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Louis-Charles-Antoine Des Aix de Veygoux

 Parmi tous ces guerriers dans la fleur de leur âge,
Toi de qui la prudence égalait le courage,
Magnanime Desaix, que ce beau dévouement
Jette un durable éclat sur ton fatal moment !
Tout couvert de lauriers un seul regret te reste,
Un seul penser t’occupe : ô guerrier trop modeste !
De toi-même toi seul tu n’es point satisfait ;
Pour la postérité, tu crains d’avoir peu fait.
Desaix ! que ta grande ombre aujourd’hui se console !
Chez nos derniers neveux ta dernière parole
Retentira sans cesse, et de ton souvenir
Sans cesse entretiendra les siècles à venir.

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Ce site est dédié au général Desaix. 

 afin que son souvenir ne s’efface pas de la mémoire des français. 

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            (Desaix, le guerrier-philosophe)

Desaix, c’était l’homme du sacrifice, qui, pour lui, voulut toujours le devoir, et la gloire jamais, qui la donna aux autres, et même aux dépens de sa vie; un juste, un héros, un saint, l’irréprochable Desaix. (Michelet)

Quelle époque, en effet, plus féconde en héros que celle des guerres de notre première république, ou l’on voyait surgir, dans l’espace de quelques années, Desaix, Kléber, Marceau, Hoche, grands hommes par le talent et leur courage.

Parmi ces guerriers un héros attirait tous les regards. Ardent au combat, général consommé, quoique à peine sorti de l’enfance. Modeste et simple il fuyait les ovations et glorifiait son pays et son époque sans se douter de sa propre gloire. Desaix, ce jeune capitaine, officier à quinze ans, général de division à vingt-six ans, mort à Marengo à trente-deux ans.

Desaix s’était voué au chef qu’il admirait comme les chevaliers du Moyen-Age sacrifiaient tout à leur seigneur par idéal de conscience. Ce fut en Égypte de 1798 à 1800, que Desaix révéla ses remarquables talents et réalisa le rêve de sa vie.


D’une taille plutôt petite (mais Marmont, le décrit ainsi : sa taille était haute et élancée), avec son abondante chevelure noire, sa moustache touffue qui cachait des cicatrices de blessures de guerre, ses grands yeux gris, Desaix avait l’air triste, mais ferme et bon. Sa vie fut d’un fil tout aussi net que celui de son épée. Le devoir et le travail, telle fut sa conduite, se dévouer au service de la patrie, fut son ambition. Aucune ombre de cupidité, d’orgueil, de violence n’a terni l’image de ce grand militaire.

D’un caractère antique, il alliait à une bravoure une probité rigide et un désintéressement complet. Desaix se montre si généreux envers ses propres soldats et envers les vaincus qu’en Allemagne les paysans allemands l’appelaient  ¨le bon général¨, et aussi les Arabes pendant la campagne d’Egypte lui donnèrent le surnom de  ¨Sultan Juste¨.

Desaix était un sage. Sa sagesse venait de son instruction: ¨Il avait l’âme trop élevée pour suivre la route commune dans la carrière où le sort l’avait placé, excité par cette espèce d’instinct qui donne au génie l’activité dont il a besoin pour se développer, il éprouvait le désir de s’instruire, avant même de pouvoir en calculer les avantages ¨. Son nom est devenu le symbole de la générosité et du courage.

Desaix était-il républicain? Une chose est sûre, s’il n’était pas républicain de son vivant, il l’est devenu dans la postérité.

De Desaix, nous allons essayer de retracer en quelques lignes son existence si courte et bien remplie, ou l’on ne sait réellement qu’admirer le plus, du courage, du talent, du génie ou de la modestie du personnage.

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Publié dans:Desaix |on 16 décembre, 2008 |5 Commentaires »

Le personnage est un général bien modeste.

De lui nous savons qu’il n’était pas très grand, mais de constitution solide et robuste, il avait de longs cheveux noirs retenus par un simple lacet, le nez un peu busqué et un menton volontaire. Son visage était déjà couturé de cicatrices et son corps était raccommodé à la hâte par des chirurgiens de fortune.

Desaix en medaillon par Dutertre andré

Napoléon le décrit:   « de petite taille et d’extérieur peu prévenant » , mais Savary admire en lui : « ses traits beaux et réguliers, ses yeux respirants la mélancolie et sa pâleur habituelle attrayante ».Desaix sur un champ de bataille était une sorte d’angélique démon qui se transcendait jusque dans ses traits.

Ambert raconte:   « Sa taille semblait s’élever de cent coudées. Son front s’illuminait et son regard embrassait l’immensité du champ. D’une voix qu’on ne lui connaissait pas dans la vie ordinaire, il donnait ses ordres à chacun, sans trouble et sans paroles superflue . Electrisés à sa vue, les soldats redoublaient de valeur et pas un chef ne se fût permis une observation. Desaix se précipitait en avant de tous, étendant le bras droit, montrant l’ennemi, s’élevant sur ses étriers, faisant bondir son cheval. Ses longs cheveux flottaient au vent, sa cravate dénouée battait l’air et le petit homme studieux et savant devenait un géant qui dominait des milliers de soldats. Le soir, au bivouac, il semblait avoir tout oublié. »

 

Un général trés modeste.

Desaix avait une apparence vestimentaire négligée, son uniforme bleu si mal coupé était si étriqué qu’on le plaisantait sur « cette redingote de première communion »,  il ne portait ni dorure et broderie mentionnant son grade,  il était propre,  il se lavait chaque matin, ce qui était rare chez les hommes de la future Grande Armée.  Il partageait toutes les privations de ses hommes, il se nourrissait comme eux de soupe, de pain et d’eau. Il est dit, à ce propos, qu’un jour il fit distribuer aux hôpitaux des provisions de bouche qu’on lui avait destinées et qui étaient plus recherchées que celles réservées aux soldats.

 

Ce héros est en même temps profondément humain.

Ses lettres à sa sœur, si affectueuses et si tendres, témoignent de sa sollicitude infinie pour ses soldats. Il partage leur dénuement, mange le même pain noir, boit la même eau, réservant le vin et le pain blanc dont on lui fait présent pour les malades et les blessés. En pays ennemi, il respecte scrupuleusement les propriétés privées et verse au trésor l’argent qui lui tombe entre les mains. Cette vie si pure lui confère une autorité immense, un empire absolu sur les hommes.

 

Publié dans:Desaix |on 2 février, 2008 |Commentaires fermés

Son enfance en Auvergne

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Desaix se nommait: Louis Charles Antoine Desaix de Veygoux.

Il naquit le 17 août 1768, et a été baptisé le lendemain. Louis-Charles-Antoine des Aix, fils légitime de messire Gilbert-Antoine des Aix, chevalier, seigneur de Veygoux, et de dame Amable de Beaufranchet, son épouse, demeurant à Veygoux, paroisse de Charbonnières-les-Varennes, et accouchée au Château d’Ayat situé sur cette paroisse. (Saint Hilaire d’Ayat, actuellement Ayat sur Sioule, prés de Riom. Puy de Dôme).

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Il est le quatrième des cinq enfants du chevalier Gilbert Antoine des Aix de Veygoux et de son épouse née Amable de Beaufranchet.

Louis-Charles-Antoine a trois frères et une sœur:

- Amable (10/12/1759-1801) qui s’allia à Marie-Thérèse de Neuville de l’Arboulerie (1770-1824).

- Gaspard (1761-1764) mort en bas âge.

- Françoise (25/8/1764 – 20/10/1816) qui épousa François Beker (1770-1840), général de division en 1806, comte de l’Empire en 1807 et investi du redoutable honneur en 1815 d’accompagner l’empereur Napoléon de Malmaison à l’île d’Aix.

- Louis-Charles-Antoine, notre héros.

- Louis-Amable (7/6/1773-1835) marié à Marie-Anne-Adélaïde Farjon des Charmes. 

 Maison natale du général Desaix

Enfant, il est élevé au modeste manoir de Veygoux, situé dans la région de Riom prés du bourg de Charbonnière-les-Varennes. Une enfance peut-être pas dorée malgré la noblesse de la famille, mais une enfance heureuse. La famille était pauvre et vivait du maigre revenu de quelques terres. 

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( En 1474, son ancêtre paternel Jean des Ayes était écuyer, seigneur des Ayes, petit domaine sur la commune de Teilhet en Combrailles,  puis par le mariage, en 1623, d’Annet des Ayes avec Silvaine de Brosson, la lignée reçut le fief de Veygoux, situé dans la paroisse de Charbonnières-les-Varennes . Le manoir de Veygoux fut vendu en 1830, transformé en ferme, revendu et de nouveau transformé de telle sorte qu’il a perdu son visage d’antan. Le site reste charmant, un cirque, un ruisseau, des blocs de granit et de larges prairies, tel fut le cadre de l’enfance du général Desaix. Son grand-père Sylvain modifia l’orthographe du nom de « des Ayes » en « des Aix ». )

Le Manoir de Veygoux est actuellement un Musée.

Il était ardent à tous les jeux,un jour il fut l’objet d’une imprudence qui faillit avoir les suites les plus funestes ce qui calma son ardeur et mûrit sa raison. Lors d’une chasse qui avait été décidée au chateau voisin de Rochegude, notre jeune Louis se retrouva sans arme, mais brulait cependant du désir de faire ses débuts de chasseur, il découvre alors un vieux mouqueton usé par la rouille, s’en saisit et part chasser malgré l’opposition de sa mère et de sa soeur. Ne pouvant même pas faire jouer la détente de son fusil, il rentre donc humilié au milieu des railleries de ses compagnons. La gouvernante Marion accueille par un éclat de rire notre chasseur malheureux. « Que voulais-tu que je fisse, avec une arme pareille, lui dit-il, j’ai essayé vingt fois de faire feu sans succès. Tiens, vois, ajoute-t’il en l’ajustant. Au même instant le coup part et renverse notre chère Marion, heureusement la charge n’avait fait qu’effleurer le sommet de la tête. Il fut long à se pardonner son étourderie, et n’oublia jamais cet accident.

Evidemment le chevalier de Veygoux, était destiné à la carrière des armes. Mais c’était vers l’existence du marin, si pleine de périls et d’aventures, qu’il se sentait plus particulièrement attiré. Les circonstances en décidèrent autrement.

C’est à l’âge de huit ans, le 18 octobre 1776, qu’Antoine fut admis à l’école royale militaire d’Effiat, (un descendant du maréchal d’Effiat avait annexé à son chateau un collège, érigé par la suite en école royale militaire) dirigée par une congrégation d’oratoriens,  il y restera pendant sept ans, il en ressortira officier à l’âge de quinze ans. D’après une note se rapportant au second trimestre de l’année 1781, on voit qu’il avait le caractère boudeur, peu endurant et qu’il travaillait sans réflexion et avec peu d’application, on lui reprochait surtout d’être capricieux et distrait.

 

Effiat, le 26 juin 1781

Madame,
Vous n’aurez pas lieu d’être merveilleusement contente du présent que vous fait aujourd’hui monsieur votre fils. À l’exception de deux articles qui sont assez bons, tout le reste ne vaut pas grand chose. Et puis le caractère ne change pas trop en bien. Il est toujours sujet à l’emportement et à un peu d’aigreur. On a encore à faire d’autres reproches sur l’inapplication. Vous sentez, madame, qu’il n’est pas fort agréable pour moi d’avoir un pareil compte à rendre, mais je vous dois la vérité plus exacte, comme je vous prie de croire aux sentiments de respect avec lequel je suis, madame, votre très humble serviteur.

 Rivette. 

 

– Taille : 4 pieds, 4 pouces, 6 lignes (1,42 m).
– Constitution : assez forte.
– Santé : très bonne.
– Caractère : boudeur et peu endurant.
– Conduite : très médiocre.
– Lecture et écriture : peu d’application.
– Langues latine et française : il travaille sans réflexion.
– Géographie et histoire : bien, mais sans efforts.
– Dessin : léger et capricieux.
– Allemand : il fait des progrès.
– Religion : distrait en général .

Le bulletin et la lettre du préfet Rivette sont accompagnés par quelques mots de la main de l’écolier repentant:  «Je vous envoie ma note, qui ne vous contentera peut-être pas, je fais mes efforts pour le faire.
Je suis dans la joie et dans la tristesse. Je ne sais si je ne verrai pas des Aix cette année, je le souhaite beaucoup, si j’ai ce bonheur, il calmera toutes mes douleurs. Il est parti la semaine dernière deux de mes camarades pour aller dans la marine, j’envie leur sort.
Adieu Maman, tous ceux de votre connaissance vous font bien des compliments. Le père Rivette m’a chargé de vous offrir ses respects.
Je suis votre très humble fils». 

            Le chevalier des Aix. .

Ce bulletin, n’est qu’un accident de parcours dans le cursus de Desaix. Il n’est pas le reflet de la réalité et le jeune Desaix réagira très vite et bien à cet avertissement. Du reste, la suite de ses études montre qu’il reçoit cette même année de 1781 des couronnes et des éloges publics pour le premier semestre en langue allemande.   

L’école militaire Royale d’Effiat   

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 Reconstitution de la façade de l’école royale militaire d’Effiat au temps de Desaix. (Source: Olivier Paradis, chargé de cours à l’Université d’Auvergne)

 

À Effiat, chaque heure du jour est parfaitement planifiée :

5 h 30 : lever, prière, toilette.
6 h 00 : récréation (étude ou arts).
7 h 00 : messe.
7 h 45 : déjeuner rapide.
8 h 00 : début des cours comprenant la religion, le latin, le français, l’histoire et la géographie.
12 h 00 : dîner des deux pelotons les plus jeunes et récréation pour les autres.
13 h 00 : dîner des deux pelotons de grands et récréation pour les autres.
14 h 00 : reprise des cours, avec des périodes de trois quarts d’heure : mathématiques, sciences, langues étrangères, arts et devoirs.
16 h 30 : goûter frugal (gros morceau de pain frais et un fruit) puis reprise des cours.
18 h 00 : fin de la journée de cours, étude surveillée.
20 h 00 : souper.
20 h 30 : récréation.
21 h 30 : prière et coucher.

Ces horaires sont presque immuables, avec pour exception les journées d’exercices publics ou de réception (de l’inspecteur, de Mesdames de France ou du comte de Provence), mais aussi les dimanches, journées de repos et de promenades, et la demi-journée de congé du mercredi après-midi.

A Effiat, les punitions corporelles n’existent pas et la punition la plus courante consiste en amendes prises sur les menus plaisirs. Les malpropres ou négligents étaient frappés d’une amende très minime, prélevée sur le prêt de la semaine.   

 

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L’école militaire Royale d’Effiat, existe encore de nos jours, là le jeune Desaix avec quatre-vingts autres enfants (dont le futur Amiral Villeneuve, oui! celui de Trafalgar) de la noblesse et aussi de bourgeoisie aisée sont éduqués, afin d’accéder un jour aux commandements. 

 En Août de l’année 1783, le contrat écolier est rempli, et sans que rien ne laisse présager son destin singulier, maintenant il va faire son temps dans l’armée jusqu’au grade de capitaine et à l’attribution de la croix de Saint-Louis qui fera de lui un vétéran confirmé.

(Ref: Olivier Paradis.   Desaix, le collégien d’Effiat)

Publié dans:Desaix |on 2 février, 2008 |6 Commentaires »

L’aventure commence.

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Pour le jeune Louis, l’aventure commence. 

À la sortie d’Effiat, il présente comme beaucoup de ses camarades qui ne sont pas élèves du roi, une demande d’entrée dans le corps des officiers, après avoir obtenu de Chérin (généalogiste du roi) un certificat de noblesse le 3 octobre 1783.

Effectivement le 18 octobre 1783, l’aventure de Louis Desaix commence, en effet le Comte de Grillon, colonel du régiment de Bretagne, le proposa pour un emploi de sous-lieutenant en 3ème dans son régiment, sans appointements, dans la 1ère compagnie du régiment d’infanterie de Bretagne. A Grenoble puis Briançon, ou il fut envoyé en garnison, il se retrouva au milieu d’un corps d’officiers remarquables. Tous ceux qui en faisaient partie avaient des idées philosophiques très avancées et Desaix, le chevalier de Veygoux, comme on l’appelait alors s’était laissé facilement gagner aux idées nouvelles.

Il entendait parler de constitutions, de droits des peuples, d’émancipation de l’être humain, des idées qui toutes lui ouvraient des horizons nouveaux, mais sympathiques à son coeur. C’est qu’en effet, les opinions nouvelles commençaient à se faire jour et Desaix comme Kléber, Marceau, Hoche et bien d’autres généraux de la république, fut un ardent patriote et embrassa fortement la cause de la révolution.

Quand il venait en congé à Veygoux, sa famille ne le reconnaissait plus et il se trouva plusieurs fois en désaccord avec sa mère et son frère sur des questions politique. 

 L'aventure commence. dans Desaix 1

 

Un vrai républicain.

Son régiment ayant été envoyé à Strasbourg, et étant attaché comme aide de camp à la personne du colonel Dumas, il accompagna ce dernier à Landau, où il retrouva son frère aîné. Celui-ci voulut le persuader d’émigrer, mais il refusa et resta le seul de sa famille à défendre la France contre les ennemis. Il rentra à Huningue, dans son ancien régiment devenu le 46ème de ligne.

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Presque tous les militaires de sa famille avaient émigré, leur conduite semblait condamner la sienne, sa mère et sa soeur lui témoignaient de la froideur dans leurs lettres et ne lui épargnaient pas les reproches, mais il ne céda pas, dans ses convictions.

Après sa nomination le 9 janvier 1792, à Clermont-Ferrand comme commissaire ordinaire des guerres, il subit un des plus rudes assauts de sa vie. En effet, quand il parut à Veygoux, sa mère envisageait avec douleur la marche des événements:

j’avais cru lui dit-elle, que vous auriez suivi vos frères!

Maman, répondit-il, pouvais-je me séparer de mon régiment, quand tous les officiers y sont démeurés.

- Votre refus d’émigrer, ajouta-t-elle, vous portera malheur, et fera rejaillir une honte éternelle sur votre famille. il ne vous reste plus qu’à venir garder nos troupeaux, pendant que vos frères combattront pour la défense du trône.

De si sévères remarques pénétrèrent Desaix de douleur, et déjà il se sentait ébranlé. Mais quand il apprit, qu’on tenait note des dates d’émigration, et quand il fut menacé par une de ses parentes, comme c’était alors à la mode, de l’envoi d’une « quenouille ».

Alors ses convictions furent un instant ébranlées, mais il sut résister, sa réponse fut sans appel non jamais je n’émigrerai, je ne veux pas servir contre mon pays! je veux demeurer et avancer dans l’armée.

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Publié dans:Desaix |on 2 février, 2008 |2 Commentaires »

Correspondance avec sa soeur

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 Ce qui m’a singulièrement intéressé, ému même, dans cette partie de la vie de Desaix, c’est la correspondance qu’il entretint avec sa sœur.

 

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Au quartier général de Reicbstett, 21 brumaire an II de la République (11 novembre 1793)..

 .C’est depuis longtemps, charmante petite sœur, que je n’ai reçu de tes nouvelles , j’en suis bien désolé, j’aime bien à savoir ce qui t’arrive, je désirerais, à toutes les minutes, apprendre que tu es gaie, que tu danses et que tu es contente, mais point du tout, malgré mon impatience les courriers ne m’apportent rien, je m’en attriste. Je suis resté, il est vrai, quelques jours sans écrire à maman, mais je ne le pouvais dans la retraite que nous avons faite, le poste de l’armée s’était retiré fort loin , j’étais accablé d’ouvrage, je n’avais pas le temps d’écrire, ni le moyen d’envoyer des lettres. Je craignais bien que vous ne fussiez inquiètes de moi,  je sais combien vous m’êtes toutes attachées, et combien vous désirez qu’il ne m’arrive pas de malheurs. Je t’assure que vous avez bien tort de vous tourmenter si fort,  je vais toujours très-bien,  ma santé est bonne, ma blessure est entièrement guérie, je n’en attends plus que quelques autres, pourvu qu’elles soient glorieuses et utiles à mon pays. Que j’aurai de plaisir, charmante petite sœur, de te présenter mes cicatrices glorieuses , de te raconter mes souffrances et mon courage! Tu me couvriras de tes baisers, de tes caresses, et je serai dans l’enchantement , ce sera ma récompense la plus agréable. Aime-moi bien, charmante petite sœur,  tu sais que nous sommes destinés à passer notre vie ensemble, à en adoucir les maux, ainsi pense à moi et souvent.  Quand la guerre terrible et effroyable qui ravage  et dévaste, qui sépare les amis , sera enfin terminée,  simple, ignoré, paisible, content d’avoir contribué à rétablir la paix et à repousser les cruels ennemis, les barbares étrangers qui veulent nous faire la loi, je viendrai près de toi et nous ne nous séparerons plus,  nous adoucirons la vieillesse de la bonne maman ,nous chercherons à la rendre heureuse,  je soupire bien après ce moment.
Je ne crois pas avoir le plaisir de t’embrasser cette année encore , l’hiver approche et la campagne ne finit pas,  elle est bien dure. Plains nos malheureux volontaires couchés à terre , dans la boue jusqu’aux genoux , et fatigués d’un service pénible et continuel. Plains-moi aussi, charmante petite sœur, je suis élevé à un grade difficile et pénible , que je n’ai accepté qu’avec le plus grand regret. Je suis général de division et commande l’avant-garde , c’est bien de l’ouvrage pour ton frère, que tu sais très  jeune encore et pas très-expérimenté. J’espère que la fortune m’aidera , qu’elle me sourira , et qu’avec un zèle sans bornes, bien de la bravoure,  je réussirai à faire triompher les armes de la république,  tu ne saurais croire combien j’en ai le désir. Si la victoire me couronnait , j’en déposerais les couronnes entre les mains de maman, comme autrefois je lui donnais celles de lierre que me méritait mon assiduité au collége. Je lui suis bien attaché à cette bonne maman,  je l’aime au delà de ce qu’on peut dire. Que je voudrais la savoir contente et heureuse!  Je suis bien désolé de voir , au milieu de mes richesses, avec les riches appartements qu’on m’a donnés, que je ne puisse pas réunir une somme un peu considérable pour l’aider,  elle ne m’a pas encore dit qu’elle en eût besoin. Je crains qu’elle ne me le cache. Tu sais bien que tu as toujours été la confidente de mon cœur, que je n’ai jamais rien eu de caché pour toi,  eh bien!  dis-moi, avez-vous besoin de
quelque chose?  Parle vite, je serai trop heureux de me priver pour vous offrir tout ce que je possède.  Si je n’avais pas eu du malheur pour mes chevaux, j’aurais pu payer mes dettes , mais , malheureusement , ils sont hors de prix. Qu’il m’en faudrait beaucoup, et que j’en ai peu !  Le joli cheval qui m’avait rendu des services réels, qui avait été blessé d’un coup de sabre, et que j’aimais beaucoup, est devenu aveugle, pour le remplacer , il faut deux mille livres. Tu sais combien cela se trouve peu facilement, cependant mes économies me les procureront. Mais, je t’en conjure, dis si maman est à court d’argent, j’ai quelques assignats de mes économies, je lui en ferai parvenir. Si je la savais dans le besoin, je serais au désespoir, je serais bien loin du bonheur.  Adieu, charmante petite sœur , aime-moi bien , pense à ton frère, etc. 

Signé : DESAIX..

 

Desaix avait vingt-cinq ans et était général de division, lorsqu’il écrivait ces pages charmantes, où éclatent, avec une grande sensibilité, tant de naturel, et cet amour de la gloire, qui permet d’accomplir de grandes choses.

 Les feux de l’aurore, ne sont pas si doux que les premiers rayons de la gloire. (Vauvenargues)

.Desaix, avait été touché de ces premiers rayons! 

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Publié dans:Desaix |on 2 février, 2008 |Commentaires fermés

Les conquêtes féminines de notre héros.

        

                 

Un homme discret et surtout très pudique.

Sur ses conquêtes féminines nous savons pas grand chose, il est vrai que son existence de soldat au combat l’aurait amené naturellement à chercher quelque repos auprès des femmes à soldats. 

Mais ce n’est pas ternir la mémoire de Desaix que d’avancer qu’il n’était pas insensible aux charmes féminin. Dans un document, son carnet de voyage, qui est déposé aux Archives de la guerre, les sentiments que les femmes lui inspirèrent se révèlent assez naïvement. 

En Alsace, et particulièrement à Strasbourg, où il séjourna longtemps, de son aveu même, il sut inspirer de nombreuses amitiés féminines.

Jour après jour, il note, en même temps que ses remarques militaires, en même temps que les détails recueillis sur les uns et les autres, les caractéristiques des femmes qu’il a rencontrées. Et la nature de ces notes prouve que Desaix ne les regardait pas seulement en esthète.

Sur Mde. Le Long, de Marseille, il écrit : « Cheveux blonds, dents avancées; jeune, joli sourire.»

 Ailleurs, il marque : « Mde. P…, grosse, belle gorge tremblante, beau teint, belle femme, figure un peu longue.  Mde.D. . . très jolie, jeune, agréable tournure, jolis yeux, belle poitrine, beau teint.»

 A Trévise, « bains, musique chez une jolie et belle femme agréable, beaux yeux noirs, d’une jolie physionomie, menton long, mais rond, poitrine sèche, taille mince, un peu voûtée.»

 Le 1 4 prairial an VI,
il écrivait à une dame de Colmar:  « Il est dans mon caractère de chercher à procurer quelque agrément aux dames.»

Au lendemain du passage du Rhin, lorsqu’il fut blessé, il donne à sa sœur de ses nouvelles, et ne manque pas de lui faire cette remarque:  « J’ai beaucoup de visites, quelquefois de femmes très aimables, j’ai mangé au moins cinquante pois de confiture, ainsi tu vois que je ne suis pas à plaindre.»

L’aventure à laquelle il fut mêlé entre 1796 et 1800 n’est donc pas pour surprendre.

Subitement une dame apparait dans sa vie, Louise Crivelli née à Noyon en 1776 et veuve d’un officier, le capitaine Labordène de Montfort, qu’avait connu Desaix avant la révolution.

(Louise FERERY, se faisant appeler Crivelli, nom d’un premier mari. Dans son acte de naissance elle est identifiée comme fille légitime du citoyen « Louis-Alexandre-Auguste de Végouse La Border », commandant de l’artillerie légère, natif de Clermont département du Mont d’Or).

 Cette charmante dame vivant en Alsace et dont il a été écrit qu’elle fut sa maîtresse pendant son séjour à Strasbourg. Ils logeaient dans le même hotel, rue du Vieux-Marché à Vin, leur rencontre était plus sensuelle que sentimentale mais le 16 mars 1797 la belle met un monde une fille, Hortense-Marie-Rosine-Caroline. Toutefois des inexactitudes flagrantes dans l’acte de naissance du 16 mars 1797 à Poussay (Vosges) conduisent à douter de cette supposition. En effet, la nommée Louise crivelli entretenait alors plusieurs liaisons et semble avoir eu l’idée géniale de déclarer le père de l’enfant sous plusieurs noms afin de compromettre celui qui était alors commandant de l’armée du Rhin. On ne sait qui est le père, mais il est certain que neuf mois avant cette naissance Desaix était en pleine offensive sur le Rhin. Mais bon garçon, il accepte de régler les frais de nourrice. 


Un argument essentiel s’oppose à cette paternitée,

Dans la lettre du 11 juillet 1800 à Madame Desaix, Savary, aide de camp et homme de confiance de Desaix, a écrit: La veille de sa mort il me dit: « Si je venais à mourir à la guerre, vous feriez deux parts égales de ma fortune, l’une pour ma soeur, l’autre pour ma mère. Que rien ne vous fasse changer cette disposition, vous manqueriez à ma mémoire« . Quand on sait le sens de l’honneur et du devoir qui l’animait, on ne peut douter qu’il eût laissé quelque chose à Hortense si elle avait été sa fille.

Voir l’article: Desaix, était-il le père d’Hortense? 

Et puis, il y a Victoire qui est née du second mariage de sa célèbre tante Morphise, avec le sieur Le Normand de Flageac. Les deux jeunes gens ne semblent point se déplairent comme le montrent les lettres que Desaix lui écrira d’Egypte et même d’Italie, ou il rappellera les doux moments passés à Soizy auprès d’elle. Il entretiendra une correspondance régulière avec Victoire jusqu’à la fin de sa courte vie.

(Mariée, aprés la mort de Desaix, à un certain Mesnard de Chouzy dont elle deviendra rapidement veuve, elle convolera en seconde noces avec son cousin Le Normand de Tournehem à qui elle donnera plusieurs enfants.) 

Dans une lettre à Victoire, il lui parlera des ses amours en Egypte;

« Je vous dirai un mot de mes amours. J’ai aimé la jeune Astiza, gentille Géorgienne, belle comme Vénus, blonde et douce. Elle avait quatorze ans, deux boutons de rose, elle m’appartenait de succession comme souverain du pays, son maître étant mort. Je pouvais la vendre six mille livres. Je l’ai donnée, je la craignais. J’ai reçu en présent Sarah, Abysienne folâtre, gaie, âgée de quinze ans, elle était la compagne de mes voyages. J’ai possédé Mara, naïve enfant du Tigre. J’avais encore Fatma, grande, belle, bien formée, bien malheureuse. Imaginez qu’au milieu de mon sérail, témoin de mes plaisirs, de mes jouissances, de mes voluptés, elle ne pouvait les partager. Voilà tout ce qui composait mon sérail. Accompagnez-le de trois négresses, vous connaissez tout mon ménage. Joignez à cela un petit nègre, Baquil, un petit mamelouk, Ismaël, beau comme un ange, vous avez la composition de ma maison. »

 

Publié dans:Desaix |on 2 février, 2008 |Commentaires fermés

Un héros à l’antique.

 

Desaix l’antique. 

Il n’y a pas d’autre explication que celle de monsieur Jean Marc Pommeyrol, que je vais reprendre et je trouve extrêmement pertinente et juste.

Desaix était de petite noblesse ancienne et enracinée, jeune il parcourait à pied la campagne avec son collège d’oratoriens de Riom. Il était d’une intrépidité inouïe, il avait une intelligence hors du commun, qu’il a mis au service de ses qualités de stratège qui ont servi de modèle. Il était d’une opiniâtreté exemplaire, dur à la souffrance, il est mort au front tout général qu’il était.

Il était un héros à l’antique.  Comment expliquer cela ?

Car depuis la Renaissance les collèges catholiques enseignaient les auteurs « païens » et le général Desaix a été pétri d’admiration pour les héros antiques. Il a été formaté par les vies illustres de Plutarque et d’Horace. Et la Révolution venue, il a vécu l’idéal de sa jeunesse, intérieurement et il a cru le vivre historiquement et politiquement.

Tout modéré qu’était son caractère, quelle que fût sa modestie et sa douceur, il était plus qu’un autre capable d’illusion, il croyait volontiers à la sincérité des discours, à la supériorité d’intelligence des orateurs, son imagination se complaisait à tout ce qui lui semblait noble, généreux, désintéressé, les pensées de vaillance et de gloire remplissaient son âme sans la troubler par l’exaltation. Hormis pour accomplir son devoir, il vivait peu dans la réalité.

Que penser de ce qu’il écrivait à sa mère;

« Ma mère, ma tendre mère, mon sang vient de couler mais je m’en réjouis puisqu’il sert à vous rendre la liberté ».

 

Car les révolutions sont faites par des personnages qui manipulent de vrais héros, qui eux les rendent possibles. En effet ceux ci mettent à disposition, de bonne foi, leurs qualités naturelles mais surtout les qualités spécifiques qui résultaient des valeurs de la Patrie, tellement innées qu’ils en ont perdu conscience. Puis aveuglés par l’idéalisme, ils ne voient pas qu’ils établissent malgré eux, le règne de l’adversaire au moyen des qualités héritées de quinze siècles de Foi, de travail, de courage, de loyauté, de fidélité, de devoir, contre leurs familles, contre leur nation, contre l’humanité.

Un héros à l'antique. dans Desaix Desaix-en-medaillon-par-Dutertre-andré-289x300

En résumé, Desaix a servi de paillasson à la république…

 

Publié dans:Desaix |on 2 février, 2008 |Commentaires fermés

Journal de voyage en Suisse et Italie

 

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 Desaix avait coutume de noter ses impressions de voyage dans des cahiers dont la plupart sont perdus, c’est ainsi qu’il raconta son excursion de 1797.

Durant l’été, tandis qu’il traversait les cantons Suisse et visitait le nord de l’Italie, il tint un journal ou Desaix y retraça son voyage, de sa fine et presque illisible écriture il griffonne rapidement ses impressions.

 

Le journal disponible sur le lien ci-dessous.

Journal de voyage du général Desaix : Suisse et Italie (1797)  

 

 

 

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