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L’expédition d’Egypte.

 

Il a suffit d’une tournée dans les ports français pour convaincre Bonaparte de l’impossibilité d’une invasion de l’Angleterre. Si l’on ne pouvait frapper directement l’Angleterre en raison de sa supériorité maritime, l’idée de porter la guerre sur le plan économique se fit jour. Fallait-il frapper l’Angleterre en Orient, profiter du déclin de l’Empire ottoman pour précipiter son démenbrement et couper la route des Indes, la route de la prospérité de cette perfide Albion. Il restait a engager les Thermidoriens dans la voie du Proche-Orient.

Tout n’a pas été dit sur le rêve oriental de Bonaparte!

 En réalité, l’idée de l’expédition d’Egypte lui fut soufflée par Talleyrand, elle relève plus de calculs politiques que du conflit avec l’Angleterre. Bonaparte avait, le 16 août 1797,  évoqué dans une lettre au Directoire, l’idée que « pour détruire véritablement l’Angleterre, il faut nous emparer de l’Egypte ». Talleyrand répondit, le 23 septembre  » Quant à l’Egypte, vos idées à cet égard sont grandes. Je me borne à vous dire  aujourd’hui que, si l’on en faisait la conquête, ce devrait être, pour la Porte, pour déjouer les intrigues russes et anglaises qui se renouvellent si souvent dans ce malheureux pays. Un si grand service rendu aux Turcs les engagerait aisément à nous y laisser toute la prépondérance et les avantages commerciaux. L’Egypte, comme colonie, remplacerait bientôt les Antilles et, comme chemin, nous donnerait le commerce des Indes. » 

 L’ expedition d’Egypte n’avait donc pour but, que de renforcer l’autorité du sultan sur une province qu’il abandonnerait ensuite à la France, laquelle en ferait une colonie productrice de canne à sucre et d’autres produits exotiques.

Ainsi présentée, cette expédition paraissait moins absurde.

Talleyrand croyait-il en son succès, malgré les dangers qui restaient grands?  Talleyrand devait aller expliquer au sultan les raisons de cette conquête, mais il se garda bien de se rendre à Constantinople.

Désastreuse sur le plan diplomatique par la faute de Talleyrand, l’expédition fut une catastrophe militaire, malgré la brillante victoire des Pyramides.

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 A Paris, le Directoire décide, début 1798, d’envahir la Confédération suisse, alliée séculaire de la France, afin de financer la future expédition d’Orient avec le trésor de Berne. Une campagne de promotion bien conduite permet à Bonaparte, récemment nommé membre de l’Institut, de rassembler une pléiade de jeunes scientifiques, ingénieurs, artistes et humanistes issus des écoles d’État, notamment Polytechnique nouvellement établie.

Bien préparée, cette expédition emmenait avec elle;   54000 hommes commandés par les meilleurs chefs, Berthier, Caffarelli, Dommartin, Kléber, Desaix, Bon, Menou, Dumas, et aussi les meilleurs généraux d’Italie, Murat, Lannes, Davout, Marmont, Duroc, Bessières, Friand, Belliard, suivaient 21 mathématiciens, 13 naturalistes et géographes, 17 ingénieurs, 3 astronomes, 4 architectes, 8 dessinateurs, 10 mécaniciens, des imprimeurs, un pianiste, un peintre, un poète, des savants et chirurgiens, artistes, etc… Monge, Berthollet, Fourrier, Geoffroy Saint-Hilaire, Vivant Denon, Dolomieu, Desgenettes, Larey. 

L’impossible armada.

La marine française est en piteux état et la majorité des officiers de marine ont émigré. On parvient tout de même à rassembler dans le Golfe de Gênes au printemps 1798 sous le commandement de l’amiral Brueys d’Aigailliers. En tout 194 navires et 19.000 hommes.

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 La flotte est sous le commandement du vice-amiral Brueys, assisté de cinq contre-amiraux dont le bientôt célèbre Villeneuve. Bonaparte prend place à bord de « l’Orient », navire amiral, commandé par le capitaine de vaisseau Luce de Casabianca .

Bonaparte partit de Toulon le 19 mai 1798, malgré la vigilance de l’amiral Nelson, l’expédition rallie les petits corps expéditionnaires d’Italie. Le 26 mai 1798, Louis Charles Antoine Desaix quitte Cività-Vecchia et avec soixante navires, rejoint Bonaparte à Malte pour tenter l’aventure égyptienne, Desaix, contribua à la prise de Malte enlevée au passage, car les chevaliers de l’ordre sont maintenant devenus des corsaires chrétiens, ennemis de la révolution française.

Prise de Malte. juin 1798

Prise de Malte. juin 1798

Le mirage Oriental.

Le 1 juillet, l’escadre arrive en vue des cotes d’Egypte, ne pouvant débarquer devant Alexandrie, le débarquement eut lieu sur la plage du Marabout à quelques kilomètres d’Alexandrie.  

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Une attaque eut lieu au petit matin, Kléber y fut blessé. La place se rendit le jour même. Bonaparte organisa immédiatement la conquête, donna l’ordre a la flotte de s’abriter de Nelson dans la rade d’Aboukir. Ces mesures prises, l’armée le 6 juillet, se dirigea avec 30000 hommes, à travers le désert en direction du Caire, Desaix en composait l’avant-garde, le corps de bataille suivait à quelques lieues de distance. La nouvelle du débarquement étant parvenue au Caire, un bey le 5 au soir avec 600 Mameluks, se dirigea dans cette direction et arriva le 10 à Damahour au moment où la division Desaix se mettait en route. A la vue de l’ennemie Desaix fit prendre les distance de peloton et continua son chemin, la cavalerie ennemie côtoyait ses flancs. Soudain les Mameluks chargèrent, Desaix alors commanda : Par peloton à droite et à gauche en bataille, feu de rangs !  Quel étonnement des Mameluks, un épouvantable feu de mitraille leur portait la mort dans toutes les directions, plusieurs moururent sur les baïonnettes, alors ils s’éloignèrent surpris hors de portée du canon. Desaix lui rompit son carré et continua sa route, ayant perdu dans ce combat que quatre hommes. Mais attention nos soldats allaient avoir à faire surtout à de la cavalerie et il faut l’avouer, à une cavalerie incomparable.

Ce n’était pas la seule difficulté qu’ils allaient rencontrer, des ennemis redoutables et inconnus de nos troupes, la différence du climat, les privations de cette terre aride et brûlée.

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Les soldats, qui vont à pied tandis que leur général caracole à cheval ou à dos de chameau, endurent pendant trois semaines des souffrances épouvantables. Non préparés au soleil et aux mirages, ils doivent au surplus répliquer aux attaques surprises des cavaliers mamelouks..

 Des témoignages navrants.

Un témoignage :  « Quand les soldats se virent engagés dans cette plaine sans bornes, avec un sable mouvant sous les pieds, un ciel brûlant sur la tête, point d’eau, point d’ombre, n’ayant pour reposer leurs yeux que les rares bouquets de palmiers, ne voyant que de légères troupes de cavaliers arabes, qui paraissaient et disparaissaient à l’horizon et quelquefois se cachaient derrière les dunes de sable pour égorger les traînards, ils furent remplis de tristesse. Cependant, après de cruelles souffrances, supportées d’abord avec humeur, puis gaieté et courage, on arriva sur les bords du Nil le 10 juillet 1798, après une marche de quatre jours. A la vue du Nil, de cette eau si désirée, les soldats si précipitèrent et en se baignant dans les flots oublièrent toutes leurs fatigues.« 

Une lettre de Desaix à Bonaparte :  « Je suis désolé, d’être obligé de vous parler sur le ton de l’inquiétude. Quand nous serons sortis de cette horrible situation, j’espère trouver moi-même tout ce qu’il me faut et ne jamais plus vous tourmenter. Si l’armée ne traverse pas le désert à la vitesse de l’éclair, elle périra ! Elle ne trouvera pas de quoi désaltérer mille hommes. La plus part des eaux sont dans des citernes qui, une fois vidées, ne se remplissent plus. Les villages sont des huttes entièrement sans ressource. De grâce, mon général, ne me laissez pas dans cette situation. La troupe se décourage et murmure. Faites-nous avancer ou reculer à toutes jambes. »

La bataille des Pyramides.

Mourad-Bey, partit le 7 du Caire avec trois mille mamelouks deux mille hommes à pied et une flotte d’une soixantaine de bâtiments, il espérait arriver à temps à Damahour, pour soutenir son avant-garde, mais arrivé trop tard, il se retrancha à Chobrakhit.Le 12 l’armée française campa au village de Minieh, elle pris les armes le 13 à une heure du matin, afin d’empêcher à l’ennemi de finir ses retranchements. A huit heures nos troupes étaient face de Mourad-Bey, l’armée française se rangea en bataille, Desaix formait la droite, il rangea sa division en un seul carré. Enfin les Turcs se décidèrent à charger, mais ils furent repoussés, les lignes françaises restèrent inébranlables. Après une sérieuse canonnade venant du Nil par la flottille française, nos troupes manoeuvrèrent et mis en déroute l’ennemi, qui avait échoué devant nos carrés. Tel fut le combat de Chobrakhit. On s’achemina alors vers le Caire, pour livrer la bataille décisive.

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La bataille des Pyramides.

Le 21 juillet nous étions devant le Caire, Mourad-Bey y avait réuni environ dix mille mameluks et un nombre double de fellahs, dans une grande plaine en vue de la ville et des pyramides de Giseh. L’armée française était partagée en cinq divisions, Desaix commandait la droite vers le désert. Chaque division était formée en carré sur six rangs, l’artillerie était aux angles, les généraux au centre. Nous connaissons la suite, ce fut une grande victoire et là encore, Desaix s’y couvrit de gloire, et Mourad-Bey, est en fuite pour la haute Egypte.

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Bonaparte rentre au Caire.

Bonaparte est surpris de la facilité avec laquelle il a triomphé, maintenant le Caire est à lui. Aussi, la plus part des cheiks d’Egypte viennent se soumettre à ces généraux si jeunes et simplement vêtus.  

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L’Amiral Nelson frappe à Aboukir.

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Le 1er août 1798, Nelson surprend la flotte de l’amiral Brueys dans la baie d’Aboukir, alors qu’une partie de ses équipages est à terre. Les deux escadres se livrent à une canonnade acharnée d’une quinzaine d’heures, entrecoupée de brèves accalmies. Vers vingt deux heures, le navire amiral français l’Orient, armé par un équipage d’un millier d’hommes, explose comme une grenade, provoquant de graves dégâts collatéraux à d’autres bâtiments français. Avec l’Orient sont également perdus tous les trésors pris à Malte. Nelson détruit la flotte française, à l’exception de la division du contre-amiral de Villeneuve la plus éloignée du point initial de l’attaque. Mettant à la voile et sacrifiant ses ancres, Villeneuve parvient à gagner la haute mer où les Anglais, très éprouvés aussi de leur côté, ne le poursuivront pas.

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L’amiral Brueys, blessé dès le début, puis à moitié coupé en deux par un boulet, meurt à son poste de combat.Les pertes humaines sont trois fois plus importantes côté français, où l’on déplore plus de trois mille tués et blessés.

La conquête de haute Egypte.

Après la bataille des Pyramides, Bonaparte, s’occupa d’organiser le pays et Desaix reçut la mission de la conquête de la haute Egypte sur Mourad-Bey. L’expédition de Desaix était à la fois une opération militaire et un voyage scientifique de grands intérêts, et personne n’était plus digne de diriger une pareille mission. Au seul nom de Thébès, de Coptos, de Philoe, son coeur palpitait d’impatience. Il partit le 28 août avec quatre ou cinq mille hommes et une flottille qui lui assurerait la supériorité sur le Nil et les canaux. Mais il fallait attendre que les eaux du Nil fussent assez hautes pour la navigation. Pendant ce laps de temps Mourad-Bey, avait reconstitué une armée considérable. Le 8 octobre, Mourad-Bey, l’attend à Sédiman, mais là encore Desaix et ses généraux en tête, le détruise après de violents combats, Mourad, reprend sa retraite vers le sud.Le 22 janvier 1799, nouvelle rencontre de Desaix et Mourad, à Samhoud ou Desaix le défait encore, Mourad abandonne ses troupes et rejoint l’armée Turque en Palestine.Début mars, Desaix atteint Assouan, à 800 kms du CaireDesaix, mis cinq mois pour conquérir la haute Egypte, le 2 février, il était maître de Syène. Cinq autres mois pour réprimer les insurrections et asseoir ses conquêtes. Et là, il se montre humain et amical tant et si bien que les Egyptiens le surnommeront le Sultan Juste

Le Sultan Juste.

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 « À Miniel-Guidi, pendant que nous attendions assis à l’ombre, on amena au général Desaix un criminel. On criait, c’est un voleur, il a volé des fusils aux volontaires, on l’a pris sur le fait, et nous vîmes un enfant de douze ans, beau comme un ange, blessé au bras d’un coup de sabre, il regardait sa blessure sans émotion, il se présenta d’un air naïf et confiant au général, qu’il reconnut aussitôt pour son juge. On lui demanda qui lui avait dit de voler ces fusils: personne; qui l’avait porté à ce vol: il ne savait pas; s’il avait des parents: une mère, bien pauvre et aveugle; le général lui dit que s’il avouait qui l’avait envoyé, on ne lui ferait rien; que s’il s’obstinait à se taire, il allait être puni comme il le méritait: Je vous l’ai dit, personne ne m’a envoyé, Dieu seul m’a inspiré; puis mettant son bonnet aux pieds du général: Voilà ma tête, faites-la couper! Pauvre petit malheureux ! dit le général; qu’on le renvoie. Le jeune garçon vit que son arrêt était prononcé, il regarda Desaix et partit avec le sourire de la confiance, un sourire dû à l’indulgence de Desaix.».

Excellent travail de Desaix.

Napoléon fait l’éloge de son ami:  « Desaix c’est le talent naturel accru par l’éducation et le travail. Il ne respire que l’ambition noble d’entreprendre et de réussir, c’est un caractère tout-à-fait antique ».

Toute l’Egypte haute ou base est aux mains de nos armées. 

Des Victoires !

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Victoire d’El Arish.

Tandis que Desaix, pacifiait la haute Egypte « hiver 1798/1799. »   Bonaparte, avait appris la déclaration de guerre de la Turquie et qu’une armée de cinquante mille hommes arrive de Syrie pour l’attaquer, il décide de se porter à sa rencontre. Le 9 février, à El Arish, l’avant-garde de Reynier se heurte à mille deux cent fantassins et six cent cavaliers qui s’appuient sur un château fortifié. Le village est enlevé mais le château résiste.  Le 14 février, Kléber, obtient la capitulation de la garnison. 

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Prise de Jaffa.

Le 4 mars, l’armée française arrive devant Jaffa, une ville fortifiée et défendue par trois mille hommes. Le siège commence; Alors Napoléon envoie un message au commandant de la place: « Pour éviter de grands malheurs à votre ville, je vous demande de la rendre pacifiquement. Dieu est bon et généreux et nous respectons ses commandements. Si vous refusez ma proposition vous serez anéantis ». La ville sera vite et violemment enlevée, la cause en est due aux atrocités qui y furent faites.

Sont-ils devenus fous, les soldats de la république.

Jaffa fut prise d’assaut par quatre divisions qui égorgèrent les soldats musulmans, forcèrent les portes des harems, violèrent les femmes et s’emparèrent de tout ce qu’ils y trouvèrent. Comme personne n’obéissait plus aux ordres, le général Robin, sabre au poignet chargea ses propres soldats pour arrêter la folie de violences frénétiques. Il restait environ trois mille hommes qu’on voulu d’abord livrer vivants aux flammes ! Mais Beauharnais et Crozier refusèrent en pensant que Bonaparte voulait négocier avec la garnison. Les assiégés répondirent qu’ils se rendraient s’ils avaient la vie sauve, sinon ils se battraient jusqu’à la mort. Les deux aides de camp prirent sur eux cette promesse et on amena la longue file des captifs devant Bonaparte qui explosa: « Mais que dois-je faire de ces prisonniers ? Il ne fallait pas m’amener ces malheureux mais les laisser mourir. Je ne peux libérer que des femmes et des enfants, mais pas des hommes armés!»

Feignant d’ignorer la promesse faite, Bonaparte prit la décision de tous les exterminer malgré la courageuse intervention de Berthier ( Bonaparte lui conseillant sèchement de rentrer dans un couvent de capucins s’il avait le coeur trop sensible.) qui dépité s’en alla en baissant la tête.

Les atrocités de Bonaparte après la prise de Jaffa.

Puis ce fut la boucherie sur la plage où on ouvrit le feu.  les soldats n’ayant plus de cartouches,  ils achevèrent leur triste besogne à larme blanche et à la baîonnette. Beaucoup d’enfants qui s’étaient accrochés à leurs pères furent trouvés parmi les victimes… Et les massacres se poursuivirent du 8 au 10 mars 1799 .

Voici ce qu’écrit l’adjoint au payeur-général Peyrusse dans une lettre à sa femme : 
« Que dans une ville prise d’assaut, le soldat effréné pille, brûle et tue tout ce qu’il rencontre, les lois de la guerre l’ordonnent et l’humanité jette un voile sur toutes ces horreurs ; mais que deux ou trois jours après un assaut, dans le calme de toutes les passions, on ait la froide barbarie de faire poignarder trois mille hommes qui se sont livrés à notre bonne foi, la postérité fera sans doute justice à cette atrocité, et ceux qui en auront donné l’ordre auront leur place parmi les bourreaux de l’humanité. » 

Campagne de Syrie, le premier massacre colonial moderne.

 Pendant ce temps Bonaparte se console dans les bras de sa maîtresse.

Bonaparte se plaignait de la conduite de Joséphine avec Hippolyte  Charles,  pendant qu’il guerroyait en Egypte… et pourtant !

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 Portrait de Madame Marguerite-Pauline Bellisle-Fourès (1778-1869),

 maîtresse de Bonaparte puis de Kleber durant la campagne d’Egypte..

 

Victoire du mont-Thabor.

Le 19 mars,l’avant-garde atteint la formidable forteresse de Saint-Jean-d’Acre, puissamment armée et commandée par El Djezzar. Bonaparte en commence le siège le jour même. Entre-temps remporte le 16 avril la victoire du mont-Thabor, sur une armée Turque de secours. Puis il avait dû lever le siège entrepris de St Jean D’Acre très solidement défendu par Phélippeaux, (ancien élève et connaissance de Bonaparte à l’école militaire de Brienne) et revenir déçu au Caire.

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Ainsi après la victoire du mont-Thabor, une des deux armées ennemies était détruite.

Victoire d’Aboukir.

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25 juillet, victoire de Bonaparte à Aboukir, il y dispersa la seconde armée. Dés lors, l’Egypte fut délivrée.

Quand le bateau coule, les rats quittent le navire.

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 Les mauvaises habitudes commencent. Bonaparte abandonne l’armée d’Egypte. 

 Aprés son échec devant St.Jean-d’Acre et son repli sur le Caire, trouvant comme excuse, les revers de nos troupes en Europe, il décida de rentrer en France le 22 août, laissant le commandement en chef à Kléber. Etant pressé, il lui est impossible de revoir et d’emmener Desaix, mais il lui envoya un poignard enrichi de diamants que portait Mehemed-Pacha fait prisonnier à la bataille d’Aboukir, sur un coté de la lame était écrit:  Bonaparte à Desaix, vainqueur de la haute Egypte et de l’autre: Thébes aux Cent-Portes. Sésostris-le-Grand, auquel il avait joint une lettre en parlant de la conquête:  «Elle est due à vos bonnes dispositions et à votre constance dans les fatigues, recevez,  je vous prie, cette arme comme une preuve de mon estime et de la bonne amitié que je vous ai vouée

Bonaparte, torpille déjà Desaix.

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Négociations d’Al-Arish. Desaix quitte l’armée d’Egypte.

Au mois de septembre, Kléber, rappela Desaix au Caire, il le voulait pour les négociations qu’il allait tenter. A peine entaché par la capitulation d’Al-Arîsh, que Kleber lui impose sciemment, de négocier et qui le pousse immédiatement à chercher une réhabilitation auprès de Bonaparte,n’ayant plus rien à faire en Orient, le 3 mars 1800, Desaix, muni des laissez-passer nécessaires afin de circuler librement en Méditerranée, embarque pour l’Europe, l’accompagne quelques proches dont Savary, Rapp ainsi que les deux mameluks employés à son service et un officier anglais Forden.Ainsi se termine pour Desaix, son épopée Egyptienne, il ne saura jamais la triste fin de cette expédition, ni la capitulation du général Menou, le 31 août 1801.

Victoire de Kléber à Héliopolis.

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Desaix était déjà absent depuis un mois, lorsque Sydney Smith fit savoir que son Gouvernement ne donne pas son accord et exige que les Français se constituent prisonniers de guerre.  Alors Kléber montra qu’il était un lion au réveil terrible, il sortit de sa torpeur, rougit de ses hésitations et transmet le texte de l’ultimatum à ses troupes, avec ce commentaire:  « Soldats! on ne répond à une telle insolence que par la victoire; préparez-vous à combattre ».  Il combattit en effet, le 20 mars 1800, Kléber, à la tête de dix mille hommes, met en totale déroute, à Héliopolis, près du Caire, les quatre-vingt mille hommes du Grand Vizir, Nassif-pacha. Puis il mate, avec l’aide de Mourad-Bey, la seconde rébellion des Cairotes, ainsi que celle des paysans de la Bahireh.

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La révolte du Caire. 

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 Kléber assassiné.

Le 14 juin 1800 Kléber est assassiné, au Caire,

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par Soleyman el-Halaby un étudiant syrien. Celui-ci est condamné au supplice du pal.

L’horrible supplice de Soleyman.

Le supplice du pal.

Napoléon Bonaparte l’utilise au cours de la campagne d’Égypte. L’empalement permet d’exécuter un nombre important de personnes en un espace restreint et sans nécessiter un matériel complexe.
Soleyman el-Halaby (ou Soliman) était un Syrien qualifié de fanatique musulman ayant assassiné le général Kléber lors de la campagne d’Égypte le 14 juin 1800.

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Son exécution est décrite en ces termes par Claude Desprez,témoin des faits:

L’homme fut condamné, par le conseil de guerre français, à avoir les poings brûlés puis à être empalé vif. Le bourreau Barthèlemy coucha sur le ventre Soliman, tira un couteau de sa poche, lui fit au fondement une large incision, en approcha le bout de son pal et l’enfonça à coups de maillet. Puis il lia les bras et les jambes du patient, l’éleva en l’air et fixa le pal dans un trou préparé. Soliman vécut encore durant quatre heures, et il eut vécu plus si, durant l’absence de Barthèlemy un soldat ne lui eut donné à boire, à l’instant même il expira.

Suivre son procès, ici.

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Capitulation du général Menou. 

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L’assassinat de Kléber va propulser au poste de gouverneur de l’Egypte un homme curieux: Jacques Menou, général de brigade, marié à une égyptienne et converti à l’Islam sous le nom de Abdallah. Menou n’hésite pas à nommer des musulmans à des postes de responsabilité, notamment dans l’armée et la police. Mais c’est un piètre stratège: Le 21 mars 1801, Menou prend la tête du corps expéditionnaire français lors d’une ultime bataille à Aboukir pour repousser le débarquement anglais, ce qui se soldera par une défaite. Après cette bataille, il se retire à Alexandrie, où il capitule le 1er août 1801..

L’affaire de la belle expédition d’Egypte se révèle un échec et même un désastre, un fiasco militaire, le premier avant ceux de Saint-Domingue, d’Espagne et de Russie.

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Publié dans:Desaix, l'expédition d'Egypte |on 2 février, 2008 |1 Commentaire »

Retour sur la campagne de Haute-Egypte.

                                                                                          

En haute Egypte, le général Desaix, en plus de ses talents exceptionnels de chef de guerre, va montrer des qualités d’administrateur qui le placent au niveau de son chef, Bonaparte, ce qui n’est pas un mince compliment. En effet, les succès de Desaix ne sont dûs qu’à son propre talent, ils libèrent Bonaparte d’un souci de taille, car Bonaparte, l’a laissé se débrouiller seul, tout empêtré qu’il était dans la campagne de Syrie.

Cette campagne en Haute-Égypte fut unique en son genre et c’est le grand mérite du général Desaix de l’avoir conduite et réussie. Concilier le temps nécessaire aux relevés scientifiques et artistiques avec les impératifs militaires dévoilent les qualités exceptionnelles de ce chef. Il réalisa en outre la pacification du pays par des mesures exemplaires.  

L’étonnant Desaix, avec moins de 5.000 hommes, remontant le cours du Nil, battait Mourad-bey à Sediman (7.7.1798), puis à Samanhout (22.1.1799), prenait Siout dont il faisait son quartier-général, Thèbes, Karnak, Louksor, Assouan, atteignait la première cataracte, à 900 kilomètres du Caire, décidait enfin l’occupation de Koseïr, sur la Mer Rouge, pour empêcher l’arrivée des renforts d’Arabie. Les Mameluks, sans cesse refoulés soit chez les Noirs, soit dans le désert, étaient fort affaiblis. Pour mieux les atteindre, Desaix commençait à utiliser des dromadaires montés par des Français. 

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Un Copte, Jacob Youhana, ancien intendant de Soliman-bey, sert fidèlement ce dernier durant cette difficile campagne, organise ses réseaux de renseignements, assure son ravitaillement, perçoit les impôts pour son compte, au besoin combat vaillamment et obtient de ce fait un sabre d’honneur.

On connaît les talents de général en chef de Desaix, mais on ignorait qu’il était un excellent administrateur. Conformément aux instructions de ne pas asservir l’Indigène ni de le flatter par des privilèges, il pensait à créer une classe de petits propriétaires en distribuant la terre à ceux qui apportaient leur aide.

Desaix cherche appui auprès des cheikhs de village. Les réunissant en assemblées pour discuter de problèmes du gouvernement, de la production agricole, il s’interpose aussi dans les conflits villageois, tel que le rapporte Belliard dans son Journal : » Le général Desaix a réuni les cheiks, chacun a déduit ses raisons, on a pesé le pour et le contre dans la balance de la justice, et des hommes, qui une demi-heure avant voulaient se détruire, ont fini par goûter les sages réflexions, les avis ou les ordres du conquérant et se sont retirés bons amis « 

Il avait appris l’arabe pour parler aux autochtones et l’on a retrouvé la méthode de Volney qu’il utilisa.

Desaix, était épouvanté par la cruauté des peines égyptiennes, (la mort décidée par un père pour sa fille délurée, les yeux crevés de l’amant polygame dont les maîtresses sont noyées). Il ne condamnait qu’après avoir rendu la justice lui-même.

Il savait tempérer les horreurs de la guerre par des traits de générosité et de grandeur d’âme.

Nous en témoigne une lettre qu’il écrit à Victoire Lenormand:

« Vous frémiriez en nous voyant échapper avec peine à un Arabe agile à tout instant caché à quatre pas, vous assassinant au milieu de vos amis, nous enlevant nos camarades près de nous, les emmenant sans pouvoir les secourir et terminant leur vie par des supplices et des infamies. »

Il adorait l’Égypte que sa grande culture lui avait révélée dans son histoire, ses arts, ses techniques qu’il étudiait aux côtés des savants. Il avait inspiré aux soldats, aux scientifiques aux populations un sentiment d’attachement et d’admiration. Sur le plan militaire, la tâche du général Desaix ne fut pas facile. Il avait affaire à un ennemi différent des Autrichiens ou des Prussiens sur le Rhin. Les Mamelouks étaient avant tout des guerriers qui combattaient avec le courage des fanatiques.

Il avait su organiser un service de renseignements adapté au pays, il utilisait les services des Bédouins nomades.

Pour les instructions à transmettre aux postes échelonnés le long du Nil il se servait des fellahs.

Il est rapporté que se trouvant à Philaë et désireux d’annoncer à Siout son arrivée prochaine, il remit une lettre à un paysan égyptien, celui-ci joignit deux bottes de papyrus sur lesquelles il s’assit à la turque avec à ses côtés sa pipe, quelques dattes, une lance pour se défendre des crocodiles et une petite rame et on le vit s’éloigner de la berge et descendre le Nil sans effort.

Desaix avait introduit dans son état-major des « boîtes portatives » contenant des cartes collées sur carton et sur lesquelles au moyen d’épingles à tête de couleur, il savait chaque jour l’exacte position des troupes ennemies, (ce procédé, que lui indiquera Savary sera utilisé plus tard par Napoléon.)

Savary et Rapp, apportaient à leur chef un dévouement total dont ne s’étonne pas le général baron Thiébault, qui a écrit :

« Sa conversation était instructive, il avait avec profusion l’intelligence prête à tous les sujets, sa franchise et ses bontés le faisaient aimer de ses aides de camp ».

Publié dans:Desaix, l'expédition d'Egypte |on 22 janvier, 2008 |Commentaires fermés

A la poursuite de Mourad-Bey .

 

Opérations de Desaix vers Le Fayoum. 

Aprés la  bataille des pyramides, les Beys-Mourad et Ibrahim sont en fuite, Ibrahim en direction du delta du Nil et Mourad qui s’est replié vers le Sud en direction de la haute Egypte ou il pense se réfugier.

C’est notre héros Desaix, qui avec moins de 5.000 hommes va être chargé de poursuivre et de lutter contre Mourad Bey. 

DÉPART LE 25 AOUT 1798.

Desaix part sans Belliard atteint d’ophtalmie. Il n’a que Friant, pas de cavalerie et quelques canons, surtout deux pièces de cinq, petites mais maniables.

Le 31 août, il atteint Beni Souef où il attend des vivres, des munitions et des renforts.

Le 5 septembre, il est à Abou Girgeh et fait un raid vers Behneseh avec un seul bataillon de la légère avec le chef de brigade Robin. Les Mamelucks s’enfuient, mais douze barques sont capturées avec leur contenu.

Le 10 septembre, Minieh avec l’arrivée du ravitaillement. 

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Le 12 septembre Darout el Cherif où est l’entrée principale du canal de Joseph qui double le Nil sur sa rive gauche, descendant vers le Fayoum.

Le 15 septembre Desaix pousse vers Siout avec sa flottille sans succès.

Le 24 septembre, la division, que Morand vient de rejoindre, s’engage dans le canal de Joseph, le descendant avec des embarcations légères qui seules peuvent passer et encore difficilement. Les malades ont été renvoyés vers Le Caire.

Le 3 octobre, premier contact avec les ennemis à El Qiah.

Le 4 octobre, Desaix découvre le corps mené par Elfi Bey. Il faut débarquer les troupes et tirer le canon pour les repousser.

LE 7 OCTOBRE, SEDIMAN.

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L’armée de Mourad Bey est en bataille sur les hauteurs. Desaix fait débarquer ses hommes à 7 heures du matin et avance vers son adversaire. Il a formé un grand carré. Deux petits carrés sont de chaque côté: à droite, cent cinquante hommes, à gauche deux cents hommes. Les Mamelucks vont déferler contre ces fantassins. Le grand carré les repousse ainsi que le petit carré de gauche, mais le petit carré de droite finit par être enfoncé après avoir tué de nombreux ennemis. Les blessés et les survivants regagnent le grand carré. Les charges sont repoussées, mais Mourad Bey ouvre le feu avec cinq canons en position qui vont devenirent redoutables pour une formation serrée comme celle de Desaix. Mais notre général décide d’attaquer et les fantassins se ruent sur les pièces dont quatre sont prises. Dès lors les cavaliers de Mourad Bey s’enfuient poursuivis par les boulets français. Leurs pertes sont grandes. Desaix comptera quarante-quatre morts et plus de cent blessés parmi ses hommes et il rage de ne pas pouvoir poursuivre car il est sans cavalerie, mais sa victoire est brillante.

Le 12 octobre, Desaix s’installe dans le Fayoum.

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Il va laisser à Medinet el Fayoum, le général Robin, (nommé après Sédiman). Il commande près de sept cents soldats dont trois cent cinquante malades. Desaix va réduire les villages hostiles, mais pendant ce temps Mourad averti de son départ attaque Medinet el Fayoum. Robin laisse les ennemis pénétrer dans le village, puis lance deux colonnes, l’une avec Eppler, l’autre avec Sacrost qui font un carnage des assaillants qui laissent deux cents tués dans les ruelles. Les Français ont eu quatre morts et seize blessés. Belliard guéri, rejoint avec des renforts, les chevaux ramassés ont été dirigés sur Boulak où se forme la cavalerie si nécessaire.

Le 1er décembre, Desaix part pour Le Caire où il va compléter sa petite armée avec surtout la cavalerie, près de mille hommes sous les ordres du général Davout.

Le 6 décembre, ils partiront  pour Beni Souef où se met en place le corps qui va réaliser la campagne magnifique de la Haute-Égypte.

Pour garder le Fayoum, le général Veaux a un bataillon. Pour tenir Beni Souef,le général Boyer a aussi un bataillon. 

Publié dans:Desaix, l'expédition d'Egypte |on 22 janvier, 2008 |Commentaires fermés

La campagne de la Haute-Egypte .

Pour cette campagne, les aides de camp du général Desaix sont: Savary, Rapp, Clément. Les généraux sont: Friant, Belliard, Davout, Duplessis, Lasalle. Le chef d’état-major est Donzelot.

Cet ensemble représente environ quatre mille hommes qui vont remonter le Nil jusqu’aux cataractes. La flottille dispose de plusieurs djermes armées qui sont : la Brueys, la Casablanca, l’Italie, la Victoire et une autre djerme armée. Des canges les accompagnent armées de pierriers. Les djermes sont armées de quatre pièces de six plus deux pièces de deux. Ce sont les seul bâtiments capables de remonter le Nil. C’est Guichard qui commande la flottille. Le Copte Moallem Jacob, ancien intendant de Soliman Bey accompagne Desaix et son action sera précieuse.

CONQUETE DE LA HAUTE- ÉGYPTE, LA REMONTÉE.

Desaix remonte la rive gauche du Nil, mais les Mamelucks fuient devant lui, refusant le combat.

Le 21 décembre, il atteint Minieh. Le pays est très riche et l’on y trouve quatre barques armées et des canons abandonnés avec quatre chameaux chargés de poudre.

Le 25 décembre, il est à Girgeh. Le cheik de Beni Adin s’allie aux Français et il assurera l’escorte de la caravane qui vient du Darfour et se dirige vers Le Caire. La flottille est très en retard et Desaix doit l’attendre avant de poursuivre, elle n’arrivera que trois semaines plus tard. Cette halte va permettre à Mourad Bey de rassembler des forces lui permettant de livrer bataille. Il est vers Hou et reçoit des renforts. I1 tente aussi de susciter des révoltes sur les arrières de Desaix vers Tahtah. Davout est envoyé avec ses cavaliers pour aller réduire ces foyers dangereux.

Le 3 janvier 1799, il se heurte à un rassemblement devant Saouaqui. Il va le disperser et massacre mille cinq cents révoltés, n’ayant que quinze blessés. Averti que vers Tahtah, des forces plus nombreuses sont groupées, il s’y rend. Des masses importantes entourent la colonne française et l’attaquent en queue. Le 20e dragons aidé par le 15e de Pinon vont repousser les charges tuant cent cinquante cavaliers. Ils attaquent ensuite les hommes à pied et en tuent huit cents. Comme un village voisin participe, les cavaliers légers vont l’envahir et exterminer cinq cents révoltés. Ces deux exemples terribles vont ramener la tranquillité sur les arrières.

Le 19 Janvier 1799, la flottille est enfin arrivée. Desaix repart le lendemain en sachant que Mourad l’attend, enfin prêt au combat.

 

LA BATAILLE DE SAMHOUD, LE 21 JANVIER 1799.

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Mourad Bey a ses mille cinq cents Mamelucks plus quatre cents amenés par Hassan Bey descendu d’Esneh, sa capitale. Des fantassins sont arrivés de la Mesque par Kosseir. Ces fantassins sont environ deux mille et sont braves et fanatiques, des Arabes complètent cette force avec environ trois mille cavaliers et sept mille hommes à pieds, mais on sait qu’ils s’enfuient facilement. Les Mecquains sont à Samhoud, derrière un canal presque à sec qui rejoint le Nil, les Mamelucks sont plus à gauche vers le désert. Desaix avance vers eux avec trois carrés: en avant Belliard se dirige vers le village, Friant est en retrait vers le Nil et entre les deux, la cavalerie est formée aussi en carré. Belliard repousse les Mecquain, Rapp qui l’appuie est blessé. Les Mamelucks s’ébranlent alors, ils vont entourer le carré de Friant sans succès. Ils sont alors chargés par la cavalerie de Davout et s’enfuient vers le désert. Les Mecquains sont enfoncés et Desaix avance vers Farchout emporté, puis marche vers Hou occupé la nuit. La victoire est totale.

L’avance continue et le 26, Thèbes est dépassée.

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Le 27 Esneh est occupée, Friant y reste. Belliard continue avec la cavalerie vers Syène.

Le 1er février 1799, la cavalerie entre dans Syène et le lendemain Belliard arrive.  

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Il va occuper la place d’Assouan et s’y organiser.

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Il devra attendre le 18 pour s’emparer de l’île de Philae.

La cavalerie redescend sur les deux rives du Nil. Le retour de Philaë vers Le Caire fut un va-et-vient constant le long du Nil.

LE 11 FÉVRIER : BATAILLE DE REDECIEH.

Davout, qui redescend la rive droite du Nil, est surpris par les cavaliers d’Osman-Bey, là se livre un terrible combat de cavalerie. Les pertes sont lourdes et égales des deux côtés. Le chef d’escadron, Fontête est tué par Osman, Lasalle s’est démené comme un lion, mais trente-sept Français sont morts dont six officiers et il y a quarante-quatre blessés. Osman-Bey blessé est reparti dans le désert.

Le 13 février, attaque de Keneh, Conroux les repousse mais est blessé. Deux cents assaillants sont tués et Dorsenne, alors chef de bataillon, va les poursuivre. Pas de pertes chez les Français.

Le 14 février, Friant va attaquer ces ennemis, en majorité Mecquains.

Le 17 février, il les débusque à Aboumanah et les écrase, s’emparant aussi de leur camp. Il y a quatre cents ennemis tués et un butin considérable. 

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 Friant descend alors vers Girgeh où il laisse Morand avec un bataillon.

Le 2 mars, Desaix quitte Kous et atteint Farchout le 3 mars. Il atteindra Siout le 8 mars.

LE 3 MARS 1799, DÉSASTRE DE BENOUT. LA FLOTILLE ANEANTIE. 

Hassan- Bey, a reçu des renforts importants et il va attaquer au-dessus de Benout la flottille retardée par des vents contraires. Morandi commande la djerme armée l’Italie, suivie de nombreuses barques portant des blessés  et de nombreux malades. Les ennemis s’emparent des petites barques malgré le feu intense de l’Italie qui tue beaucoup de monde. Ils se lancent ensuite à l’abordage de la canonnière qui finit par s’échouer. Morandi assailli de toutes parts, met le feu aux poudres et meurt dans le fleuve. Tous les Français sont massacrés, deux cents matelots et trois cents malades ou blessés.

LE 8 MARS, BENOUT…. LA REVANCHE.

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Belliard s’est avancé pour venger ce désastre. Dans la plaine de Coptos, il repousse les Mecquains qui sont trois mille appuyés par quatre cents Mamelucks. Il les refoule vers Benout et encercle les fantassins. Il lui faudra trois jours de combat pour anéantir plus de six cents ennemis. Il va se placer à Keneh comme base principale. Desaix à Siout, a organisé ses bases le long du fleuve. Detrès est à Minieh, Lasalle à Tahtah. Morand à Girgeh. Pinon restera à Siout. Desaix regroupant ses hommes, forme une colonne mobile qui va de nouveau remonter le Nil vers Keneh où il arrive le 27. 

LE 2 AVRIL, 1799.  BIR EL BAR. 

Le 2 avril 1799, Desaix, arrête les Mamelouks dans le défilé de Byr el Bar. Là, afin de se rendre compte sur place de la situation, son intrépidité lui fait courir le risque d’être tué lors d’une reconnaissance avancée à cheval.
Ce fut au général Belliard qu’il confia le raid sur Koseir, à 150 kms de désert, avec cinq cents cavaliers sur dromadaires et quelques civils dont Vivant Denon. Belliard s’empara du fort le 29 mai et du port protégé par un banc de corail où des bateaux anglais débarquaient du matériel et des munitions. Donzelot y fut laissé avec deux compagnies de la 21e légère pour fermer aux Mamelouks l’accès à la mer Rouge.

Bataille de Byr el Bar.

La colonne de Desaix suit la rive droite du Nil, l’infanterie près du fleuve et la cavalerie sur les hauteurs. Les éclaireurs annoncent la présence des ennemis. Le général qui s’est avancé, se trouve chargé et ramené à toute allure avec l’avant-garde par de très nombreux Mamelucks.

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Duplessis lance alors ses hussards dans un combat furieux où il va trouver la mort. Le chef d’escadron Bouvatier qui vient à leur secours avec ses dragons, est tué, lui aussi. Les Mamelucks sont repoussés mais les pertes sont lourdes. Après ce combat Hassan se replie. Desaix va redescendre le Nil, laissant Belliard tenir la partie haute. Il va rester un moment à Girgeh, puis descendra vers Siout où il arrivera le 15 mai. Pendant ce temps de nombreux combats se sont livrés le long du Nil.

LE 16 AVRIL.  BENI ADIN. 

Partant de Siout, Davout va vers Beni Adin où une révolte s’est déclenchée. Il va écraser les révoltés dont deux mille restent sur le terrain avec un butin considérable. Les Beys tiennent toujours la campagne, mais l’essentiel est fait lorsque Bonaparte revient de Syrie.

Juillet 1799, Bonaparte remporte la victoire d’Aboukir , Desaix put lui rendre compte du succès de sa mission en Haute-Égypte et sur la mer Rouge. Bonaparte aurait bien voulu lui confier le commandement de l’armée, mais sous pretexte activer la susceptibilité de Kléber, il préféra charger Desaix d’assurer la protection d’une seconde campagne de découvertes en Haute-Égypte.. 

Mourad-Bey, jure amitiés et fidélité.

Desaix reprit la piste. Il avait appris que Mourad-bey était revenu à Giseh revoir son palais, qu’il regrettait cette guerre où il avait perdu ses meilleurs Mamelouks et qu’il s’était réfugié au Fayoum.Le 9 octobre, sur le canal Yousef qui est un bras du Nil, près de Sediman, les Mamelouks furent écrasés et Desaix proposa à leur chef de devenir l’allié de la France. Les deux hommes s’estimaient. Mourad-bey jura amitié et fidélité, il succéda à Desaix dans le gouvernement de la Haute-Egypte où il assura la sécurité de la mission scientifique jusqu’à sa mort de la peste en 1801.  

 Desaix, rappelé au Caire. 

Le 31 octobre 1799, Desaix fut appelé au Caire par Kléber devenu commandant du corps expéditionnaire. Il fallait arrêter les Turcs débarqués à Damiette. Desaix avec cent cinquante dragons à dromadaire réussit à aider la garnison assiégée qui obligea les Turcs au repli. 

Après cette mission, Desaix pensait qu’il allait alors rejoindre « son » général comme il le lui avait prescrit, mais Kléber pensait autrement,il l’envoya le 11 janvier 1800 à El Arich afin de négocier un armistice. Cet armistice qui allait compromettre Desaix dans l’esprit de Bonaparte.

En effet Bonaparte écrira à Desaix : « J’ai reçu il y a deux mois la capitulation d’El Arich, je n’y fais aucune objection puisque vous l’avez signée ».  Desaix répondra:  « Certes nous pouvions garder l’Égypte. Mais Kléber ne voulait plus y rester. Le lot d’un soldat est d’obéir à son chef, ce que j’ai fait« .

Puis Kléber, chargea Desaix de porter au gouvernement la convention d’El Arich qui comportait l’évacuation des troupes d’Égypte.

La triste fin du rêve Oriental.

Le 3 mars 1800, le général Desaix accompagné de Davout embarqua sur un navire marchand afin de regagner le sol de la Patrie.

 

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L’expédition scientifique

Mais le plus important est que Desaix, a ouvert la porte de la Haute-Egypte dans laquelle se précipitent une équipe d’une vingtaine d’élèves de Polytechnique accompagnant l’armée, encadrés par deux jeunes ingénieurs, Jean-Baptiste Jollois et Edouard de Villiers du Terrage, qui mènent, le plus souvent sans escorte, une exploration plus méthodique des monuments.

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Ils exécutent des centaines de relevés et des restitutions d’une qualité stupéfiante, sur lesquels s’appuieront les premiers égyptologues.  

Leur mission.

Inventorier les sublimes vestiges d’une civilisation de quarante siècles! On peut imaginer leur saisissement en découvrant les temples érigés par vingt cinq dynasties de Pharaons : Memphis, Abydos, Esné, Dendérah, Karnak, Louqsor, Kom Ombo, Edfou, les colosses de Memnon et Philae. La splendeur des monuments découverts leur fait oublier leurs très dures conditions d’existence..

Le Caire jardins de l'Institut Dutertre

Le Caire, les jardins de l’Institut.

L’œuvre scientifique.

Au milieu des combats, les savants ont travaillé comme des forcenés. Dans les premiers mois, il leur faut répondre en priorité aux besoins de l’armée. Le chimiste Jacques-Pierre Champy met sur pied une usine à poudre. Nicolas Conté, un inventeur autodidacte, se signale par une activité débordante, il est « la colonne de l’expédition », selon Berthollet. Il fait surgir de rien des ateliers de fonderie et de mécanique dans l’île de Roudah, résout le problème crucial du pain en élevant des moulins à vent, improvise une fabrique d’uniformes, lance une ligne télégraphique entre Alexandrie et Le Caire…

(c) Museums Sheffield; Supplied by The Public Catalogue Foundation

Bonaparte appelle aussi ses savants à créer des services publics modernes : Postes, Monnaie, Domaines.Les deux imprimeries apportées de France sortent deux journaux très appréciés : Le Courier de l’Égypte et La Décade égyptienne, des typographes égyptiens y sont formés.

Dans un esprit encyclopédique, savants, ingénieurs, artistes, économistes sont saisis d’une fièvre de mesures, de description, de recension.

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La découverte la plus importante est celle de la civilisation pharaonique. On étudie les pyramides de Gizeh sous toutes les coutures, le site de l’ancienne Tanis est exploré.

Bonaparte, a tenu à organiser la vie savante à l’image de celle de la France. D’où, le 22 août 1798, la fondation de l’Institut d’Égypte. L’honorable assemblée se réunit sous la présidence de Gaspard Monge. On y lira des communications très importantes, comme celle du 29 juillet 1799 relatant la fabuleuse découverte de la pierre de Rosette. Cette immense activité scientifique déployée en trois ans ne sera pas totalement perdue (pour l’Europe tout au moins). Elle fournit en effet la matière de la monumentale Description de l’Égypte..

Le grand choc de la Haute-Egypte. 

Le grand choc viendra de la Haute-Égypte, en fait, Desaix, a auprés de lui, depuis le mois de novembre, un compagnon de grande valeur, Dominique Vivant Denon.

baron dominique vivant_denon

baron dominique vivant_denon

Entre ces deux hommes s’installe immédiatement une réelle amitié faite de curiosité intellectuelle, de savoir et d’amour de l’Orient.

Grâce à Desaix, la présence de Denon est mieux acceptée par les corps militaires qui n’aiment pas avoir des savants dans leurs jambes, tel celui qui avant une bataille, avait ordonné sous les rires:   » les ânes et les savants au centre! ».

Denon est stupéfait par la beauté des temples de Dendérah, Karnak, Louxor, Syène (Assouan), Philae.  

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Il publie une relation de son voyage en 1802 (Voyage dans la Basse et la Haute-Égypte), grand succès de librairie. 

Même le plus fruste des troupiers n’échappe pas à l’émotion.

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Le capitaine Duvernois, raconte le choc ressenti par ses soldats à la vue du temple de Karnak : « Sans qu’un ordre fût donné, les hommes formèrent les rangs et présentèrent les armes au son des tambours et des clairons.»  

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Les seules déprédations à déplorer sont des graffiti de noms dans la pierre.

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Un témoin raconte: Desaix et Denon, malgré le danger  » ils couraient aux monuments comme les soldats à la bataille « .

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Les deux hommes ne se lassent pas, comme le raconte Denon dans ses mémoires:  » Je brûlais d’aller à Hermopolis où je savais qu’il y avait un portique célèbre; aussi, qu’elle fut ma satisfaction lorsque Desaix me dit, nous allons prendre trois cents hommes de cavalerie et nous y courrons. Je soupirais de bonheur. C’était pour ainsi dire le premier fruit de mes travaux, les premières pierres qui eussent conservé leur première destination qui sans mélange et altération, m’attendaient là depuis quatre mille ans pour me donner une idée immense des arts et de leur perfection dans cette contrée. »

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Denon désire aller à Abydos, Desaix lui répond: « Je veux vous y conduire moi-même. Mourad Bey est à deux journées, il y arrivera après demain, il y aura bataille, nous déferons son armée, l’autre après demain, nous ne penserons plus qu’aux antiquités et je vous aiderai moi-même à les mesurer. » 

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L’attitude de la population de la vallée du Nil surprend agréablement les soldats. D’abord intriguée par les travaux des savants, elle en comprend vite le sens et l’intérêt. Elle se mêle à la troupe et coopère dans la mesure de ses moyens.

Edouard de Villiers du Terrage, a laissé un témoignage de l’aventure de Desaix en haute Égypte :   « A Esné, il y avait à l’extrémité septentrionale de la ville un magnifique jardin, planté à l’orientale, appartenant à Hassan Bey. Les Français l’avaient adopté comme lieu de promenade et de réunion. Pendant notre séjour à Esné, les principaux cheiks de la ville nous y donnèrent un repas que sa singularité et la franche gaîté qui y régnèrent m’empêcheront d’oublier. Il m’a rappelé très exactement les descriptions qui nous sont parvenues de ces sortes de fêtes chez les peuples anciens de l’Orient. Tous les officiers de la garnison et les principaux habitants de la ville furent convoqués dans le jardin. La grande allée, dans toute sa longueur, était couverte de tapis sur lesquels le dîner fut servi. Autour de ces tapis s’assirent à terre, pêle-mêle, les Français et les Musulmans, et, quelque peu instruits que fussent les Égyptiens de la langue française, et les Français de la langue arabe, la conversation ne languit à aucun moment. Les habitants d’Esné étaient naturellement doux. Une partie de la brave 21 ème demi-brigade légère, après avoir vaincu les Mameluks, jouissait à Esné de la paix qu’elle avait conquise et beaucoup de soldats trouvaient autant de plaisir que de profit à exercer leurs anciens métiers. Les jeunes Égyptiens se mettaient en apprentissage chez nos ouvriers. Les usages, les costumes, le langage se mêlaient à faire croire qu’ils seraient bientôt confondus.

Un autre témoin: « La nuit, les temples furent illuminés, et, jusqu’au lever du jour, on vit les cavaliers de Desaix, mêlés aux paysans thébains, danser la farandole autour des béliers d’Amon et des éperviers d’Horus… ».

L’équipe des chercheurs ne manque la visite d’aucun temple et en tire des descriptions précises avant d’achever ce périple à Philae, aux limites d’une Afrique inconnue.

Denon devant regagner le Caire, la séparation d’ avec Desaix est douloureuse comme il le raconte plus tard:  « J’ose dire avec orgueil que ce fut un chagrin pour nous deux. Nous avions passé ensemble des moments si doux, si répétés, marchant au pas côte à côte pendant douze à quinze heures de suite où nous ne causions pas. Nous rêvions tout haut et souvent, après ces séances si longues, nous nous disions combien de choses nous aurions à nous dire, le reste de notre vie. Que d’idées administratives, sages, philantropiques arrivaient à mon âme quand le son de la trompette ou le roulement des tambours cessaient de lui donner la fièvre guerrière! Que de notes intéressantes me fourniraient aujourd’hui son étonnante mémoire. » 

A quoi pense Denon en écrivant ce texte? sachant qu’il ne reverra plus  jamais Desaix, son ami, son général-guide en Haute Egypte.

En bref, à lui tout seul, Desaix a conduit en haute Égypte une épopée dans l’épopée.  Bonaparte lui témoignera sa vive admiration.  

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Devant l’ampleur des découvertes et l’enthousiasme de Denon, Bonaparte décide de renforcer la première équipe de savants par deux commissions. L’une est chargée de lever la topographie de la vallée du Nil. L’autre a pour tâche principale d’étudier les inscriptions murales, clés de l’égyptologie.

 La pierre de Rosette. 

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À l’été 1799, au cours de travaux menés près de Rosette, un lieutenant du génie, polytechnicien, Pierre Bouchard découvre une stèle de basalte de 1 mètre de haut.

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Elle porte trois inscriptions disposées en bandes horizontales : en hiéroglyphe, en démotique (caractères cursifs de l’ancien égyptien) et en grec. Bouchard comprend aussitôt qu’il s’agit de traductions du même texte. Le général Menou fait traduire la partie grecque, qui révèle  un décret sacerdotal en l’honneur du roi Ptolémée V (210-181 av. J.C.) La pierre est envoyée à l’Institut du Caire où son importance n’échappe à aucun des savants. Une triple empreinte de la pierre est réalisée, dont une est envoyée en mars 1800 à l’institut de France. Malgré les protestations de Menou, la stèle sera saisie par les Anglais en 1801. C’est en partie grâce à la pierre de Rosette que Jean-François Champollion donnera la clé des hiéroglyphes en 1822.

 

Conclusion:

Force est de reconnaître que l’expédition d’Egypte se solde par un échec militaire total. Les Français quittent l’Egypte en 1801, avec les honneurs de la guerre, mais vaincus. Or cet échec militaire reste un événement considérable dans l’histoire des connaissances car c’est la première fois qu’une expédition militaire s’est doublée d’une expédition scientifique. Une fois le fracas des armes terminé et oubliée l’amertume du retour, une autre aventure a commencé : la publication des travaux des savants. Jamais on avait mis autant de moyens financiers et techniques dans une édition scientifique, et l’oeuvre produite est un monument irremplaçable:

La Description de l’Egypte.

Le 18 février 1802, Chaptal, ministre de l’intérieur convoque les savants de retour d’Egypte pour nommer parmi eux une commission de huit membres, chargée de réunir et de publier tout le matériel scientifique de l’expédition. Un premier volume de gravures est présenté à l’empereur en janvier 1808 et les premiers volumes paraissent en 1809. D’abord publiés par ordre de l’empereur, les volumes successifs seront ensuite publiés par ordre du roi et les derniers, datés de 1823 mais édités en 1826 le seront simplement par ordre du gouvernement.  La qualité typographique des textes, la beauté des gravures et les formats ( les plus grands formats font 1 m x 0,81m ) font de la Description un ouvrage exceptionnel.

Publié dans:Desaix, l'expédition d'Egypte |on 22 janvier, 2008 |2 Commentaires »

Zodiaque circulaire de Dendérah

  

Zodiaque  de Dendérah

Zodiaque circulaire de Dendérah dans Desaix,  l'expédition d'Egypte Antoniadi-croquis-ZodiaquerectDenderah02  

Notes graphiques d’Antoniadi sur le zodiaque circulaire de Dendérah, découvert par le Général Desaix lors de la campagne d’Égypte et ramené par la suite au musée du Louvre.

 

 Vivant Denon, ayant certes l’habitude de s’attribuer tous les mérites, il est également entouré de brillants jeunes gens frais moulus des grandes écoles. Issus de Polytechnique, Jean Baptiste Prosper Jollois (22 ans en 1798) ou Edouard de Villiers du Terrage ( 18 ans) font, à Denderah, le relevé d’un immense zodiaque circulaire  » découvert par Desaix et Denon ». Ils en découvrent même un second.

Edouard de Villiers du Terrage raconte : «  Ce travail fut long et pénible, placé dans une petite chambre construite sur le haut du grand temple, le zodiaque se trouve dans une obscurité presque complète. Il nous fallut le copier, la plupart du temps avec de mauvaises lumières. Comme il est au plafond et très noirci par une sorte de fumée, pour bien discerner un signe il nous fallait souvent regarder de longs instants dans une position des plus incommodes. Nous avions commencé par le diviser en huit secteurs égaux par des fils tendus horizontalement au plafond«  (Marc de Villiers du Terrage. Journal et souvenirs sur l’expédition d’Egypte 1899)

Le dessin est jugé meilleur que celui de Vivant Denon. Plus tard, on ne relèvera que quelques erreurs de détail.

 

Publié dans:Desaix, l'expédition d'Egypte |on 22 janvier, 2008 |Commentaires fermés

correspondance militaire, expédition d’Egypte.

Desaix chargé du commandement du Caire ;

Troupes et munitions pour EL-Khânqah
Au général Berthier
Quartier général, au Caire, 20 thermidor an VI
(7 août 1798)
Vous donnerez l’ordre au commandant de la place de rendre compte de tous les mouvements extraordinaires qui arriveraient au Caire, au général de division Desaix, que le général en chef autorise provisoirement à prendre toutes les mesures que les circonstances pourraient exiger.Vous lui donnerez l’ordre de faire partir tous les jours 50 hommes, qui escorteront soit un officier de l’état-major, soit un de mes courriers, et me porteront ses lettres, celles de l’état-major, de l’ordonnateur, de la commission, et celles du général Desaix. Le piquet partira tous les jours à trois heures du matin.

Vous le préviendrez que, pour après-demain 22, il part 30 chasseurs du 22e et 30 hussards à pied, escortant 60 selles chargées sur quatre chameaux. Ils partiront avec les 50 hommes qu’il doit faire partir.

Vous ordonnerez à l’ordonnateur de profiter du départ de ces 100 hommes pour envoyer à El-Khânqah 8000 rations de pain. Vous donnerez l’ordre au général de cavalerie de faire partir lesdits 60 hommes avec 60 selles après-demain matin. Vous donnerez l’ordre à l’officier commandant le dépôt des guides, qui reste au Caire, de délivrer ces 60 selles, qui sont dans son dépôt. Vous donnerez l’ordre à l’ordonnateur de faire partir les 50 quintaux de riz qu’il doit envoyer à El-Khânqah, au plus tard à six heures du matin. Le général Bon laissera une compagnie pour l’escorter ; il y joindra, s’il est possible, quelques milliers de rations de pain.

Vous donnerez l’ordre au général d’artillerie de faire partir le 22, à quatre heures après midi, 100 hommes d’artillerie.

Vous donnerez l’ordre au général du génie de faire partir le même jour 100 sapeurs.

Ces deux corps se réuniront devant le quartier général. Ils prendront les ordres de l’adjudant général qui reste au quartier général, et prendront les paquets du commandant de la place, puis se mettront en marche pour nous rejoindre à El-Khânqah. Ils mèneront avec eux 100 000 cartouches et deux pièces de canon turques approvisionnées chacune de 100 coups.

Vous préviendrez de cet ordre le commandant de la place, l’ordonnateur en chef et le général Desaix, afin qu’ils en profitent pour m’écrire.

Vous ordonnerez à l’ordonnateur en chef de profiter de l’occasion du départ de ces 200 hommes d’artillerie pour nous envoyer 50 quintaux de riz. Vous lui direz que le rendez-vous pour le départ de ce détachement est devant le quartier général. Il nous enverra aussi, par la même occasion, 10 000 rations de pain.

Tous ces envois seront adressés au garde-magasin d’El-Khânqah.

Bonaparte
Dépôt de la guerre

    __________________________________________________________________________

Instructions à donner à Desaix pour opérer
contre Mourad-Bey
Au général Berthier

Quartier général, au Caire. 18 fructidor an VI
(4 septembre 1798)

Vous donnerez l’ordre au général Desaix d’attaquer Mourad-Bey partout où il le trouverait, en tenant cependant toujours ses forces réunies ; mon intention n’est point qu’il divise ses forces dans l’idée d’envelopper l’ennemi, ces manœuvres étant trop incertaines dans les pays coupés de la nature de celui où il se trouve.

Mourad-Bey fera une des trois choses ci-après :

Ou il restera à Behnesé, et alors le général Desaix peut se porter sur lui avec toutes ses forces, soit par le canal d’Abou-Girgeh, soit en mettant pied à terre et profitant de quelques digues, soit enfin par Melâouy.

Si Mourad-Bey remonte le Nil, s’en allant toujours dans la haute Égypte, le général Desaix pourra le poursuivre devant lui jusqu’à Syont.

Si enfin Mourad-Bey, après avoir évacué Behnesé, se jette dans le désert, le général Desaix prendra possession de la province de Behnesé, jusqu’à ce que le général lui ait fait passer quelque cavalerie.

 Le général en chef autorise à conclure une convention avec les anciens beys retirés à Denderah.

Ils devront 1° ne pas sortir des limites où ils sont, 2° payer le myry, 3° fournir 300 chevaux.

Bonaparte

Dépôt de la guerre

_____________________________________________________________________________

Ordre de marcher contre Mourad-Bey
et de le rejeter dans le désert
Au général Desaix

Quartier général, au Caire, 30 vendémiaire an VII
(21 octobre 1798)

L’on m’assure que Mourad-Bey est encore à Garâh. Je désire, Citoyen Général, que vous marchiez à lui, ce qui peut le décider à se jeter dans les oasis. S’il y était obligé, il serait à peu près détruit ; les Arabes ne manqueraient pas de l’abandonner, ainsi qu’une partie des Mameluks ; au lieu que, s’il parvient à se cantonner sur les bords du désert pendant quinze à vingt jours, la baisse des eaux lui permettra de se porter où il voudra.

Tâchez de lever quelques chevaux dans la province du Fayoum et de Beny-Soueyf. Notre cavalerie est encore bien loin d’être montée.

Bonaparte

Dépôt de la guerre

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Ordres pour l’éventualité d’un mouvement de la Haute Égypte vers le Caire
Au général Desaix

Quartier général, au Caire, 27 messidor an VII
(15 juillet 1799)

Mourad-Bey a été aux lacs Natroun, Citoyen Général ; il n’y a point trouvé le rassemblement de Bogachi et des Mameluks ; il est retourné. Il a couché la nuit du 25 au 26 aux Pyramides. Bertram, chef d’Arabes, lui a fourni ce dont il avait besoin ; il a disparu. Il est, à ce que me mande le général Murat, au village de Dahchour, à six ou sept lieues d’ici ; cela me contrarie beaucoup.Le 24, une flotte turque composée de 5 vaisseaux de ligne, 3 frégates, 50 à 60 bâtiments légers ou de transport, a mouillé dans la rade d’Aboukir. Je n’ai des nouvelles de Damiette que du 23.Ibrahim-Bey est à Gaza, où il menace. Le général Lagrange a nettoyé les ouâdys, pris le camp des Mameluks descendus de la haute Égypte, tué Osman-Bey el-Cherqâouy et chassé le reste dans le désert ; mais il occupe le reste de ma cavalerie. Ainsi il faut dans ce moment contenir Mourad-Bey, qui est sur la lisière de la province de Gyzeh, Osman-Bey, etc. et pourvoir au débarquement ; vous voyez qu’il est nécessaire de prendre des mesures promptes et essentielles.Je suis fâché que le général Friant n’ait pas suivi Mourad-Bey, ou du moins il ne devait pas, étant à portée du Caire, s’en éloigner sans savoir ce que j’en pensais.Il faut vous rapprocher de Beny-Soueyf, réunir toutes vos troupes en échelons, de manière à pouvoir, en peu de jours, être au Caire avec, la première colonne, et les suivantes à trente-six heures d’intervalle l’une de l’autre ; tenir à Qoseyr 100 hommes ; autant dans le fort de Qeneh.Si le débarquement est une chose sérieuse, il faudra évacuer toute la haute Égypte et mettre vos dépôts en garnison dans vos forts. S’il n’est composé que de 5 à 6 000 hommes, alors il suffira que vous envoyiez une colonne pour contenir Mourad-Bey, le suivre partout où il se rendra dans le Babyreh, le Delta, le Charqyeh on dans la province de Gyzeh.

Pour actuellement, mon intention est que vous vous prépariez à un grand mouvement et que vous vous contentiez de faire partir de suite une colonne pour poursuivre Mourad-Bey. Je pense que vous aurez fait partir tous les hommes des 7e de hussards, 14e et 15e de dragons. Nous en avons bien besoin ; je vais me porter dans le Bahyreh avec 100 de mes guides pour toute cavalerie ; je suis fâché que Détrès ne soit pas parti avec son régiment.

Bonaparte 

________________________________________________________________________________________ 

 

 Ordre de se porter au Caire
Au général Desaix 

Quartier général, El-Rahmânyeh, 4 thermidor au VII
(22 juillet 1799)

L’ennemi a été renforcé de 30 bâtiments, Citoyen Général, ce qui fait 120 à 130 qui existent en ce moment dans la rade d’Aboukir. Il est maître de la redoute et du fort d’Aboukir depuis le 27 messidor.Je pars aujourd’hui pour aller reconnaître la position qu’il occupe, et voir s’il est possible de l’attaquer et le culbuter dans la mer ; car il me paraît qu’il ne veut pas se hasarder à cerner Alexandrie, et qu’il se contente, en attendant qu’il connaisse les mouvements d’Ibrahim-Bey et de Mourad-Bey, de se fortifier à la presqu’île d’Aboukir.Je désirerais bien avoir la cavalerie que je vous ai demandée ; si je reste en position devant lui, puisque sa position serait telle qu’il deviendrait impossible de l’attaquer, j’en aurai un besoin urgent.Le général Friant sera sans doute à la suite de Mourad-Bey ; vous vous serez réunis de manière à pouvoir promptement vous porter au Caire. Je désire que vous vous y portiez de votre personne, avec votre première colonne. Vous vous ferez remplacer à Beny-Soueyf par votre deuxième colonne.Arrivé au Caire, vous réunirez ce qui s’y trouve et la division Reynier, pour vous trouver à même de marcher à Ibrahim-Bey, s’il prenait le désert sans toucher à El-A’rych ni à Qatyeh. Il devrait avoir, dans cette hypothèse, un millier de chameaux avec lui ; et, dès l’instant qu’il aura touché aux terres d’Égypte, ce qui pourrait être entre Belbeys et Le Caire, il faudrait marcher à lui. La garnison du Caire trouvera dans les forts un refuge certain qui contiendra la ville, quelque événement qu’il puisse arriver.

Bonaparte

Comm. par M. Pauthier

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Reproche de l’inexécution d’un mouvement ordonné sur Le Caire
Au général Desaix

Quartier général, au Caire, 24 thermidor an VII
(11 août 1799)

J’ai été peu satisfait, Citoyen Général, de toutes vos opérations pendant le mouvement qui vient d’avoir lieu. Vous avez reçu l’ordre de vous porter au Caire, et vous n’en avez rien fait. Tous les événements qui peuvent survenir ne doivent jamais empêcher un militaire d’obéir ; et le talent, à la guerre, consiste à lever les difficultés qui peuvent rendre difficile une opération, et non pas à la faire manquer. Je vous dis ceci pour l’avenir.

 Bonaparte 

Collection  Napoleon

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 Ordre de prendre position pour maintenir Le Fayoum

 Au général Desaix

 

Quartier général, au Caire, 3 brumaire an VII
(24 octobre 1798)

Je reçois, Citoyen Général, votre lettre du 29 vendémiaire. Votre aide de camp vous donnera des détails de ce qui est arrivé au Caire ; la tranquillité se trouve actuellement parfaitement rétablie.

Prenez la position qui vous sera la plus commode pour reposer votre division et tenir en respect le Fayoum, la province de Beny-Soueyf et, si vous le pouvez, celle de Minyeh. Tâchez de lever des chevaux dans les trois provinces. Procurez-vous aussi des chevaux non seulement pour pouvoir atteler les trois pièces d’artillerie que vous avez, mais les trois autres que l’on est prêt à vous envoyer. Communiquez le plus souvent qu’il vous sera possible avec le quartier général. Il est essentiel que votre hôpital se trouve dans un point d’où il puisse communiquer facilement avec Le Caire ; il serait bon que ce fût sur le Nil.

Les trois dépôts de votre division vont vous envoyer tous les habits et pantalons qu’ils ont de faits. Ils ont reçu de quoi confectionner :

La 61e 800 habits 1 600 pantalons La 88e 600 habits 1 200 pantalonsLa 21e 900 habits 1 800 pantalonsFaites-moi envoyer par un officier du génie une reconnaissance, avec croquis, du Fayoum et de toute la partie que vous avez parcourue. Toutes les fois qu’il y aura au dépôt de votre division 50 hommes de disponibles, on vous les enverra.Donnez-moi le plus souvent possible des nouvelles des Mameluks.

Bonaparte

Collection Napoléon

 

Publié dans:Desaix, l'expédition d'Egypte |on 22 janvier, 2008 |2 Commentaires »

Passation de pouvoirs, Kleber commandant en chef de l’armée d’Egypte.

 

 

Commandement de l’armée d’Égypte laissé
au général Kléber ; Instructions et conseils
Au général Kléber

Quartier général, Alexandrie, 5 fructidor an VII
(22 août 1799)

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Général, un ordre pour prendre le commandement en chef de l’armée. La crainte que la croisière anglaise ne reparaisse d’un moment à l’autre me fait précipiter mon départ de deux ou trois jours.

Je mène avec moi les généraux Berthier, Lannes, Murat, Andréossy et Marmont, les citoyens Monge et Berthollet.

Vous trouverez ci-joints les papiers anglais et de Francfort jusqu’au 10 juin ; vous y verrez que nous avons perdu l’Italie ; que Mantoue, Turin et Tortone sont bloqués. J’ai lieu d’espérer que la première de ces places tiendra jusqu’à la fin de novembre. J’ai l’espérance, si la fortune me sourit, d’arriver en Europe avant le commencement d’octobre. Vous trouverez ci-joint un chiffre pour correspondre avec le Gouvernement et un autre pour correspondre avec moi.

Je vous prie de faire partir, dans le courant d’octobre, Junot ainsi que les effets que j’ai laissés au Caire et mes domestiques. Cependant je ne trouverais pas mauvais que vous engageassiez à votre service ceux qui vous conviendraient.

L’intention du Gouvernement est que le général Desaix parte pour l’Europe dans le courant de novembre, à moins d’événements majeurs.

La commission des arts passera en France sur un parlemen­taire que vous demanderez à cet effet, conformément au cartel d’échange, dans le courant de novembre, immédiatement après qu’ils auront achevé leur mission. Ils sont, dans ce moment, occupés à ce qui reste à faire, à visiter la haute Égypte. Cepen­dant, ceux que vous jugeriez pouvoir vous être utiles, vous les mettriez en réquisition sans difficulté.

L’effendi fait prisonnier à Aboukir est parti pour se rendre à Damiette. Je vous ai écrit de l’envoyer en Chypre. Il est porteur, pour le grand vizir, de la lettre dont vous trouverez ci-jointe la copie.

L’arrivée de notre escadre de Brest à Toulon et de l’escadre espagnole à Carthagène ne laisse aucune espèce de doute sur la possibilité de faire passer en Égypte les fusils, les sabres, pistolets, fers coulés dont vous avez besoin et dont j’ai l’état le plus exact, avec une quantité de recrues suffisante pour réparer les pertes de deux campagnes. Le Gouvernement vous fera connaître alors, lui-même, ses intentions, et moi-même, comme homme public et comme particulier, je prendrai des mesures pour vous faire avoir fréquemment des nouvelles.

Si, par des événements incalculables, toutes les tentatives étaient infructueuses, et qu’au mois de mai vous n’ayez reçu aucun secours ni nouvelles de France, et si, cette année, malgré toutes les précautions, la peste était en Égypte et vous tuait plus de 1 500 hommes, perte considérable, puisqu’elle serait en sus de celle que les événements de la guerre vous occasionneraient journellement, je pense que, dans ce cas, vous ne devez point vous hasarder à soutenir la campagne prochaine, et que vous êtes autorisé à conclure la paix avec la Porte Ottomane, quand bien même l’évacuation de l’Égypte devrait en être la condition principale.

Il faudrait simplement éloigner l’exécution de cette condition, si cela était possible, jusqu’à la paix générale.

Vous savez apprécier aussi bien que personne, Citoyen Général, combien la possession de l’Égypte est importante à la France. Cet empire turc, qui menace ruine de tous côtés, s’écroule aujourd’hui, et l’évacuation de l’Égypte par la France serait un malheur d’autant plus grand que nous verrions, de nos jours, cette belle province en d’autres mains européennes.

Les nouvelles des succès ou des revers qu’aurait la Répu­blique en Europe doivent aussi entrer puissamment dans vos calculs.

Si la Porte répondait aux ouvertures de paix que je lui ai faites, avant que vous n’eussiez reçu de mes nouvelles de France, vous devez déclarer que vous avez tous les pouvoirs que j’avais, entamer la négociation, persister toujours dans l’assertion que j’ai avancée que l’intention de la France n’a jamais été d’enlever l’Égypte à la Porte, demander que la Porte sorte de la coalition et nous accorde le commerce de la mer Noire, et enfin six mois de suspension d’hostilités, afin que, pendant ce temps-là, l’échange des ratifications puisse avoir lieu.

Supposant que les circonstances soient telles que vous croyiez devoir conclure ce traité avec la Porte, vous ferez sentir que vous ne pouvez pas le mettre à exécution qu’il ne soit ratifié ; et, selon l’usage de toutes les nations, l’intervalle entre la signature d’un traité et sa ratification doit toujours être une suspension d’hostilités.

Vous connaissez, Citoyen Général, quelle est ma manière de voir sur la politique intérieure de l’Égypte ; quelque chose que vous fassiez, les chrétiens seront toujours nos amis. Il faut les empêcher d’être trop insolents, afin que les Turcs n’aient pas contre nous le même fanatisme que contre les chrétiens, ce qui nous les rendrait irréconciliables. Il faut endormir le fanatisme en attendant qu’on puisse le déraciner. En captivant l’opinion des grands cheikhs du Caire, on a l’opinion de toute l’Egypte et de tous les chefs que ce peuple peut avoir. Il n’y en a aucun moins dangereux pour nous que des cheikhs qui sont peureux, ne savent pas se battre, et qui, comme tous les prêtres, inspirent le fanatisme sans être fanatiques.

Quant aux fortifications, Alexandrie et El-A’rych, voilà les deux clefs de l’Égypte. J’avais le projet de faire établir, cet hiver, des redoutes de palmiers : deux depuis Sâlheyeh à Qatyeh, deux de Qatyeh à El-A’rych ; une de ces dernières se serait trouvée à l’endroit où le général Menou a trouvé de l’eau potable.

Le général de brigade Sanson, commandant le génie, et le général de brigade Songis, commandant l’artillerie de l’armée, vous mettront au fait chacun de ce qui regarde son arme.

Le Citoyen Poussielgue a été exclusivement chargé des finances ; je l’ai reconnu travailleur et homme de mérite. Il commence à avoir quelques renseignements sur le chaos de l’administration de ce pays.

J’avais le projet, si aucun événement ne survenait, de tâcher d’établir, cet hiver, un nouveau système d’imposition, ce qui aurait permis de se passer, à peu près, des Coptes. Cepen­dant, avant de l’entreprendre, je vous conseille d’y réfléchir longtemps ; il vaut mieux entreprendre cette opération un peu trop tard qu’un peu trop tôt.

Des vaisseaux de guerre français paraîtront indubitable­ment cet hiver à Alexandrie ou à Bourlos ou à Damiette. Faites construire une batterie ou une tour à Bourlos. Tâchez de réunir 5 ou 600 Mameluks que, lorsque les vaisseaux français seront arrivés, vous ferez arrêter dans un jour au Caire ou dans les autres provinces et embarquer pour la France. Au défaut des Mameluks, des otages d’Arabes, des cheikhs-el-beled qui, par une raison quelconque, se trouveraient arrêtés, pourraient y suppléer. Ces individus, arrivés en France, y seraient retenus un ou deux ans, verraient la grandeur de la nation, prendraient de nos mœurs et de notre langue, et, de retour en Égypte, nous formeraient autant de partisans.

J’avais déjà demandé à plusieurs fois une troupe de comédiens ; je prendrai un soin particulier de vous en envoyer. Cet article est très important pour l’armée et pour commencer à changer les mœurs du pays.

La place importante que vous allez occuper en chef va vous mettre à même de déployer les talents que la nature vous a donnés ; l’intérêt de ce qui se passe ici est vif, et les résultats en seront immenses sur le commerce et la civilisation ; ce sera l’époque d’où dateront de grandes révolutions.

Accoutumé à voir la récompense des peines et des travaux de la vie dans l’opinion de la postérité, j’abandonne l’Égypte avec le plus grand regret. L’intérêt de la patrie, sa gloire, l’obéissance, les événements extraordinaires qui viennent de s’y passer, me décident seuls à passer au milieu des escadres ennemies pour me rendre en Europe. Je serai d’esprit et de cœur avec vous ; vos succès me seront aussi chers que ceux où je me trouverais moi-même, et je regarderai comme mal employés tous les jours de ma vie où je ne ferai pas quelque chose pour l’armée dont je vous laisse le commandement, et pour consolider le magnifique établissement dont les fondements viennent d’être jetés.

L’armée que je vous confie est toute composée de mes enfants ; j’ai eu, dans tous les temps, même au milieu de leurs plus grandes peines, des marques de leur attachement dans ces sentiments ; vous le devez par l’estime et l’amitié toute particulière que j’ai pour vous, et pour l’attachement vrai que je vous porte.

Bonaparte

Dépôt de la guerre

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