranger à son état-major, un nommé de Richefort, dont il prenait conseil pour ne pas laisser paraître son inexpérience devant ses subordonnés, mais malheureusement cet officier lui-même était aussi présomptueux qu’incapable.
Cette expédition pour le Sénégal, se composait de quatre bâtiments :
- la frégate la Méduse, de 44 canons, commandée par M. de Chaumareys,
- la corvette l’Écho sous les ordres de M. Cornet de Venancourt,
- la gabarre la Loire, montée par M. Giquel-Destouches,
- le brick l’Argus sous les ordres de M. Parnajon.
Cet ensemble emportait environ quatre cents personnes, qui se répartirent sur les quatre navires, l’Etat-major de Schmaltz, avec des fonctionnaires, des techniciens, des passagers destinés à la colonie du Sénégal, des hommes de bord, et, enfin, deux cent quarante fantassins destinés à remplacer les troupes britanniques d’occupation dont, notamment, un tiers embarque sur la gabarre la Loire.
La première erreur du commandant de Chaumareys,
consiste à distancer la flottille à laquelle appartient La Méduse.
Partie de Rochefort ce 17 juin 1816 l’escadre ainsi formée n’allait pas tardé à s’égailler, le capitaine Duroy de Chaumareys, commandant la Méduse, incapable de résister aux demandes du futur gouverneur Schmaltz qui le pressait d’arriver à St. Louis du Sénégal, dans les délais les plus courts, se lassa de faire petite voile pour attendre les autres navires, les quitta et se dirigea seul avec toute la vitesse qu’il pouvait atteindre vers le but de l’expédition, laissant derrière lui les bâtiments les plus lents, l’Argus et la Loire, seul l’Echo était encore en vue, mais à une grande distance, le capitaine Duroy de Chaumareys manquant ainsi tout d’abord à un devoir important.( comportement qu’il devra expliquer lors de son procès.)
Seul un accident à bord de la Méduse permis à l’Echo de rejoindre la rapide frégate et de continuer la navigation à portée de voix, en effet, un jeune mousse de 15 ans, natif de Laval et qui s’appelait Jean Delaye, avait été projeté par la vitesse acquise et passé par dessus bord et ne fut pas retrouvé malgré les tentatives pour le sauver. Mais par la suite, les deux bateaux se perdirent très vite de vue à nouveau.
Le 28 juin, au matin, les passagers de la Méduse aperçoivent distinctement, les iles de Madère, de Porto-Santos et sur bâbord les iles Désertes.
Ils restèrent trois heures en vis à vis dans la baie de Funchal, mais ils ne touchèrent point terre, pour approvisionner en marchandise.
Le 29 juin, au soir, le pics de Ténériffe est en vue, le lendemain, le commandant décide de mettre à l’eau un canot pour aller à la ville de Sainte-Croix (Santa Cruz) s’approvisionner en fruits, filtres, jarres, vins précieux et toutes sortent de légumes. Vers midi, la corvette l’Echo, rejoint à nouveau la Méduse.
Le 1er juillet, les deux navires reconnaissaient le cap Bayados (actuellement la ville de Boujdour, Sahara Occidental et anciennement Cabo Bojador en portugais ) et comme de coutume, on fêta le passage du tropique du Cancer: Un passager de la Méduse, M. Corréard, nous dit : notre équipage se livra selon la coutume aux burlesques cérémonies du « baptême » et de la distribution des dragées du « bonhomme Tropique ». M. de Chaumareys cependant présidait cette farce avec une rare bonhomie, tandis que l’officier M. Richefort, qui avait capté sa confiance se promenait sur l’avant de la frégate et jetait un œil indifférent sur une côte toute hérissée de dangers. Mais pendant la cérémonie, la Méduse, suivie de l’Echos se rapproche de la terre, à la hauteur du cap Barbas vers 11H30, ils n’en sont plus qu’à cinq lieues.
La deuxième erreur du commandant, de Chaumareys,
se dispenser de la lecture des cartes maritimes.
Le Banc d’Arguin, est redouté par tous les marins, ce lieu est mal connu et mal localisé, c’est un haut fond d’une cinquantaine de kms de large et qui s’étend du cap Blanc au cap Mirick (Timiris, actuellement) parsemé de bancs de sable, qui longe le littoral mauritanien sur plus de 180kms et couvre une superficie d’environ 12000 km². Les instructions du ministre prescrivaient de reconnaître le cap Blanc, de naviguer à l’ouest vingt-deux lieues, direction le large et de revenir ensuite vers la terre avec les plus grandes précautions et la sonde à la main.
Banc d’Arguin, vaste îlot sableux au large de l’actuelle Mauritanie
C’est ce que firent les autres bâtiments de l’expédition, qui arrivèrent sans accident à Saint-Louis. Mais le commandant Chaumareys, dans la pensée d’arriver plus vite, prit la route du sud après avoir marché dix lieues seulement à l’ouest à partir du cap Blanc, qui fût reconnu très imparfaitement,( le cap blanc ayant été confondu avec de gros nuages .)
Des passagers: M. Picard, entre autre, qui connaissaient les dangers de ces côtes pour y avoir déjà touché le banc de sable, huit ans auparavant, commencèrent à s’alarmer, pensant que la route suivie rapprochait trop des parages du banc d’Arguin, mais leurs avis furent méprisés. On sondait de deux en deux heures en mettant en panne, et, comme on se croyait le matin du 2 juillet par plus de cent brasses d’eau, on mit le cap au sud-sud-est.
Pendant la nuit du 1 juillet, l’Echo, qui était sur le tribord de la Méduse, fit un nombre considérable de signaux lumineux avec des feux et des amorces, pour se signaler et avertir du danger, mais ses signaux ne furent pas pris en considération par l’officier de quart Reynaud, un témoin: <M. Savigny, qui était sur le pont et y passa une partie de la nuit, eut tout le loisir de remarquer la négligence de cet officier, qui ne prit même pas la peine de répondre à ces signaux.>. Alors l’Echo, voyant l’entêtement de la Méduse de garder son cap, prit la direction du large et disparut à la vue.
Le 2 juillet, vers midi, l’enseigne de quart M. Maudet, après avoir fait le point sur le gaillard arrière, juché sur une cage à poule, assurait qu’on se trouvait sur l’accore du banc, et il fit part de son observation à l’officier M.de Richefort, qui depuis plusieurs jours donnait des conseils au commandant sur la route à tenir: « Laissez donc, répondit celui-ci, nous sommes par les quatre-vingts brasses. »
Un passager, M. Corréard; « La couleur de l’eau était entièrement changée, des herbes nombreuses paraissaient le long du bord, et l’on prenait beaucoup de poisson. Tous ces faits prouvaient, à n’en pas douter, que nous étions sur un haut-fond ; la sonde annonça effectivement dix-huit brasses seulement. L’officier de quart fit tout de suite prévenir le commandant, qui ordonna de venir un peu plus au vent. Nous étions grand largue, les bonnettes à bâbord. On amena aussitôt ces voiles ; la sonde lut lancée de nouveau et donna six brasses. Le capitaine en fut prévenu ; en toute hâte, il ordonna de serrer le vent le plus possible ; mais il n’était malheureusement plus temps.»
« La frégate, en loffant, donna presque aussitôt un coup de talon ; elle courut encore un moment, en donna un second, enfin un troisième. Elle s’arrêta dans un endroit où la sonde ne donna que 5 mètres 60 centimètres d’eau, et c’était l’instant de la pleine mer. » “Nous touchons” ce cri répété avec effroi par les passagers, la peur se lisant sur les visages, tout le monde parut sur le pont, ¨même le commandant, qui selon les témoins “ne pouvait pas proférer une parole et était incapable de donner des ordres”. « Nous nous trouvâmes dans cette position fatale précisément à l’époque des fortes marées, temps qui nous était le plus défavorable, parce qu’elles allaient perdre et que nous touchâmes pendant que l’eau était le plus élevée. »
Le 2 juillet à trois heures un quart de l’après-midi.
La Méduse s’échoue brutalement, dans moins de cinq mètres d’eau.
Malgré:
1) les observations du notaire Picard qui connait bien la côte et qui est vertement renvoyé à son étude.
2) vers 11 heure les injonctions du timonier dont la compétence ne peut être remise en cause.
3) l’annonce par l’enseigne Maudet qui avertit que le bateau se dirige droit vers le banc d’Arguin, lui aussi vertement renvoyé
4) à 12h00, le point officiel indique sans conteste que le navire se trouve à la pointe ouest du banc de sable
A plusieurs reprises, l’équipage tente de la renflouer, mais ces manœuvres, prolongées durant deux jours entiers, restèrent infructueuses. Peine perdue. Une tempête se déchaîne, qui brise la quille et décide Chaumareys à abandonner la frégate.
Charles Marie Brédif; «On baisse toutes les voiles, le vaisseau cesse de labourer le fond de sable. Souvent élevé par la lame, il retombait sur le fond avec des secousses qui auraient causé promptement sa perte s’il n’avait pas été si bien construit. Au lieu de prendre de suite un parti quelconque on hésite toujours. Le chef étant mauvais, l’ensemble manquait. On perd beaucoup de temps. On met enfin toutes les embarcations à la mer pour tâcher de porter une ancre en arrière de la frégate, la mouiller à une certaine distance et au moyen de forts câbles, s’efforcer de reculer. Mais les courants très forts ne permirent de se servir que d’une petite ancre trop faible pour réussir. Les embarcations étaient trop faibles et l’équipage trop mauvais pour employer une des plus grosses ancres. On perdit ainsi toute la journée du 2 sans rien faire.»
La construction d’un radeau.
Le commandant réunit un conseil avec les officiers du bord, pour mettre en œuvre les moyens de sauver les quatre cents passagers et membres d’équipage, mais ils ne disposent que de six embarcations, c’est un nombre insuffisant pour les quatre cents personnes, le colonel Schmaltz, propose la construction d’un radeau pour palier à l’insuffisance des six embarcations, il en établit même les plans.
Dessin du radeau par le passager Alexandre_Corréard.
Le 3 juillet dans l’après-midi, la construction du radeau est mise en exécution. Le lieutenant Espiaux est chargé de surveiller la fabrication du radeau. Cette réalisation en est d’ailleurs très incomplète, car laissant de nombreux espaces entre les bois, qui provoqueront par la suite d’importantes blessures et même plus, parmi les gens à bord du radeau. Les travaux se poursuivront toute la nuit. La présence de menuisiers et charpentiers a été précieuse à l’exemple du maître charpentier Touche-Lavilette, qu’un nommé Brédif en fait les éloges.
D’autre part, on cherche a alléger la frégate en descendant sur le radeau presque terminé, la farine, les salaisons une partie du vin et de nombreux autres objets, mais on ne se résout pas a passer les canons par dessus bord, de peur, il est vrai, qu’ils éventrent la coque en tombant, ce qui aurait pourtant aidé a stabiliser le navire sur ses ancres et aidé peut-être a le remettre à flots.
«On voulut prendre les dispositions ordinaires pour dégager le bâtiment, après l’avoir allégé, on mouilla successivement des ancres dans différentes directions et on vira sur les grelins, mais ces manœuvres, prolongées durant deux jours entiers, restèrent infructueuses.»
Charles Marie Brédif: «Pendant tout ce temps, notre existence était des plus singulières, nous travaillions tous, soit aux pompes, soit au cabestan, pour rapprocher le vaisseau de ses ancres. Le plus grand désordre régnait. Les matelots cherchaient déjà à piller les malles. Il n’y avait plus de repas réglés, on mangeait ce qu’on pouvait attraper.»
Mais vers minuit, l’arrivée du mauvais temps, va anéantir tout espoir de remise à flots, par la marée montante, l’océan devient fort, la Méduse se couche sur le flanc de bâbord; « Les chocs de la frégate augmentent, note Brédif, elle crie fortement, on entend un coup très fort; c’est le gouvernail qui vient de rompre ». Cet événement répandit sur la frégate la plus sombre consternation.
L’eau pénètre dans la coque, la cale se remplit d’eau, la décision est prise d’évacuer la Méduse.
Le 4 juillet, au soir, le lieutenant Reynaud, se charge d’établir la liste des passagers des différentes embarcations.
Le 5 juillet, au matin la Méduse est évacuée.
Le 5 juillet, au matin, les moins chanceux, ils sont 152, ceux qui n’ont pas eu la chance de trouver une place sur les embarcations de sauvetage, s’entassent alors sur un radeau de vingt mètres sur sept, il y a même une femme, cantinière, qui accompagne son mari, certains refusent d’embarquer sur le radeau, mais la promesse faite par le colonel Schmaltz, du remorquage par les canots jusqu’à la terre, rassure les plus craintifs, les autres descendent que sous la menace d’armes des officiers, d’autres n’ayant pas trouvé de place préfèrent regagner la frégate.
Vers les sept heures du matin, on fait d’abord embarquer tous les soldats sur le radeau qui n’était pas entièrement achevé. Ces malheureux, entassés sur les morceaux de bois, ont de l’eau jusqu’à la ceinture.
« Le radeau était sans voile, on y avait placé une grande quantité de quarts de farine, cinq barriques de vin et deux pièces d’eau mais on avait oublié d’y mettre des biscuits. Aussitôt qu’il y eu cinquante hommes, le radeau s’enfonça de deux pieds, on fut obligé de jetter les quarts de farine pour faciliter l’embarquement des autres, on ne conserva que le vin et l’eau. Lorsque les 149 furent dessus, le radeau était enfoncé de trois pieds, on nous jeta du bord un sac de 25 livres de biscuits qui tomba à la mer, on le retira et, quoiqu’endommagé on le conserva»
Cependant le radeau est prêt a être remorqué vers les côtes africaines, à soixante kilomètres de là, par six canots et chaloupes eux-mêmes surchargés.
Ces cinq canots sont:
Le grand canot, doté de quatorze rames, commandé par le lieutenant Reynaud, à son bord, trente-huit passagers dont le colonel Schmaltz, avec sa famille, l’élève officier Barbotin, les commandants Poincignon et Richefort. Deux malles contenant les affaires du commandant et de sa famille, des armes, des provisions, soixante-dix bouteilles d’eau, dix-huit de vin, deux d’eau de vie, des biscuits.
Le canot major doté de quatorze rames également, commandé par Lapeyrière, à son bord quarante-deux passagers, parmi lesquelles neuf membres de la famille Picard.
Le canot du commandant de douze rames. à son bord, naturellement, le commandant Chaumareys (qui n’a pas attendu l’évacuation complète de son navire), l’enseigne Chaudière assure le pilotage, secondé par l’élève officier Sander Rang. Embarque vingt-huit matelots chargés de ramer.
Le canot dit «du Sénégal» dispose de seulement huit rames et une yole (embarcation légère). est commandé par Maudet, à son bord vingt-cinq passagers, dix-neuf personnes montent sur la Yole.
Une chaloupe en mauvais état, destinée à rester au Sénégal, qui prend l’eau et n’a pas de rame, mais on a vite confectionné deux voiles. Commandée par le lieutenant Espiaux, secondé par Poutier élève de la marine, il est prévu qu’il embarque quarante-cinq passagers, mais Espiaux, s’apercevant qu’il restait des passagers sur la Méduse, il retournera en prendre plus et organisera l’embarquement de soixante hommes et trois femmes, plus une barrique d’eau. la surcharge est effrayante.
Trouvant les canots et le radeau trop surchargés, dix-sept hommes préfèrent rester et attendre les secours sur la frégate, plusieurs étaient trop ivres pour songer à leur salut, ils sont décrits par d’Anglas, « dans une apathie complète et sourds à toutes invitations.» ( Nous connaissons malheureusement la suite, trois seulement survivront.)
La chaloupe n’a encore pas embarquée tous ses passagers, que déjà le canot du Sénégal, à sa suite le canot du commandant vont se positionner entête de la file qui remorque le radeau, Chaumareys aurait vu les autres canots incapables de tracter et dira lors de son procès: «je volais donc à son secours, je pressentais le désespoir des gens embarqués sur le radeau.»
Entre sept et huit heures du matin, une file s’est organisée pour tirer le radeau.
Vers neuf heures la chaloupe rejoint les quatre canots remorquant le radeau, trop chargée, avec ses quatre-vingt-huit passagers, demanda aux autres canots de la décharger, mais aucun des officiers des canots n’accepte de prendre de nouveaux passagers à son bord,
Le radeau est abandonné délibérément.
Le grand canot est au début le seul à remorquer le radeau, puis une demi-heure plus tard, le canot major vient se positionner en tête relié au grand canot par une amarre, à dix heures, le canot du Sénégal et celui du commandant viennent se placer en tête de la ligne , la Yole est seule et s’occupe de sonder, les quatre embarcations tirent le radeau jusqu’à onze heures.
La chaloupe toujours à la recherche de s’alléger de passagers, n’ayant pas de rame, dérive trop près du canot du Sénégal, et risque de heurter le cordage reliant la seconde embarcation à la troisième, Espiaux comprend que si sa chaloupe touche le câble, elle chavirera sans aucun doute. Maudet l’enseigne qui commande la seconde embarcation largue le noeud du cordage et la chaloupe sans dommage coupe la ligne de remorquage, cependant, la solidarité des embarcations est rompue en son milieu, le radeau n’est plus tiré que par le grand canot et le canot major.
A bord du canot major, on prend la décision de se sortir de la file: « notre canot était faible et s’ouvrant par l’arrière, on largua la remorque.» précise le pilote Boisrobert. Puis les témoins remarquent que le grand canot du colonel Schmaltz, lui aussi n’est plus rattaché au radeau.
Pour certains c’est l’amarre qui a rompu, pour d’autres elle a été volontairement détachée. Reynaud est plus claire: «Alors je restai seul, ayant cette énorme machine à mettre en mouvement.» ajoutant que les autres canots s’éloignaient: «Après avoir pris le conseil de Monsieur le gouverneur et de tous les officiers qui étaient dans mon canot, je fus obligé de de larguer la remorque.»
Pourtant, il était facile aux embarcations de manœuvrer pour reprendre leur place, mais la décision est prise de laisser le radeau à son triste destin.
Sander Rang, à bord du canot du commandant rapporte les propos tenus: « Lorsque nous fûmes approchés du grand canot, nous vîmes effectivement qu’il ne remorquait plus le radeau. Le commandant lui demanda quelle est votre manœuvre? On répondit la remorque vient de casser. Eh bien, ajouta le commandant, que faisons nous? On répondit, nous les abandonnons. Nous vîmes le grand canot et les autres bateaux faire route vers le sud-est, nous les suivîmes. » L’officier Maudet, sera le seul a réagir contre cette décision.
Ceci nous prouve que Chaumareys est incapable de prendre une décision et s’appuie sur les choix du colonel Schmalz.
Espiaux, sur la chaloupe, constate que les naufragés, ont monté un mât et une voile. Il est le dernier à avoir aperçu le radeau désormais livré à lui même.
Pour les passagers du radeau, c’est le début du cauchemar.
Lorsqu’ils se virent abandonnés la consternation fût extrême, tous se répendait en désespoir, qu’on eu beaucoup de peine à calmer. Ils sont cent-cinquante, debout, tassés les uns contre les autres, immergés dans l’ océan jusqu’à la ceinture, les officiers ont réussi à se placer au centre du radeau, seul endroit disposant d’un plancher,
Mais tous espèrent que les canots reviendront les chercher.
La fin commençait à se faire sentir, alors un peu de biscuit, mêlé à du vin, était le premier repas, malgré l’établissement d’un ordre par numéro, le biscuit mouillé était épuisé dés le premier jour.
La première nuit fût affreuse, la mer était forte, le vent fraichit, des passagers qui n’avaient pas le pied marin tombaient les uns sur les autres, et au matin une dizaine qui n’avaient pu se dégager les pieds et jambes des séparations des planches, avaient perdu la vie, d’autres avec la violence des vagues étaient passés par dessus bord, une vingtaine de personnes manquaient déjà.
La deuxième nuit n’est pas meilleure « le soir la mer redevient grosse», anéantis par la perspective d’une fin atroce, les uns s’invectivent, les autres se mutinent et en viennent aux mains, pour s’enivrer, une barrique de vin fut défoncée, ivres les hommes cherchent à détruire le radeau en coupant les attaches des bois. Alors la révolte gronde, les officiers tuent d’un coup de sabre, un homme qui les menaçait avec une hache.
Les officiers sont attaqués et se défendent, matent la rébellion à coups de sabre et d’arme à feu. Les plus vigoureux passent les plus faibles par-dessus bord, dans des eaux infestées de requins. «Après deux heures de massacre le plus affreux» nous dit Coudein, le calme revient, mais le radeau est couvert de morts et de mourants.
Le bilan est lourd, soixante-cinq soldats et matelots ont disparu, mais pas un seul officier ne manque, au total ils ne sont plus qu’uns soixantaine, mais deux barriques de vin et deux pièces d’eau sont perdues. Désormais ils n’auront qu’un demi litre de vin par personne.
On commence à manger de la chair humaine.
C’est au matin de la troisième journée, quarante huit heures après leur abandon, que les survivants se livrent au cannibalisme sur les cadavres qui jonchent le radeau.
Privés d’eau douce, réduits à la capture aléatoire de poissons-volants, la folie infiltre l’instinct de survie, les naufragés se mettent à ronger chapeaux, cordages et lacets de cuir, certains tentent de manger des baudriers de sabre, des gibernes, même du linge, pour combattre leur faim.
Le chirurgien, Savigny, nous explique: «Ceux que la mort avait épargnés dans la nuit désastreuse, se précipitèrent avidement sur les cadavres dont le radeau était couvert, les coupèrent par tranche et quelques-uns même les dévorèrent à l’instant. Cependant le plus grand nombre d’entre nous refusa d’y toucher, mais à la fin, cédant à un besoin plus pressant encore que la voix de l’humanité, nous ne vîmes dans cet affreux repas qu’un moyen déplorable de conservation et je proposais, je l’avoue, de faire sécher ces membres sanglants pour les rendre un peu plus supportables au gout.»
Le radeau s’étant allégé, les naufragés ne s’enfoncent plus dans l’eau, les plus faibles continuent à s’effondrer mort, au matin du quatrième jour une douzaine de corps sont jetés à l’océan: «Nous donnâmes à leurs cadavres la mer comme sépulture, n’en réservant qu’un seul destiné à nourrir ceux qui, la veille encore, avaient serré ses mains tremblantes, en lui jurant une amitié éternelle.»
Vers seize heures, la providence leur vient en aide, un banc de poissons volants passe sous le radeau et se laisse prendre dans les interstices des planches, ils en attrapèrent environ deux cents, avec un peu de poudre séchée au soleil, ils arrivèrent tant bien que mal, à faire cuire ces poissons, ils se régalèrent et reprirent des forces ce qui occasionna dans la nuit suivante de nouveaux affrontements.
L’ébriété et la déshydratation sont un cocktail terrible avec le soleil, impitoyable de ce mois de juillet. Le premier signal du combat fut donné par un espagnol qui tenait un couteau: « Il fallut de nouveau prendre les armes» et le bilan est lourd: «Bientôt le triste radeau fut jonché de cadavres et couvert d’un sang qui aurait du couler pour une autre cause et par d’autres mains.» nous explique le chirurgien, Savigny et l’ingénieur Corréard qui sont deux témoins.
Il y a tant de façons de mourir sur cet esquif.
Emporté par les vagues, noyé, étouffé, suicidé, sabré, déshydraté.
Au matin du cinquième jour, il ne reste plus que trente hommes sur le radeau, seulement une vingtaine tiennent encore debout, mais tous sont dans un état déplorable, en cause, les effets de l’eau salée sur les jambes, plongées dans la mer depuis cinq jours: « Nous étions couverts de contusions et de blessures, qui, irrités par l’eau salée, nous arrachaient à chaque instant des cris perçants.» Les rayons du soleil avaient provoqué des brulures au second degré, provoquant des plaies avivées par le sel marin.
La plupart des passagers sont blessés, ont perdus la raison et quelques-uns pouvaient encore espérer survivre quelques jours tout au plus. La seule chose dont il disposaient encore était le vin, mais la réserve diminuait dangereusement. Afin de se donner encore une chance de survie, les officiers décident de jeter à l’eau les blessés. Cette horrible besogne fut exécutée par trois matelots et un soldat, ils restèrent donc à quinze, pour éviter tout problème, ils décidèrent de jeter à la mer toutes les armes, excepté un sabre pouvant éventuellement servir comme outil à trancher.
Coudein raconte, que n’étant plus que quinze, ils démontent une partie du radeau et fabriquent une plateforme surélevée supportant une petite tente qui leur permet de se mettre enfin au sec. La peau de leurs jambes est altérée et attaquée par l’eau de mer, mais le fait de ne plus tremper dans l’eau de mer où il y avait absorption par la peau, accélère la déshydratation de leur corps et la soif maintenant se fait cruellement sentir et le soleil n’arrange pas leur situation. Il ne reste bientôt plus une goutte de vin et les rescapés en sont réduits à boire leur urine, ils la font refroidir dans des petits récipients en fer-blanc pour que le breuvage soit plus facile à consommer.
Le 17 juillet après treize jours de dérive, une voile apparaît à l’horizon.
C’est l’Argus qui est revenu en mission, non pas pour rechercher les naufragés, mais retrouver l’épave de la Méduse, car à bord de celle-ci est resté de l’approvisionnement et surtout des barils qui contiennent quatre-vingt mille francs propriétés du Roi.
Les quelques malheureux survivants, malgré tous leurs efforts pour attirer l’attention de l’équipage du navire, mais rien n’y fait, le navire s’éloigne, ils sont de nouveau abandonnés aux éléments, les quinze survivants n’ont plus qu’à attendre la mort qui ne tardera pas à venir.
Fort heureusement, le destin se montre clément pour une fois envers ces hommes désespérés, quelques heures plus tard le navire repasse dans les parages et cette fois, ils ont été remarqués par les hommes de bord, ils sont saufs. « Navire sur nous ! A ces mots, poursuit le capitaine Dupont, « tout le monde fut bientôt debout. Nous reconnûmes de suite que c’était le brick « l’Argus ». Il avait mis son pavillon blanc au mât de misaine pour nous le faire apercevoir et nous faire comprendre qu’il venait à notre secours. Notre premier mouvement fut de nous jeter tous à genoux pour remercier l’être tout puissant qui avait daigné jeter un regard de pitié sur nous ! Ensuite, nous nous jetâmes au cou les uns des autres et, à nous embrasser de plaisir, nous versions tous des larmes bien douces, c’étaient des larmes de joie ! Le brick mit en panne et nous envoya sa chaloupe, qui nous emporta en trois voyages à son bord. De cent cinquante, nous ne restions plus que quinze.» moribonds couverts de plaies et brûlés par le soleil. Cinq succomberont encore avant d’avoir regagné la côte.
« Nos membres étaient dépourvus d’épiderme, une profonde altération était peinte dans tous nos traits, nos yeux caves et presque farouches, nos longues barbes nous donnaient encore un air plus hideux, nous n’étions que les ombres de nous-mêmes. Nous trouvâmes a bord du brick de fort bon bouillon qu’on avait préparé, dès qu’on nous eut aperçus, on releva ainsi nos forces prêtes à s’éteindre, on nous prodigua les soins les plus généreux et les plus attentifs, nos blessures furent pansées, et le lendemain, plusieurs des plus malades commencèrent à se soulever ; cependant quelques-uns eurent beaucoup à souffrir, car ils furent mis dans l’entrepont du brick très-près de la cuisine, qui augmentait encore la chaleur presque insupportable dans ces contrées : le défaut de place dans un petit navire fut cause de cet inconvénient.»
Charles Marie Brédif à sa sœur Arétès: «Par le plus heureux des hasards, ce brick a rencontré le radeau au milieu de la mer, mais quelles affreuses nouvelles il a données ! 147 hommes qui étaient dessus étaient réduits à 15, tous blessés ; ils ont été de suite mis à bord du bâtiment. Je ne te peindrai pas comment ils ont été ainsi réduits : sache seulement que la révolte les a fait se massacrer entre eux, on jetait les hommes endormis à la mer ; les lames en ont emporté une bonne partie ; on trouva sur les cordes du radeau des lambeaux de chair humaine et des bouteilles d’urine pour le soutien de l’existence des 15 malheureux qui étaient tous en démence… Que d’horreurs… De quel poids ne doit pas être écrasé le malheureux capitaine qui s’est chargé d’un commandement dont il était indigne. Quelle honte pour ceux qui ont fait un pareil choix. Ce malheureux naufrage fera du bruit en France ; il ne peut manquer de s’en suivre un jugement.»
C’est à ce moment que l’on constatera que les rescapés se sont nourris de chair humaine, les cordages étayant le mât étaient remplis de morceaux de chair à sécher. Le radeau était parsemée de lambeaux de chair attestant sans nul doute leur origine.
Fait troublant sur les événements à bord, ceux qui ont survécu sont officiers ou notables, destinés à des fonctions précises dans la nouvelle colonie. Seul un soldat est encore vivant.
Les noms des survivants du radeau de la Méduse.
Il y a quatre officiers, un sous-officier et un soldat du bataillon du Sénégal; ils sont:
le capitaine Dupont, le lieutenant L’Heureux, les sous lieutenants, Lozach et Clairet, le sergent-major Charlot, le soldat Charles Jean, né à la Martinique.
Six autres réscapés viennent de l’équipage, ils sont :
l’aspirant Coudein, le chirurgien Savigny, le maître canonnier Courtade, le timonier Honoré Thomas, né à Surgère, un matelots Pierre Costa, originaire de Toulon, l’infirmier Nicolas François,
Trois civils, ils sont :
Alexandre Corréard, ingénieur, Valéry Tquche-Lavilette, charpentier, Griffon du Bellay, secrétaire du colonel Schmaltz.
Brédif, les décrit comme des ombres : «Les malheureux sauvés étaient presque tous fous. Ils craignaient qu’après tout ce qu’ils avaient fait, on ne voulût les fusiller».
Quatre d’entre eux meurent à l’hôpital peu après, ce sont : Lozach, Clairet, Charlot, Courtade.
Que devinrent les six embarcations qui avaient abandonné le radeau.
D’après la relation de MM. Corréard et Savigny
Les canots de M. de Chaumareys et du gouverneur arrivèrent à Saint-Louis sans avoir été exposés à aucun danger sérieux. La chaloupe arriva près de la côte, au nord du cap Mirick, après avoir touché plusieurs fois. Les passagers, souffrant cruellement de la soif, demandèrent à débarquer; on voulut les retenir en leur représentant les dangers qu’ils auraient à affronter dans le désert pendant une traversée de près de cent lieues pour arriver à Saint-Louis. Soixante-trois s’obstinèrent dans leur résolution et subirent d’horribles souffrances dans les sables brûlants. Les vivres et l’eau manquèrent pendant une grande partie de la route. Heureusement l’Argus aperçut la caravane et lui fournit des provisions. Elle rencontra une bande de Maures qui dépouillèrent les naufragés de leurs vêtements. Ce ne fut que le 30 juillet qu’elle entra à Saint-Louis, après avoir perdu six personnes.
La chaloupe, en reprenant le large, rencontra le plus petit canot et se chargea des quinze personnes qu’il portait, car il ne pouvait plus tenir contre la violence des vagues. Le canot major et le canot à huit avirons (Sénégal) rallièrent ; on navigua quelque temps de conserve, mais les trois embarcations firent côte le 8 juillet, et les passagers durent se réfugier à terre. La marche se fit avec ordre vers le Sénégal, sous la conduite des officiers, et le 11 juillet, on communiqua avec l’Argus, qui secourut cette caravane avant l’autre. Les indigènes vinrent vendre quelques provisions ; mais la route sur le sable échauffé par l’ardeur intolérable du soleil fut extrêmement fatigante. On arriva du moins au but dès le 12 au soir, et sans aucune perte d’hommes.
Ce fut le 26 juillet seulement qu’on songea à envoyer un navire vers la Méduse, à bord de laquelle on savait pourtant qu’un groupe d’hommes était resté. La goélette chargée de cette mission eut des vents contraires, et arriva près de la frégate échouée cinquante-deux jours après son abandon. On ne trouva plus que trois des dix-sept malheureux qui n’avaient pu s’embarquer dans la chaloupe. Dix jours avant, douze d’entre eux, voyant les vivres épuisés, avaient cherché à se sauver sur un petit radeau qu’ils avaient construit; mais, selon toute apparence, ils avaient péri. Deux étaient morts depuis. On transporta les survivants au Sénégal, où ils revinrent à la santé.
Le 13 septembre 1816, la publication du rapport du chirurgien Savigny dans Le Journal des Débats met le feu aux poudres. Avec un autre rescapé du radeau, l’ingénieur-géographe Corréard, il publie encore l’année suivante un récit complet du naufrage qui met en cause l’incurie de Chaumareys.
L’opinion publique découvre l’ampleur de la tragédie.
En mars 1817, Chaumareys est condamné à la dégradation et à trois ans de prison, et fut rayé de la liste des officiers de la marine, déclaré impropre à tout service . Il se retirera dans son château de Lachenaud, près de Bellac, (Haute-Vienne), chacun dans la région connait son histoire, on sait que, par son incompétence la Méduse, s’est échouée. On sait qu’il a abandonné son navire. On sait, qu’il n’a pris aucune mesure pour sauver les malheureux entassés sur le radeau. Désormais, a chaque fois qu’il sortira de son château, il sera accablé d’injures. Les enfants lui jetteront des pierres. Il finira par ne plus sortir de son château, il décèdera à soixante-dix-huit ans, le 23 novembre 1841, sa dépouille sera transférée par la suite dans la fosse commune.
L’incompétence et la lâcheté de l’ancien émigré, qui a dû son commandement à l’entremise de son oncle, ami du comte d’Artois, font grand bruit.
Des voix s’élèvent contre cette Restauration qui, par un décret de 1815, a réintégré dans le grade supérieur des officiers émigrés, vétérans de la marine d’Ancien Régime, au mépris de la jeune génération.
Le jeune Géricault se passionne pour l’affaire. Il se met au travail au début de 1818, en s’appuyant sur un solide travail documentaire incluant la rencontre des rescapés et de longues séances d’esquisses à la morgue de l’hôpital Beaujon. Un an plus tard, il expose au Salon sous le titre Scène de naufrage une toile fulgurante, haute de près de cinq mètres et longue de sept, la largeur même du radeau de la mort. Le succès est immense, malgré une critique et un public divisés, les royalistes dénigrent le tableau, les libéraux soutiennent Géricault. C’est finalement Louis XVIII lui-même qui tranche, d’un compliment sans ambages: «Monsieur, vous venez de faire là un naufrage qui n’en est pas un pour son auteur.».
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10 faits a savoir sur Khatyn.
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La tragédie de plusieurs centaines de villages biélorusses a affecté le sort de Khatyn, village qui a été incendié avec la population le 22 mars 1943.
·Même le mot Khatyn lui-même est devenu nominal.
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1.) Alors revanche pour le champion olympique:
Le 21 mars 1943, sur la route Logoisk-Pleschanitsa, des partisans tirent sur un convoi allemand du 118e bataillon de protection de la police. L’un des tués était Hauptmann Hans Wielke, le champion olympique de Berlin de 1936 que Hitler connaissait personnellement.
Le lendemain, inspectant le site de l’embuscade, les Allemands ont suivi les traces du village de Khatyn.
Un bataillon de police et l’unité d’Oscar Dirlivanger ont participé à une action punitive.
En effet, des partisans frappés par le froid, malgré l’interdiction du commandement de s’arrêter dans les colonies, ont passé la nuit dans la ville voisine de Khatyn. Voyant que les Allemands et la police encerclaient le village, ils pénétrèrent dans les bois. Les nazis ont tiré de très loin sur eux , mais en ont touché aucun . Il a donc été décidé de punir les habitants de Khatyn pour cette action partisane.
2.) 149 personnes dont 75 enfants:
sont mort à Khatyn. Il restait que des cendres du village, les bourreaux ont brûlé les 26 maisons. Les habitants ont été conduits à la grange de la ferme collective et puis incendiés. Ceux qui ont tenté de s’échapper de l’incendie ont été abattus.
Khatyn était un village catholique. C’est pourquoi les gens avaient des noms comme: Petrunel, Regina, Joseph…
3.) Cinq enfants ont survécu:
Trois d’entre eux – Volodya, 13 ans, Sonya Yaskevich, 9 ans, et Sacha Zhalabkovich, 13 ans, ont réussi à se cacher dans le village et ne sont pas parvenus à la grange, où leurs proches ont été brûlés. Après la guerre, ils ont grandi à l’orphelinat de la ville de Pleschanitsy.
Alexander (Sacha) Zhalabkovich a été diplômé de l’école militaire, a servi, et a pris sa retraite en tant que lieutenant-colonel. Il est décédé en 1994. Uladzimir (Sonya)Yaskevich a travaillé à l’usine automobile de Minsk et s’est retiré dans le village de Kazyry, voisin de Khatyn. Elle est décédée en 2008. » Ma sœur travaillait à la poste, est maintenant à la retraite et vit à Minsk. «
Deux autres enfants ont survécu dans la grange en feu , Viktar Zhalabkovich, 7 ans, et Antos Baranouski, 12 ans. Le petit Viktar était sous le corps de sa mère et n’a pas brûlé, et Antos a essayé de sauter hors du feu et a été blessé à la jambe. Les bourreaux le considéraient comme mort. Victor (Viktar) est devenu ingénieur en machine-outil, et n’a pas survécu à la pandémie covid. Anton est mort tragiquement en 1969 à Orenbourg, où il est allé travailler, dans le dortoir où il vivait, un incendie s’est déclaré la nuit.
Deux autres filles, Yulia Klimovich et Maria Fedorovich, ont rampé hors du feu et ont atteint la forêt. Ils ont été récupérés par des voisins du village de Khvorasteny. Mais peu de temps après, les nazis ont brûlé aussi le village avec les gens…
4.) Joseph Kaminsky:
La seule personne adulte qui a réussi à s’échapper était Joseph Kaminski, un forgeron du village de 56 ans. La version officielle dit que Kaminsky a repris conscience parmi les corps calcinés des autres villageois tard dans la soirée lorsque les bourreaux sont partis. Il existe une autre version, également exprimée par Kaminsky, la veille il a reçu l’ordre de la guérilla d’abattre un mouton et de le faire rôtir, il est allé dans les bois chercher des branches. C’est à ce moment-là, que les bourreaux sont entrés dans Khatyn. Quoi qu’il en soit, Kaminsky a perdu sa famille dans l’incendie, son fils de 15 ans, Adam, est décédé des suites de brûlures et de blessures.
Le monument du centre du mémorial de Khatyn, est une image de Kaminsky avec son fils dans ses bras.
Après la guerre, Kaminsky a vécu dans le village de Kazyry et s’est marié pour la deuxième fois. Décédé à l’âge de 86 ans.
5.) Le bourreau de Katyn a été considéré comme un vétéran pendant 30 ans.
L’opération à Khatyn était en fait commandée par Ryhor Vasyura, le chef d’état-major du 118e bataillon de protection de la police. Lieutenant supérieur de l’Armée rouge, il est fait prisonnier et transféré au service allemand. (Le 118e bataillon a été formé parmi les prisonniers de guerre soviétiques qui se sont retrouvés dans la bataille de Kiev.)
Khatyn n’est pas le seul village auquel Vasyura a participé à la destruction . À la fin de la guerre, il est passé de la police à la division SS Grenadier et s’est retiré avec elle en France. Après son retour en URSS, Vasyura a réussi à cacher des informations sur sa participation à des actions punitives, il a été condamné à une peine de prison pour captivité, mais en 1955, il a été amnistié. Pendant 30 ans, il a vécu dans la région de Kiev, il était considéré comme un ancien combattant. Il a été félicité chaque année par les pionniers le 9 mai, il s’est produit dans les écoles.
Vasyura: le destin du punisseur de Khatyn et Babi Yar
Il a peut-être réussi à cacher sa véritable biographie pour toujours, mais en 1985, Vasyura a demandé l’Ordre de la guerre patriotique. Lors de l’enregistrement des documents, les archives ont dû être examinées. Son passé dévoilé, Vasyura a été arrêté et condamné à mort.
6.) »Punitions »
L’incendie de Khatyn est devenu la base de l’histoire colossale « Punishments » d’Ales Adamovich (1979). Sous les noms changés des bourreaux, les vrais participants sont facilement reconnaissables – Vasyura, Mialeshka, le commandant du bataillon Körner. Basé sur les œuvres d’Adamovich, le réalisateur Elem Klimau a réalisé le film « Go and See ».
7.) Cloches de Khatyn
Jusqu’en 1964, un modeste obélisque se dressait à l’emplacement du village incendié. Plus tard, il y avait aussi une sculpture assez typique de « Mère triste ».
Le mémorial actuel a été inauguré en 1969.
Il a été créé par quatre artistes biélorusses : le sculpteur Sergei Selikhanov et les architectes Yuri Gradov, Valentin Zankovich et Leonid Levin. D’après leurs mémoires, l’idée de placer des cloches sur les piliers symbolisant les cheminées des maisons incendiées est née à Khatyn, lorsqu’une alouette chantait dans le silence silencieux.
Pendant de nombreuses années, le mémorial de Khatyn est devenu une triste carte de visite de la Biélorussie.
8.) Khatyn et Katyn
Certains chercheurs pensent que le choix de Khatyn comme lieu symbolique pour un mémorial dans tous les villages incendiés de Biélorussie était dû à la consonance du nom avec Katyn, l’endroit où, en 1940, le NKVD a abattu des prisonniers de guerre polonais. Le Daily Telegraph a écrit pour la première fois à ce sujet en 1974, lors d’une visite en URSS du président américain Richard Nixon et de sa visite à Khatyn.
9.) 433 localités
ont été détruites par les nazis avec les habitants comme otages et reconstruites après la guerre. 186 n’ont jamais récupéré.
10.) 36 millions de personnes:
Ont visité le Khatyn Memorial Complex pendant 49 ans.
… L’ancien cimetière de Khatyn a été préservé. Visitez-les lorsque vous êtes au mémorial. Là reste le peuple qui a accepté la mort d’un tel martyr.
Source: nashaniva.com