Archive pour la catégorie 'IL Y A DEUX SIECLES.'

Il y a deux siècles.

Sujets traités dans cette rubrique.

 

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 Même le diable n’y avait pas pensé.

Une fantastique opération de propagande. 

La révolte de Fouesnant.

Chouannerie et guerres de Vendée.

Les pestiférés de Jaffa.

La page sombre de l’épopée napoléonienne.

Fournier Sarlovèse  ou  une légende tenace…

C’était dans le journal.

Un métier d’autrefois.

La Justice Révolutionnaire.

Profanation des tombes royales.

Bérézina, la bataille de Bolchoï-Stakhov.

Relation du passage de la Bérézina.

Un jeu de carte oublié.

En finir avec les légendes.

 

Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 12 novembre, 2007 |Commentaires fermés

Une fantastique opération de propagande.

La mort du jeune Barra ou Bara.

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 .La naissance d’une légende.

 

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Joseph Barra est un jeune enfant de 13 ans engagé volontaire, qui demande à l’automne 1792, de pouvoir servir comme tambour au 8e de hussards dans les troupes républicaines combattant en Vendée. Mais lors de l’attaque de Jallais par les Vendéens le 17 frimaire an II (30 novembre 1793),  il est tué, frappé au front d’un coup de sabre, il tombe et meurt à l’âge de 14 ans, en pressant la cocarde tricolore sur son cœur.

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La légende qui se développe alors explique que le jeune Barra est pris à partie près de Cholet par des Chouans. Contraint de crier « vive le Roi! » afin de sauver sa vie, le jeune Barra préfère mourir en criant « vive la République! » et tombe sous les coups des royalistes..

Etrange histoire que celle du jeune tambour, Joseph Barra,

que Robespierre voulut faire entrer au Panthéon.

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Une fantastique opération de propagande. dans IL Y A DEUX SIECLES. Acte-de-naissance-de-Bara-300x255

 Acte de baptême de Joseph Bara.

 Né à Palaiseau le 30 juillet 1779, tué le 30 novembre 1793, neuvième enfant d’un garde chasse du prince de Condé. Trop jeune pour pouvoir s’engager dans l’armée, Joseph Barra sert de domestique à un ami de son père, le général Desmares, de l’armée de Bressuire.

Alors qu’il promène deux chevaux à travers les prés, il est attaqué par des voleurs qui le tuent pour s’emparer de ses montures.

Cette mort paraît si héroïque, pour un enfant d’un âge ordinairement insouciant et consacré au jeu, que le général Desmares décide d’en donner avis à la Convention et envoie un rapport au ministère de la guerre sur la conduite généreuse du garçon et demande à la Convention de secourir sa famille, très pauvre.

Afin de mieux cacher sa défaite (car il fut en réalité battu à Jallais), le général Desmares, préfère mettre l’accent sur l’épisode fameux de la mort du petit Joseph Barra.. 

 Rapport du général Desmares au ministre de la guerre (1 décembre 1793).

J’implore ta justice et celle de la convention pour la famille de Joseph Barra. Cet enfant m’a accompagné depuis l’année dernière, monté et équipé en hussard. Toute l’armée l’a vu charger toujours à la tête de la cavalerie, elle a vu ce généreux enfant terrasser deux brigands qui avaient osé l’attaquer. Ce faible enfant entouré hier (30 novembre) par les brigands, a mieux aimé périr que de se rendre et de leur livrer deux cheveaux qu’il conduisait. Se bornant à sa nourriture et à son habillement, il faisait passer à sa mère ce qu’il pouvait se procurer. Il l’a laissée avec plusieurs filles et un jeune frère infirme sans aucune espèce de secours. Elle demeure à Palaiseau, district de Versailles.

L’exemple de Bara semble de nature à exciter le patriotisme et le civisme parmi la jeunesse, son histoire est citée dans les recueils d’actions héroïques, où il est bientôt rejoint par Joseph Agricol Viala  un autre jeune tambour des armées de la nouvelle république.

(Mais qu’on ne s’y trompe pas, les Bara, Viala et autres jeunes de vertu républicaine n’ont été que des outils de propagande. Les révolutionnaires ont maintes fois manifesté leur peu d’égards pour les enfants.)

Le 8 nivôse (28 décembre 1793) suivant, Robespierre, désireux de tirer profit de cette histoire, car il est dans un contexte de lutte contre les Hébertistes, propose à la tribune de la Convention de décerner les honneurs du Panthéon au jeune héros. Le député Barère surenchérit en demandant que la gravure qui doit représenter l’action héroïque de Joseph Barra, de Palaiseaux, soit faite aux frais de la République, et envoyée par la Convention nationale dans toutes les écoles primaires.

Le décret suivant est voté:

La Convention Nationale décerne les honneurs du Panthéon au jeune Barra. Louis David est chargé de donner ses soins à l’embellissement de cette fête nationale. La gravure qui représentera l’action héroïque de Joseph Barra sera faite aux frais de la République, d’après un tableau de David, un exemplaire, envoyé par la Convention nationale, sera placé dans chaque école primaire.

Le transfert au Panthéon n’aura jamais lieu et le tableau jamais exécuté.

La Convention décide que la patrie adopte la mère de Barra. Le 10 prairial an II (29 mai 1794), cette pauvre femme est admise avec deux de ses enfants dans l’enceinte de l’Assemblée et prend place quelques instants à côté du président, qui était alors Prieur de la Côte-d’Or. Des applaudissements unanimes s’élevèrent et se prolongèrent dans toutes les parties de la salle. Un orateur lui adressa quelques paroles de consolation; « Non, tu n’as rien perdu, lui dit-il, ton fils n’est pas mort, il a reçu une nouvelle existence, et il est né à l’immortalité. »

 Les Souvenirs de Madame de La Bouëre, dans ses souvenirs évoque  la mort du jeune Bara. Elle en parle comme d’un  » petit pillard » qui aurait tenté, de s’emparer de deux chevaux chez des paysans, et aurait donc été abattu par ceux-ci. Contrairement à la légende, Bara n’est en effet pas mort au cours d’un combat. On peut aussi  penser que si les Vendéens avaient tué cet enfant pour saisir ses chevaux, le Général Desmarres aurait lancé ses hommes à leur poursuite pour venger ce crime. Pourtant il n’en a rien été.

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Inauguration de la statue de Bara  réalisée par Louis-Albert-Lefeuvre, pour la commune de Palaiseau (1881)..

 

Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 11 novembre, 2007 |Commentaires fermés

Les fusillades du champ des Martyres

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 Dans cet album, la longue liste et le nom des personnes fusillées.

Pour avoir accés directement à la liste des noms, allez directement à la page 9O .

Sources: ABIBNUM la Bibliothèque Vendéenne

Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 11 novembre, 2007 |Commentaires fermés

La révolte de Fouesnant.

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Prélude aux grands soulèvements des masses paysannes..

10 juillet 1792, la loi martiale est proclamée à Fouesnant et les gardes nationaux tiraient sur tout attroupement. Autour de l’église, plus de 500 paysans s’étaient rassemblés, à l’appel d’un des leurs:

Alain Nédellec, homme de loi (juge de Paix dans son canton) et laboureur, Nédellec voulait prendre Quimper, changer la municipalité et les juges, déraciner l’arbre de la liberté.

Les révoltés ne tinrent pas longtemps devant les 150 gardes nationaux et 16 gendarmes de Quimper, qui bien armés donnérent l’assaut, et suite à une vive fusillade les révoltés s’enfuirent.

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Le lendemain, les vainqueurs défilaient dans Fouesnant, encadrant prisonniers et bléssés. 

Nédellec s’échappa et ne fut capturé que cinq mois après le 2 décembre 1792. Et comme il y avait eu des morts dans l’affaire de Fouesnant, Nédellec, fut donc condamné et exécuté le 20 mars 1793, il avait 35 ans. Il fut le premier guillotiné à Quimper. 

Mais la révolte de Fouesnant, avait une autre portée, elle était le prélude aux grands soulévements qui allaient soulever les masses de paysans contre la Révolution; la guerre de Vendée, qui embrasa plusieurs départements de mars à décembre 1793, et la chouannerie, qui s’étendit à tout l’ouest et qui dura jusqu’en 1801..

 

Le Juge qui condamna à mort Nédélec.

Joseph-Jean LE GUILLOU de KERINCUFF, président du tribunal criminel.

Né à Coray en 1748, Joseph-Jean Le Guillou de Kérincuff était d’abord avocat. Farouche partisan des réformes, il fut élu député aux Etats Généraux et à la Constituante jusqu’en novembre 1789. Il participa au Comité Permanent, et fut élu premier Maire de Quimper en janvier1790. Dès novembre, il abandonna cette tâche, pour celle de Juge au Tribunal de District. En janvier 1792, il devint Président du Tribunal Criminel du Finistère, et occupa ce poste jusqu’à la fin de la Révolution (sauf pendant la « régénération » où il sera même emprisonné). Nommé Juge au Tribunal d’Appel de Rennes en 1800, il y finit sa carrière en 1816 comme Premier Président à la Cour. Il mourut à Quimper en 1823.

 .Pour consulter le jugement du tribunal criminel de Quimper. Cliquer ici

.Rapport sur la capture de Nédellec. 

                                  Document pdf.  La révolte de Fouesnant. dans IL Y A DEUX SIECLES. pdf

 

 

Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 11 novembre, 2007 |Commentaires fermés

Campagne de Syrie

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 Mars 1799.  le premier massacre colonial moderne. 

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Un courrier intercepté, révèle que les Ottomans préparent une expédition. Bonaparte passe aussitôt à l’offensive. En cas de coup d’état royaliste, il espère rentrer en France, mais en l’absence de navires, la voie maritime est pour le moins compromise. Dans ce contexte, comme il le confiera plus tard, et à plusieurs reprises, il envisage une conquête de l’Empire ottoman et un retour en France par Constantinople. Mais celui qui se veut un nouvel Alexandre rêve aussi de s’emparer des Indes et d’y bâtir un Empire. Avec un corps expéditionnaire de treize mille hommes, l’un ou l’autre projet requiert une forte armée locale. Quoi qu’il en soit, les Britanniques prennent la menace au sérieux.

El-Arich, dans le Sinaï, est prise le 20 février 1799 après un siège de treize jours. Les assiégés capitulent dans des conditions très favorables, mais les accords sont aussitôt trahis par les Français. Les Mamelouks sont envoyés en Égypte, les mercenaires engagés de force. Délié de toute promesse, le reste des troupes part en Syrie rejoindre Djezzar Pacha le « boucher » maître de la région.

Gaza, prise sans combat le 24 février, les Français trouvent vivres et munitions.

Le 28, Ramallah est l’objet de quelques pillages malgré l’absence de résistance. Mais les montagnards , que les Français appellent les Naplousains, ne faiblissent pas. La percée de Bonaparte se réduit bien vite au seul littoral. Aux avant-postes, l’aide de camp Eugène de Beauharnais parvient en vue de Jérusalem. Il est aussitôt rappelé. L’effort doit être porté tout entier sur Djezzar, replié dans Saint-Jean d’Acre.

Dernière étape sur la route, Jaffa est assiégée le 3 mars 1799. Le 7, le chef d’état-major Berthier entame des négociations à la demande du général en chef. Le parlementaire envoyé pour exiger la reddition est décapité, sa tête brandie en haut des remparts. Le général en chef se voit contraint d’ordonner l’assaut. Les troupes se rendent maîtres d’une grande partie de la ville en trois heures. Bonaparte résume ainsi les vingt-quatre heures qui suivent: « La fureur du soldat était à son comble, tout fut passé au fil de l’épée; la ville, ainsi au pillage, éprouva toutes les horreurs d’une ville prise d’assaut. » Sur les cinq mille hommes de la garnison, deux mille meurent au combat ou durant les pillages. Les autres trouvent refuge dans de vastes bâtiments, formés d’une grande tour entourée de constructions.

Les aides de camp Beauharnais et Croisier, envoyés en reconnaissance, obtiennent leur reddition contre promesse de leur laisser la vie sauve, malgré l’arrêt de mort prononcé contre toute la garnison de la ville prise d’assaut.

À leur retour, Bonaparte s’emporte en apprenant la nouvelle: « Que veulent-ils que j’en fasse? Ai-je des vivres pour les nourrir? Des bâtiments pour les transporter en Égypte et en France? » Les aides de camp font savoir qu’ils se sont trouvés en bien mauvaise posture. « Il fallait mourir et ne pas m’amener ces malheureux! » leur est-il répondu.

Les exécutions commencent le 8 mars et se poursuivent jusqu’au 10. Pour épargner les munitions, la tâche est achevée à la baïonnette. Un témoignage publié en 1979, dix-neuf lettres écrites par François Bernoyer, chef de l’atelier d’habillement de l’armée d’Orient, laisse entendre qu’un sort semblable est réservé aux femmes ramenées au camp par les soldats pour en faire le commerce.

S’appuyant sur les Mémoires de Bourrienne, de nombreux historiens accréditeront la version d’un conseil de guerre de trois jours ayant précédé les exécutions. Or celles-ci commencent le 8 mars. On ne trouve aucune trace d’une telle réunion, et Bonaparte n’en fait jamais état. Quelques centaines de prisonniers sont épargnés, presque tous égyptiens.

Devant le scandale suscité par ces massacres en Angleterre et dans la contre-révolution, Bonaparte cherchera à se justifier, invoquant la gêne représentée par cette masse de prisonniers, et le fait d’avoir reconnu parmi eux neuf-cents combattants présents au siège d’El-Arich, qui n’auraient pas tenu parole. Ce contingent, s’il existait (on a vu que les Français avaient eux aussi trahi leurs promesses) ne pouvait représenter plus d’un quart à un tiers des soldats en présence. La raison du massacre est ailleurs.

Dans son rapport au Directoire, Bonaparte ne cherche pas à dissimuler à ses chefs son action à l’égard de la garnison de Jaffa, qu’écrit-il : « Quatre mille hommes des troupes de Djezzâr ont été passés au fil de l’épée; il y avoit huit cents canonniers: une partie des habitans a été massacrée. » Il mélange donc les massacres du 7 et ceux du 8. Pourtant ceux-ci sont différents.

Le 7 : pas de négociation, pas de reddition.  massacres et violents combats de rues menés par des soldats difficilement contrôlables et qui se terminèrent dans les ténèbres de la nuit. 

Le 7 :  tout répond aux lois de la guerre relatives aux villes prises d’assaut.

Le 8 : négociation suivie de reddition. Massacre ordonné hors combat, contre un ennemi sans arme et qui s’était rendu. Tout pouvait ce jour là être réfléchi sereinement avec l’assurance que les ordres allaient être exécutés à la lettre.  

Le 8 :  aucune loi n’autorisait  Bonaparte à se débarrasser des prisonniers. 

Confiant dans la portée de son geste, il fait le 9 mars cette déclaration aux Palestiniens: « Tous les efforts humains sont inutiles contre moi, car tout ce que j’entreprends doit réussir,  si je suis terrible pour mes ennemis, je suis bon et miséricordieux pour mes amis. »  une partie des prisonniers vient de la garnison d’El Arish et sont parjures. Mais aussi de mentir pour se justifier auprès de la troupe : « si nous ne les tuons pas nous courrons à la famine ». 

Tous ceux qui ont rapporté ces faits n’ont jamais mélangé les deux massacres et n’ont expliqué le second, non pas au nom des lois de la guerre, mais au nom des justifications du général en chef.

L’armée reprend sa route le 14.

Le siège de Saint-Jean d’Acre commence le 19. Mais les soldats de Djezzar ont compris qu’ils n’avaient rien à perdre, et le siège est levé dans la nuit deux mois plus tard.

L’armée se replie sur Jaffa, où la peste fait des ravages. Bonaparte ordonne à Desgenettes d’administrer aux malades une dose mortelle de laudanum, mais ce dernier refuse. L’ordre est appliqué par le pharmacien en chef de l’armée. Une trentaine de soldats sont empoisonnés, d’autres abandonnés au Mont Carmel. Sept survivront, et raconteront leurs déboires à l’arrivée des Anglais. Par orgueil semble-t-il, Bonaparte a refusé de leur confier les blessés.

La propagande contre-révolutionnaire saura tirer profit de l’événement, portant jusqu’à cinq-cents le nombre des empoisonnés.

Le tableau de Jean-Antoine Gros, fondateur de l’orientalisme et de la propagande impériale, fait référence au deuxième séjour de Bonaparte à Jaffa. L’anecdote est tirée du témoignage de Desgenettes, pourtant peu enclin à la théâtralité. Jacques-Philippe Vioart écrit que, sur la toile de 1804, les Français « ont pris l’air et le caractère du pays ». Conforme à sa légende, entouré d’officiers supérieurs, Bonaparte apparaît comme un être d’exception, respectueux de la hiérarchie mais attentif à chaque soldat.

Aux postures antiques et au décor oriental, il faut ajouter une référence thaumaturgique que Chateaubriand est le premier à souligner, dix ans plus tard, en 1814 : « Dans les arts, même servitude: Buonaparte empoisonne les pestiférés de Jaffa; on fait un tableau qui le représente touchant, par excès de courage et d’humanité, ces mêmes pestiférés. Ce n’était pas ainsi que Saint-Louis guérissait les malades qu’une confiance touchante et religieuse présentait à ses mains royales. »

Les massacres de Jaffa ne firent pas grand bruit en leur temps. Lors du salon de 1804, l’Anglais John Pinkerton, de passage à Paris, fait état de rumeurs sur les crimes de Bonaparte. La propagande a porté ses fruits jusqu’à nos jours, en France tout au moins.

Mais cette expédition marque surtout un réel tournant dans l’attitude de Bonaparte. Débarquée huit mois plus tôt avec des principes républicains, l’armée fusille en masse des prisonniers. Les techniques pour tenter de garder le contrôle du pays, annoncent celles, profondément destructrices, de la campagne d’Algérie, où l’on retrouve de nombreux vétérans d’Égypte. Les fusillades de Jaffa apparaissent comme le premier massacre colonial français moderne, un avant-goût des massacres dans la conquête du Tchad, par les colonnes infernales de Voulet et Chanoine, qui juste un siècle plus tard, vivront jusqu’au bout leur rêve mortifère d’un royaume colonial, détaché de la métropole.

Dans la retraite, le général Kléber reçoit l’ordre de pratiquer la politique de la terre brûlée.

Quelques années plus tard, l’Empereur confie à Chaptal: « Il n’y a que Wellington et moi, en Europe, capables d’exécuter ces mesures. Mais il y a cette différence entre lui et moi, c’est que cette France, qu’on appelle une nation, me blâmerait, tandis que l’Angleterre l’approuvera. Je n’ai jamais été libre qu’en Égypte. Aussi m’y suis-je permis des mesures pareilles. »

Sources: Olivier Favier  (Quand la France s’inventait en Syrie.)

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Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 11 novembre, 2007 |Commentaires fermés

Chouannerie et guerres de Vendée.

 

Le petit journal août 1894.

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La petite patriote.

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La légende  de l’article nous dit :

Dans le bivouac des Vendéens, est amenée une trés jeune fille, sur cette enfant on a trouvé une cocarde tricolore. 

C’est une espionne, une patriote, une ennemie.

On lui fait subir un interrogatoire sévère, et la petite qui a vu fusiller quelqu’un des siens a bien peur.

Mais l’interrogatoire restera bon enfant, elle est encore si près du berceau.

 Chouannerie et guerres de Vendée. dans IL Y A DEUX SIECLES. barre..

« Soyons terribles pour éviter au peuple de l’être » Danton.

 Scène de guerre et d’horreur a l’ouest.

 Souvenez-vous, c’était la guerre civile et les Français s’égorgeaient.

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La tête coupée de Louis XVI est un message aux têtes couronnées. Hors des frontières, l’écho est très négatif, la majorité des intellectuels et journalistes, condamne cette mort inutile. La France devient le pays des sans-culottes anthropophages et sanguinaires. En réponse, la guerre se généralise, l’Angleterre, l’Espagne et le piémont se joignent aux Autrichiens et Prussiens. La menace qui pèse sur toutes les frontières renforce le durcissement de la politique intérieure. La Convention décide donc de lever des hommes supplémentaires.

La Pratique d’en appeler à des volontaires n’est pas nouvelle lorsque la Convention vote, en février 1793, la levée de trois cent mille hommes. Mais le contexte politique et social est, à ce moment là, très tendu. Une partie de la population française est contrariée par l’incomplète abolition des privilèges, elle ne comprend pas la necessité de la constitution civile du clergé, et s’inquiète du cours et de la valeur de l’assignat. A ce malaise, s’ajoutent les modalités de la levée, les départements qui ont peu donné de volontaires sont priés de faire un gros effort, et le tirage au sort, une ancienne institution honnie qui date de l’ancien régime, menace…. La France se soulève, mais les émeutes vendéennes prendront une dimension unique et s’étendront jusqu’à la Bretagne après la pitoyable et misérable  « Virée de Galerne ».

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Les paysans brulent les titres féodaux, dénoncés si souvent dans les cahiers de doléances.

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Les prêtres réfractaires, sont devenus clandestins, ils célèbrent les offices religieux en plein air.

messeenmer dans IL Y A DEUX SIECLES.

ou en pleine mer..

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Les émeutes.

 .La levée de 300 000 hommes fut déterminante dans le soulevement des paysans.

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Bagarre entre paysans et patriotes.

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Ci-dessus, la mort de Sauveur, telle qu’elle fut représentée comme victime de la barbarie des insurgés.

« Cette scène c’est passée à la Roche-Bernard, entre Nantes et Vannes, les paysans trainent Sauveur, ( président du directoire du district) au pied d’un calvaire pour lui faire faire amende honorable, mais à l’ordre de crier vive le Roi ! il répond par  vive la République! ».   .

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 1793.

La guerre entre français commence.

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Le 3 mars 1793, les habitants de Chollet rassemblés sur une place pour le tirage au sort font savoir haut et fort qu’ils ne partirons pas. Cette foule clame :  nous ne donnerons pas nos nom pour le tirage au sort.  Une salve de fusil pour disperser les émeutiers, mais quelques hommes tombent. Cette contestation va devenir de la fureur et nombreux sont les hameaux gagnés par la révolte.

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Le 10 et 11 mars 1793, le bourg de Machecoul est attaqué par les insurgés, causant la mort de centaine d’habitants.

Ce massacre fut considéré par les républicains comme un exemple de cruauté des révoltés Vendéens. Pourtant les deux camps rivalisaient de barbarie et de cruauté..

Les Vendéens, ont besoin de chefs.

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 Les paysans Vendéens, demandent à Cathelineau de prendre la tête de leur insurrection.

Surnommé  « le Saint d’Anjou », de sont engagement dans les troupes insurgés en mars 1793, et de sa mort le 14 juillet 1793, seulement une épopée de quatre mois.

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12 mars. Révolte à Saint Florent le Vieil. (Maine et Loire).

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13 mars. Prise de Jallais. (Maine et Loire). 

Prise du château de Jallais, où des soldats de ligne et des gardes nationaux tiennent garnison, par des paysans commandés par Cathelineau.

C’est lors de l’attaque du château de Jallais, que les Vendéens, prennent leur premier canon qu’ils nomment  ” le Missionnaire”.

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14 mars. Prise de Chollet. (Maine et Loire).

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15 mars. Combat de Coron. (Maine et Loire).

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 19 mars. Attaque du général Marcé par les insurgés. Bataille de Mané-Corohan. ( Morbihan).

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22 mars. Prise de Chalonne. (Maine et Loire).

Cathelineau conservera une immense influence sur les paysans, et il combattit  à Chalonne avec sa bravoure ordinaire.

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23 mars. Massacre de paysans à Pornic. (Loire Atlantique).

Pornic.  Le Vieux Château. Léon Gaucherel

27 mars. Prise de Pornic, (Loire Atlantique). les insurgés s’emparent de la ville.

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29 avril. Charette repousse les républicains autour de la ville de Legé. (Loire Atlantique).

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1 mai.  Prise d’Argenton le Chateau ( Deux Sèvres) par La Rochejaquelein .

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 2 mai. Investissement de Bressuire. ( Deux Sèvres). 

Le 2 mai, la ville de Bressuire est prise par l’armée catholique, les insurgés y trouvent  du pain, de la farine, des cartouches et de la poudre laissé là par le général Quétineau qui s’est replié très rapidement sur Thouars.

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5 mai. Prise de Thouars. ( Deux Sèvres).

Le général Quétineau s’est replié sur Thouars, la clé d’accès au Poitou, ceci gêne les Vendéens,  alors ils  attaquent le 5 mai dès 6h du matin. En milieu de matinée les troupes de La Rochejaquelain et de Lescure ont franchi la rivière et l’artillerie Vendéenne aux ordres de Marigny fait céder la porte principale de la ville. Le général Quétineau est obligé de capituler.

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13 mai. Prise de Parthenay par les Blancs ( Deux Sèvres), et la Chataigneraie. (Vendée). 

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24 mai. Prise de Fontenay-le Comte. (Vendée). 

 Les insurgés récupèrent à cette occasion 42 canons, 5000 fusils et 240 prisonniers. Mais incapable de maintenir une garnison dans la ville, Fontenay est évacuée par les Vendéens le 27 mai.

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9 juin. Prise de Saumur (Maine et Loire). Prise de Machecoul (Loire Atlantique) par Charette et Cathelineau.

 Le 9 juin la bataille de Saumur s’engage. La colonne de Lescure doit prendre à revers les redoutes Républicaines, violemment accrochée par un régiment de cuirassiers elle finit par les repousser mais Lescure est blessé dans cette affaire.

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29 juin. Echec des blancs devant Nantes. Cathelineau blessé.

Lors de l’attaque de Nantes, Cathelineau est blessé d’une balle à la poitrine. Il est ramené à l’arrière puis évacué à Saint Florent le Vieil où il meurt le 14 juillet.

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14 juillet. Mort de Cathelineau à Saint Florent le Vieil. (Maine et Loire).

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   26 juillet. Bataille de Ponts de Cé. (Maine et Loire).

 La glorieuse légende du célèbre épisode de la Roche des Murs:  Acculée sur cette roche qui se dresse à pic et domine la Loire près des Ponts de Cé, la troupe républicaine, dans un acte héroique, plutôt que de se rendre, se précipite dans le fleuve. Seuls restent sur la corniche l’épouse du commandant du 8° bataillon et son enfant, protégés par un soldat qui se sacrifie pour les protéger tandis qu’elle décide de se jeter quand même dans le vide. 

Voici certainement la véritable histoire, en cliquant ici, les témoignages sur cet épisode.

 

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14 août. Defaite de Luçon. (Vendée).

L’artillerie légère des bleus,  plus une mauvaise entente entre les chefs cause la déroute chez les Vendéens lors de cette bataille en rase campagne. 

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 Septembre 1793, la Convention vote la Terreur à l’ordre du jour. 

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(les femmes obligent leurs hommes à retouner combattre.)

 10 septembre. Défaite de Charette à Port Saint Père. (Loire Atlantique).

Les 9 et 10 septembre, les Mayençais ( bleus ) s’emparent successivement de Port-Saint-Père, Saint-Philbert-de-Grandlieu, Legé, le quartier général de Charrette, Remouillé, Montaigu et de Clisson le 17 septembre.

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16 Octobre , le tournant de la Guerre de Vendée.  

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(Source: canalblog.com/archives/2010/10/16/19344230.html)

L’offensive républicaine d’octobre 1793.

                                       14 octobre. l’Armée des Mayençais quitte Montaigu pour Tiffauges, tandis que celle de Luçon, commandée par Marceau, marche sur les Herbiers. La première entre le 15 octobre dans Mortagne, que les Vendéens viennent d’ évacuer.

 

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  15 octobre. Bataille au lieu dit ” La Tremblaye”. (Maine et Loire). Lescure blessé mortellement

 Lescure tente d’arrêter les Bleus à La Tremblaye, le 15 octobre. Il doit se replier sur Cholet, après avoir été grièvement blessé à la tête.

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           16 octobre. Les soldats républicains rassemblés devant Mortagne se heurtent à leurs adversaires sur une ligne allant de Saint-Christophe-du-Bois à l’ouest, jusqu’au château de la Tremblaye à l’est. D’Elbée commande l’aile droite des Vendéens, Lescure l’aile gauche. Dans ce combat, Lescure reçoit un coup qui lui sera mortel. Les blancs perdent confiance et se replient alors sur Cholet qu’ils sont par manque de munitions obligés d’évacuer.

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17 octobre .Défaite à Cholet.(Maine et Loire).  Bonchamps blessé mortellement.

 La Rochejacquelein, aidé de Bonchamps et Elbée, lance l’offensive sur Cholet. A l’issue de combats violents, les insurgés finissent par céder et s’enfuient en direction de la Loire.

L’armée vendéene prise de flanc dans les landes de Cholet, est dispersée et mise en fuite par les bleus républicains.

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La sépulture de Bonchamps, profanée par les bleus.

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Une décision va engager les Blancs dans une campagne tragique:

la Virée de Galerne.

 Le 18 octobre.  80000 Vendéens, dont la moitié de combattants passent la Loire à Saint-Florent-le-Vieil.

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C’est le début de la Virée de Galerne.

L’objectif des « Blancs » est de rejoindre les Chouans et d’atteindre un port, ce sera Granville. Ils espèrent en effet les renforts d’un débarquement anglais dans le port Normand.

 

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18 octobre. Début de la “ Virée de Galerne “.

 

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 Sur les quatre vingt mille environ qui,  le 18 octobre, ont passés la Loire, on estime généralement qu’ils ne sont pas plus de quatre mille à revoir leur pays. Et le comble de l’horreur est pourtant encore à venir.

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20 octobre. Carrier arrive à Nantes et va semer la terreur.

Le supplice de la baignoire nationale, a fait l’objet de multiples descriptions toutes aussi atroces.

( Rappelé par la Convention, Carrier, le missionnaire de la Terreur, est jugé pour cruauté excessive et guillotiné le 16 décembre 1794 ).

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 22 octobre. Victoire des insurgés à Entrammes ( Mayenne) conduits par La Rochejaquelein.

La bataille commença sur les collines au nord d’Entrammes, elle dura toute la journée. La Rochejaquelein s’y distingue à la tête de toutes les attaques, et surtout dispersant jusqu’à Château-Gontier l’armée républicaine.

 L’armée républicaine est totalement mise en déroute, et ses débris ne se rallient qu’à Angers. 

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23 octobre. Jean Chouan rejoint les vendéens de la ” Virée de Galerne”.

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4 novembre. Décès de Lescure. ( Lescure est mortellement touché à la tempe gauche ).

Transporté par l’armée des “brigands”, après la défaite de Cholet, il passe la Loire à St Florent le Vieil le 18 octobre.  Sa blessure s’aggrave à mesure que l’armée vendéenne avance dans cette “virée de galerne”.  Sur le chemin de Granville, Lescure apprendra la mort de la Reine Marie Antoinette, à laquelle, il était très dévoué.

Il décèdera  le 4 novembre 1793, entre Ernée et Fougères, dans la voiture qui le transporte, sur la route de Granville. Le marquis de Donnissan le fera inhumer, à l’insu de Mme de Lescure, aux abords de la ville de Fougères dans un lieu resté inconnu. Sa dépouille ne sera jamais retrouvée.

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C’est décidé, à défaut  de Saint-Malo, jugé trop difficile à prendre, ce sera Granville.

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  Mort du maire de Granville, Clément Desmaisons, lors du siège de la ville par les Vendéens.

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15 novembre. Défaite des blancs à Granville. (Manche).

Les batailles pour s’emparer de Granville, sont très meurtrières, plus de 2000 morts. Les républicains forts de 11000 hommes commandés par le commissaire Julien, est largement victorieuse. Et les Anglais n’arrivent toujours pas, ” puisque les alliés ne sont pas au rendez-vous, rentrons dans nos chaumières”. 

L’echec de Granville, sonne le glas de leurs derniers espoirs, c’est désormais le reflux.

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 Le retour des Vendéens est infiniment plus dramatique que l’aller.

Marceau, qui a la confiance de l’armée, assure le commandement en chef. Les combats de Pontorson, d’Antrain et de Dol, sont très meurtriers.  

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13 décembre. Défaite du Mans. 

Après le combat, le général Marceau, vainqueur, ne peut contenir ses propres soldats et ni les sans culottes, entrainés au carnage par le maire. Les enfants, les vieillards et les femmes des brigands sont traqués et massacrés. C’est ainsi que quelques officiers et habitants tentent de sauver ceux qu’ils viennent de battre. De même, durant ces combats d’Autichamps, fait prisonnier, doit la vie sauve à son cousin, Saint-Gervais, officier républicain, qui le déguise en hussard.

Acculés à la Loire, vers Ancenis, seuls trois ou quatre cents Vendéens à peine atteignent l’autre rive.

Les autres repartent vers l’ouest, ils évitent les villes de Nantes et Chateaubriant trop bien défendues, ils sont rejoints par les bleus à coté de la bourgade de Savenay

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23 décembre. Les insurgés sont écrasés à Savenay. (Loire Atlantique).

La troupe acculée contre la Loire est attaquée, mais il ne sera fait aucun prisonnier, tous seront tués.

La tragique épopée s’achève sous le sabre de celui qui s’applique toujours davantage à mériter son surnom de ” boucher de la Vendée “, et auquel il convient de laisser le dernier mot.

“  Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains, annonce Westermann au Comité de Salut Public. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay, suivant les ordres que vous m’aviez donnés. J’ai écrasé les enfants sous les pieds des cheveaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands, qui prétendent se rendre prisonniers. Kléber et Marceau, ne sont pas là, nous ne faisons pas de prisonniers, il faudrait leur donné le pain de la Liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire ”.

On a coutume de prendre cette date du 23 décembre 1793 pour marquer la fin de la guerre de Vendée, mais à compter de ce jour, on entre dans la  ”chouannerie”. 

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Une autre guerre commence, celle de l’embuscape et de la clandestinité. 

La chouannerie.

Au lendemain de la bataille de Savenay, son commandant le général républicain Marceau, homme honnète, indigné par ce qu’il a vu après la victoire de son armée, a demandé son transfert. Il est remplacé par le général Turreau, celui-ci décide de pratiquer la politique de la terreur et de la terre brûlée, il va créer les fameuses et célèbres ” colonnes infernales ”, car la république ne se sent pas encore maitre de l’Ouest, alors il faut se débarasser définitivement de la Vendée.

 

1794.

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D’Elbée, blessé est réfugié à Noirmoutier, là, il est capturé par les troupes du général Haxo qui s’est emparé de l’ile. Très affaibli par ses blessures, ne pouvant se tenir debout, il est fusillé dans un fauteuil le 6 janvier 1794.  Son épouse sera fusillée le lendemain par les mêmes soldats.  

 

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Le fauteuil dans lequel d’Elbée aurait été exécuté. 

6 janvier. Execution de d’Elbée à Noirmoutier (Vendée)..

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 La Convention va faire le plus mauvais des choix, mettre la terreur à l’ordre du jour. Les abus qui découleront de cette décision feront de cette période la plus noire de l’histoire de France et ne résoudront rien, bien au contraire.

Le génocide du peuple vendéen programmé!

 À présent débarrassés de l’armée vendéenne, les révolutionnaires peuvent mettre en œuvre leur plan d’extermination. Protégé de Robespierre, le général Turreau en est chargé. Ses troupes, les Colonnes infernales, déferlent sur la Vendée, semant partout la mort et l’incendie. Les comptes rendus des généraux républicains sont implacables de vérité sur les massacres qu’ils commettent. Traumatisés par ces crimes, les Vendéens survivants reprennent les armes et parviennent à contrer la marche des Colonnes.

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   21 janvier. Début des colonnes infernales du général Turreau.

 Le plan de Turreau est simple, il répartit ses troupes en deux armées de douze colonnes chacune, avançant de l’est et de l’ouest à la rencontre l’une de l’autre avec pour mission de ” passer à la baïonnette”, hommes, femmes, enfants convaincus voire même simplement suspectés d’avoir pris les armes contre la République, incendier les villes, les villages, les bois, les landes, les métairies de la région entière, à l’exception de treize localités qui sont déclarées patriotes. Ces troupes vont être rapidement surnommées les ” colonnes infernales”, pour la raison des ravages systématiques qu’elles opèrent. Cependant, la Convention rappelle Turreau, le 13 mai 1794, et le suspend de ses fonctions..

Turreau n’attachait pas d’importance à l’espèce rebelle, et ne voyait vraisemblablement pas de problème éthique à massacrer toute une population, dès lors qu’il était couvert par le comité de salut public.

Question du général Turreau à la Convention, le 17 janvier 1794. « Que doit-on faire des enfants, des femmes, des suspects, des prisonniers ? » 

Réponse de la Convention sous la plume de Barère de Vieuzac. « Tue ! Tue ! Extermine les brigands jusqu’au dernier ! » 

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Interrogatoire Talmont. (Son interrogatoire se passe selon les règles de la justice révolutionnaire, privé de défenseur, l’accusé doit répondre d’actes pour lesquels sa condamnation est acquise avant même le procès).

27 janvier. Exécution du prince de Talmont.

Pendant la Virée de Galerne, il dirige l’attaque qui conduit à la prise de Fougères après la défaite du Mans, il veut rejoindre Jean Chouan, mais le 30 décembre 1793 il est arrêté au moulin de Malagra. Conduit à Rennes, il est condamné à être guillotiné devant son château de Laval. La tête sanglante de Talmont, fut mise sur une pique et exposée au-dessus de la porte de la grille du château,  les jours suivants, la tête du prince fut enterrée dans la cour du château.

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« Si de ma vie dépend le bonheur de la Vendée, alors je suis prêt à la sacrifier toute entière » (Henri De La Rochejaquelein) 

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28 janvier. La Rochejacquelein tué, stupidement, dans une embuscade à Nuaillé, par un prisonnier républicain. ( Maine et Loire).

Le corps de Henri de La Rochejacquelein est enseveli à la hâte, il sera inhumé plus tard dans l’église de Saint-Aubin de Baubigné, sa ville natale.

Stofflet a pris tous les moyens pour dissimuler sa mort le plus longtemps possibles aux vendéens. C’est seulement le 13 Février 1794 que Turreau communique au Comité de Salut Public, depuis Saumur :  « Le général Cordelier me marque que La Rochejaquelein est tué et enterré à Trémentines. Trente rapports me sont faits sur cet événement et tous s’accordent. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’était pas à Cholet et que c’était son armée qui attaquait cette ville ; elle était commandée par Stofflet. J’ai ordonné à Cordelier de faire déterrer La Rochejaquelein et d’acquérir des preuves de sa mort. »

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8 février. Stofflet prend Cholet  ( Maine et Loire)..

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20 mars. Charette victorieux aux Clouzeaux ( Vendée).

 Le général Nicolas Haxo tué aux  Clouzeaux.

 A la bataille de Cholet, son sang-froid et la précision de ses manœuvres amenèrent la victoire prête à échapper aux républicains. C’est à lui qu’on dut, en 1794, la prise de Noirmoutiers. Il périt les armes à la main, écrasé par le nombre, à la malheureuse journée de la Roche-sur-Yon. Un décret de la Convention ordonna qu’il serait élevé, au milieu du Panthéon, une colonne sur laquelle serait gravé le nom du général Haxo..

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 13 avril. Général républicain Beysser exécuté à Paris.

Voila le remerciement de la Convention envers ses généraux.

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 17 mai. Baron Turrreau suspendu de ses fonctions,  pour méthodes inhumaines.

” On est plus occupés à se battre pour le pillage que pour la république “, s’alarme Dubois-Crancé, ancien président de l’Assemblée, il n’est pas seul à se rendre compte de la folie qui s’empare des hommes du général Turreau, Kléber tente de s’y opposer, Haxo s’effraye des dérives qu’il constate, on attaque avec un acharnement qui est de l’horreur. En exemple le petit village de Lucs-les- Boulogne ou l’église est incendiée et dans laquelle 500 femmes et enfants ont été enfermés.

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 Les colonnes infernales répandent la mort et le feu sur leur passage  et jusqu’au 17 mai 1794. Allant bien au-delà des ordres, les colonnes massacrent la population civile et militaire, torturent, violent, massacre et ne laissent que désolation sur leur passage. Turreau n’est pas seul coupable. Il partage les responsabilités avec le comité de Salut Public et avec certains de ses généraux. Le comité a validé chacune de ses propositions tandis que certaines colonnes se délectaient de cette sale besogne et commettaient plus d’exactions que Turreau ne le préconisait. Oui, je le crois, Turreau est coupable, il porte une responsabilité importante dans ce génocide, il ne faudrait pas pour autant qu’il soit l’arbre qui cache la forêt. Le gouvernement parisien, et certains militaires républicains sont tout autant coupables que lui. Le 17 mai 1794 , Turreau est suspendu. Le 29 septembre il est arrêté. Acquitté le 19 décembre 1795, faute de preuve. Il continue sa carrière militaire enchaînant les commandements et les distinctions. Il meurt le 10 décembre 1816, à Conches..

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La Closerie des Poiriers, maison de Jean Cottereau, dit “Jean Chouan “, existe toujours et elle peut se   visiter à Saint-Ouën-des-Toits en Mayenne .

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25 juillet. Mort de Jean Chouan dans le bois de Misedon ( Mayenne ).

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16 décembre. Carrier guillotiné à Paris.

Carrier, le député du Cantal, représentant en mission,  responsable de la répression à Nantes dans l’automne et l’hiver 1793-1794. Les actes que Carrier a couverts sont terribles, mais l’homme ne se différenciait pas de ses collègues reconvertis en épurateurs (Barras, Tallien, Fouché, Le Bon, Javogues, etc…).  L’un de ses dénonciateurs, soutenus par Fouché qui se fait ainsi oublier, est Babeuf, qui vient d’être libéré et a des comptes à régler avec Robespierre. La France apprend avec horreur les noyades et « les mariages républicains », les fusillades, les massacres et viols, dont Carrier et deux de ses proches se sont rendus coupables. En décembre 1794,  à la suite d’un procès suivi par la France entière, les trois hommes sont exècutés.  

Ce « missionnaire de la Terreur », ne mérite pas une gravure, il a laissé un souvenir tellement sanglant dans la ville de Nantes et ses environs.

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 1795.

Les Vendéens se sont réorganisés et repris possession de leur territoire. Incapable de les mater, les républicains concèdent une paix favorable à leurs adversaires. Pour un temps seulement, car la reprise en main des armées par le général Hoche aura raison des derniers combattants royalistes en 1796. 

 17 février. Accords de la Jaunaye. 

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Traité d’amnistie signé par les représentants du peuple près les armées de l’Ouest pour la pacification de la Vendée

20 avril. Accords de la Mabilais.

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Le traité de la Mabilais, signé entre le général Hoche et les chefs chouans, met fin théoriquement à l’insurrection bretonne. Mais seulement sur le papier car, en réalité, il n’apaise pas les esprits, le parti royaliste conserve une rancune tenace contre la République et particulièrement contre Hoche, son plus sérieux adversaire. Aussi voit-on resurgir des partisans prêts à attenter à la vie du pacificateur de l’Ouest. C’est le cas d’un nommé Charles-Martial Teyssière, vivant à Rennes mais soi-disant domicilié à Paris. Teyssière ? C’est du moins le nom par lequel il se fait appeler, car sa véritable identité n’est pas connue de façon certaine. Agent actif du parti royaliste, il se dit marchand de chevaux. Le flou entourant ce personnage tient au fait que, comme la plupart de ses frères d’armes en lutte contre les bleus, il change fréquemment de patronyme afin de détourner les soupçons. Malgré l’ambiguïté qu’il entretient sur sa vie privée, l’homme est néanmoins connu de la police. Le mieux informé sur le compte de cet individu est apparemment le général Hoche lui-même, qui assure qu’il se nomme en réalité Alexandre Rossignol, maquignon intrigant qui arrondit ses fins de mois dans la chouannerie, où il jouit d’une confiance générale. Et c’est donc ce Rossignol Alexandre, qui, sur une place de Rennes, déchargera ses pistolets en direction du général Hoche, mais celui-ci ne sera pas atteint.

2 mai. Traité de Saint- Florent signé par Stofflet.

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25 mai. Cormatin arrêté et conduit à l’ile Pelée ( Manche ).

Le baron Cormatin, chef d’état-major du comte de Puisaye, se fait, chez les chouans, le champion de la négociation, il n’aura de cesse de rallier les chefs chouans de Morbihan et de l’Ille et Vilaine, et parvient à persuader un certain nombre d’entre eux de se rendre au chateau de la Mabilais, pour discuter les modalités d’un accord qui aboutira à la signature d’une trêve le 20 avril 1795. Le texte est inspiré de celui  de la Jaunaye, ou les insurgés s’engagent à cesser le combat, en échange de quoi la république promet de cesser toute poursuite contre les insoumis et les émigrés, d’autoriser le culte des prêtres réfractaires, et de dégager des indemnités pour les pertes subies du fait des hostilités.

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17 juin. Boishardy tué à Moncontour ( Côtes d’Armor ).

Dans la nuit du 17 au 18 juin 1795, un détachement du camp de Meslin découvre sa cachette grâce à un traitre. Atteint de trois coups de fusils tirés par le capitaine Ardillos, Boishardy s’écroule dans un verger près de la chapelle de Saint-Malo. Un soldat lui coupe la tête et, à six heures du matin, le macabre trophée est promené dans les rues de Moncontour, d’abord posé sur le rebord d’une fenètre, puis à Lamballe et enfin le cadavre est jeté dans l’étang de Launay.

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Lettre d’indignation du général Hoche, au sujet de la mort de Boishardy. Les deux assassins ne seront que très légèrement punis. .

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25 juin. Débarquement de Quiberon ( Morbihan ).

La contre-révolution débarque d’Angleterre au cœur de la bretagne. En fait, si l’uniforme est anglais, il s’agit essentiellement d’émigrés, venus pour rétablir la monarchie. Bien que celui-ci semble s’être déroulé pour le mieux, les attentes des uns vont se heurter aux espoirs des autres sans qu’il soit possible de trouver de compromis. Les chefs, tous d’abord, ne vont pas réussir à se mettre d’accord, incapables de s’entendre, ils vont en appeler à un arbitrage des anglais, erreur fatale !, pendant que les insurgés se disputent et tergiversent, les troupes républicaines, commandées par Hoche, qui a eu le temps de rassembler toutes les troupes disponibles, se préparent à  cadenasser la presque île de Quiberon.

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Hoche, dirige les opérations depuis son Q.G. à Vannes, il dispose d’une armée de 13000 hommes, il écrit à cette lettre à Paris ”ne craignez rien pour Lorient, ni des suites de la descente, elle ne fera qu’ajouter à la gloire des armées républicaines.“ Effectivement, les chouans se font refouler irrémédiablement, car ils sont les seuls à combattre, les émigrés sont restés à Carnac, ce qui fait dire à Cadoudal, ” les monstres auraient dû être engloutis dans la mer avant d’être arrivés à Quiberon.” Le 7 juillet, Hoche écrit au chef de son état-major, ” les troupes anglo-émigrés-chouans sont, ainsi que des rats, enfermés dans Quiberon, où l’armée les tient bloquées.“   

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28 juillet. Capitulation des émigrés à Quiberon.

Les derniers moments de Charles de Sombreuil, entouré des derniers combattants de l’armée Royaliste, il essaie d’enrayer l’avancée des républicains et de protéger les femmes, les enfants, les bléssés qui tentent vainement de rejoindre la flotte anglaise.

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Le désastre de Quiberon met définitivement fin à la pacification et marque le début d’une nouvelle forme de chouannerie.

 Le terme de ”chouannerie-guérilla” n’a jamais si bien défini le nouveau mouvement  insurgé.  

 

Maintenant ce sont des guerres d’embuscade.

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2 octobre. Débarquement du comte d’Artois à l’ile d’Yeu ( Vendée ).

Le 21 novembre 1795, trois émissaires vinrent remettre à Charette, une lettre du comte d’Artois. Il indiquait les raisons pour lesquelles il n’avait pu débarquer, en imputant la responsabilité aux Anglais. Il donnait aussi ses instructions quant aux prochaines campagnes et promettait de revenir, Charette eut la générosité de déclarer :

“Les Anglais ont joué nos princes et par contrecoup nous ont indignement trahis,  il ne nous restera de ressources qu’en nous-mêmes et nos moyens sont faibles”..

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1796.

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10 janvier. Circulaire du général Hoche.

Le 20  nivôse an IV. Pour qui, pourquoi portez-vous les armes ? Est-ce pour rétablir vos seigneurs, leurs droits féodaux, la dîme, les corvées personnelles, la gabelle, les impôts et billots, etc…? Vous protégez vos bourreaux, et vous vous armez contre ceux qui veulent vous rendre à vos droits naturels !.

Valeureux défenseurs de l’Etat, c’est principalement à vous qu’il appartient de faire respecter et de chérir le régime républicain. N’oubliez jamais que, si vous devez aussi protéger l’innocent, accueillir le faible, et respecter la propriété de tous.. 

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25 février. Stofflet fusillé à Angers.

Le 22 février, les bleus, avertis de la présence d’insurgés au lieu-dit La Saugrenière, y envoient un détachement qui, au petit matin, capture Stofflet..

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29 mars. Charette fusillé à Nantes.

Le 23 mars 1796, Charette, acculé dans un bois, près de la Chaboterie, est fait prisonnier par le général Travot. Il est exécuté place Viarme, à Nantes le 29 mars, après avoir refusé le bandeau qu’on voulait poser devant ses yeux..

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18 juin. Les chefs des insurgés se rendent à Vannes, afin de faire leur soumission.

19 juin. Cadoudal rend les armes au général Quantin..

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16 juillet. Le directoire annonce au conseil la pacification de la Vendée.

Après la mort de Charette les Vendéens rendent les armes. Hoche termine la pacification en Anjou et en Bretagne. Le 15 juillet 1796 le Directoire annonce que les troubles dans l’Ouest sont apaisés, et ce, grâce à l’action de Hoche.  Hoche reçoit les honneurs de la patrie..

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1797.

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19 septembre. Mort du Général Hoche.

Hoche est le général qui est venu à bout de la Vendée. Cet homme intelligent et d’une exceptionnelle honnêteté a servi son pays avec abnégation. A 25 ans, il était général, commandant en chef de l’armée de Moselle. Deux ans plus tard, il mettait fin à la guerre civile en pacifiant la Vendée et la Bretagne. Toujours respectueux de ses hommes, de la discipline et dans le respect de ses adversaires, il a su mettre fin au conflit vendéen. Il meurt  le 19 septembre 1797 à Wetzar (Prusse) à l’âge de 29 ans, d’une tuberculose, ( certains ont parlé d’un empoisonnement, )  alors qu’il sert encore et toujours son pays, cette fois en Prusse.  Les honneurs militaires lui sont rendus. La Vendée de son côté organise des funérailles d’honneurs à la mémoire de celui qui y a ramené la paix.

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1799.

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15 septembre. Réunion des chefs insurgés au chateau de la Jonchère ( Vendée ).

15 octobre. Reprise des combats dans plusieurs villes du grand Ouest..

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1800.

 

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13 janvier. Pacification proposée par le général d’Hédouville.

13 février. Traité de Beauregard.

 La chouanerie a pris fin le 13 février 1800, date à laquelle, Cadoudal signera à Saint-Avé, le traité de Beauregard, par lequel il accepte de mettre bas les armes.

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  Conclusion.

 Les guerres qui ont ravagé l’ouest du pays prennent fin avec le traité de Beauregard, mais les contre-révolutionnaires s’agitent toujours, Cadoudal a été contraint à cette paix, mais il reste toujours insoumis. De retour en Bretagne, après son séjour en auprès du comte d’ Artois en Angleterre, Cadoudal prépare sa dernière bataille, tout simplement l’enlèvement de Bonaparte! Mais ce projet n’est un secret pour personne, Polignac, Moreau, Rivière, Pichegru, ses principaux complices, sont arrêtés par la police de Fouché avant d’avoir pu agir.

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Le 9 mars 1804, Cadoudal, est arrêté à son tour rue des Boucheries, après une véritable course poursuite dans les rue de Paris, il sera jugé en compagnie de 41 accusés, condamné à mort et exécuté le 12 juin 1804. 

La mort de Cadoudal, ne met pas fin au courant de contestation, mais désormais le conflit va être politique, les Bretons et Vendéens soignent leurs profondes blessures, la guerre de Vendée aura duré de 1793 à 1796, et la chouannerie jusqu’à 1800.

On eut prévenu l’insurrection de l’ouest, si on n’avait pas rendu la révolution odieuse à ceux même qui devaient en recueillir les fruits, si on eut mis plus de modération, de justice, de prudence, d’impartialité dans l’exercice du pouvoir. 

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C’était une armée de géants.

« Et même les chiens ont compris, ils n’aboient que contre les bleus. »

 

Les chefs Vendéens et Chouans, morts pour leurs idées.

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François Athanase de Charette de la Contrie.

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Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein.

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Jean Nicolas Stofflet.

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Charles Melchior de Bonchamps.

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Antoine-Philippe de La Trémoïlle prince de Talmont.

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Jacques Cathelineau.

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Georges Cadoudal.

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Maurice, Joseph, Louis Gigost D’Elbée.

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Marie Pierre-Louis,comte de Frotté.

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Pierre-Jean-Baptiste Constant, comte de Suzannet.

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Gaspard de Bernard de Marigny.

(Le seul chef vendéen fusillé injustement par les siens sur ordre de Stofflet)

 

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Louis-Marie de Salgues, marquis de Lescure.

  

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La marquise de La Rochejaquelein.

 Elle est l’auteur des mémoires les plus célèbres consacrés à la guerre de Vendée. 

La plupart des commandants et des généraux n’avaient aucune pratique de l’art militaire. C’étaient, à peu d’exceptions prés, des jeunes gens, des séminaristes, des bourgeois, des paysans. La cavalerie était encore plus surprenante que l’infanterie. Elle était sur des chevaux de meuniers, de colporteurs, de poissonniers,  avec des brides et des étriers de corde et des sabots. Aussi n’a-t-elle guère été employée que dans les déroutes, pour la poursuite de l’ennemie. Cependant, ce sont ces troupes si ignorantes, si mal équipées, et dans le commencement sans canons et presque sans fusils, dont aucun de munition, qui d’abord avec leur courage et leur enthousiasme, puis avec des talents qu’une prompte expérience développa, firent trembler la république, conquirent une partie de la France, obtinrent une honorable paix, et défendirent leur cause avec plus de succès et de gloire que toutes les puissances alors coalisées. 

( Mémoires de la Marquise de La Rochejaquelin )

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N’oublions pas cette armée de braves paysans qui sont morts en héros.

 Ceux-là n’avaient pas la noblesse du nom, ils avaient celle du coeur, et leur âme fière et libre en a fait des héros dignes de figurer à côté des grands chefs de cette gigantesque épopée.

L’orsqu’on jugeait nos paysans, c’était bientôt fait, on leur disait: Vous faisiez partie de l’armée des brigands?   Ils répondaient: Il ne faut pas mentir. Oui, monsieur. Vous vous êtes battus? – Oh! oui, monsieur.  C’était fini, on les rentrait à la prison et on les exécutait deux heures après. Ils s’en allaient en priant Dieu et disant aux prisonniers qu’ils rencontraient: “Adieu, nous allons en paradis, vive le roi!” 

Ils avaient l’air aussi tranquilles que s’ils avaient suivi une procession. Ils n’avaient pas un mot pour s’excuser  au tribunal, n’avaient fait aucune plainte pendant les deux heures qu’ils attendaient la mort et priaient avec le plus grand calme, sans pleurer ni murmurer, ni se plaindre.  

  Leur nom n’est pas resté dans l’Histoire, mais c’est à nous de nous en souvenir.

Voici comment l’histoire des Vendéens et des Chouans s’acheva et fut oubliée par l’Histoire de France, voilà comment on obligea une région à fêter le 14 juillet qui marquait la mort de ses enfants, voilà comment on inscrit sur les murs des monuments parisiens les noms de généraux criminels de guerre, voilà comment un pan de l’histoire fut occulté et la mémoire travestie camouflant l’holocauste,  on parlera alors de  mémoricide. 

 Les scélérats même qui paraissent conduire la révolution, n’y entrent que comme de simples instruments, et dès qu’ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. Ceux qui ont établi la république, l’ont fait sans le vouloir et sans savoir ce qu’ils faisaient; ils y ont été conduits par les événements, un projet antérieur n’aurait pas réussi.  Jamais Robespierre, Collot ou Barère, ne pensèrent à établir le gouvernement révolutionnaire et le régime de la Terreur, ils y furent conduits insensiblement par les circonstances, et jamais on ne reverra rien de pareil. Ces hommes, excessivement médiocres, exercèrent sur une nation coupable le plus affreux despotisme dont l’histoire fasse mention, et sûrement ils étaient les hommes du royaume les plus étonnés de leur puissance. (Joseph de Maistre, Considérations sur la France.)

   Les listes des éxécutés lors des fusillades du champ des Martyres. 

Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 11 novembre, 2007 |15 Commentaires »

Les pestiférés de Jaffa.

    Propagande et mensonges d’un tableau..

Au salon de 1804, entre la proclamation de l’Empire et le Sacre, Antoine-Jean Gros présente un tableau de sept mètres sur cinq au musée du Louvre, tout juste rebaptisé musée Napoléon. Le Premier Consul lui en a fait commande l’année précédente.

 Afin de faire oublier un épisode noir de la campagne d’Égypte, Jean Antoine Gros représente Bonaparte en thaumaturge courageux se préoccupant du sort de ses soldats.

Mais c’est bien le tableau, Les Pestiférés de Jaffa, qui assoit sa réputation d’artiste officiel. . 

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La mise en valeur du héros.

La scène se déroule dans un monastère arménien transformé en hôpital de fortune, et fait place à la cour d’une mosquée. La partie droite, où Bonaparte, entouré de son état-major, visite et réconforte les malades français touchés par l’épidémie, est baignée de lumière et renforce l’idée d’un Occident vainqueur. La partie gauche, où des médecins arabes sont impuissants à secourir des mourants, est placée dans la pénombre qui convient à un Orient vaincu. À l’arrière-plan, on voit la brèche ouverte par l’armée républicaine, des fumées rappellent la dureté des combats lors de la prise de la ville signifiée par un drapeau tricolore qui flotte au-dessus des murailles. Presque au centre de la composition, Bonaparte, le héros sans peur, touche la plaie d’un soldat demi-nu, quand le chirurgien en chef Desgenettes essaie de l’en dissuader. Il est habité d’un calme qui contraste avec l’anxiété de son entourage. Devant lui, agenouillée et disproportionnée, presque spectrale, est plantée une figure d’homme nu recevant des soins d’un médecin arabe chrétien. Cet homme jette au général un regard qui s’apparente à une supplique.

Une histoire tragique.

Le tableau présente un général guérisseur impassible, prêt à risquer sa vie pour réconforter des malades. La réalité historique est hélas tout autre. D’une part, la prise de la ville fut suivie d’une répression terrible et impitoyable. Les soldats turcs, qui s’étaient rendus contre la promesse d’être libérés s’ils acceptaient de ne plus porter les armes, furent massacrés, transpercés de coups de baïonnettes afin d’épargner les munitions. « Il se forma, puisqu’il faut le dire, une pyramide effroyable de morts et de mourants dégouttant le sang, et il fallut retirer les corps déjà expirés pour achever les malheureux qui, à l’abri de ce rempart affreux, épouvantable, n’avaient point encore été frappés » écrit François Yiot, commissaire adjoint des Guerres dans ses mémoires pour servir à l’histoire des expéditions en Égypte et en Syrie.

D’autre part, en ce qui concerne l’épisode de la visite aux pestiférés, un témoin oculaire, Fauvelet de Bourrienne, secrétaire de Bonaparte, écrit dans ses Mémoires: « Je marchais à côté du général, j’affirme ne l’avoir pas vu toucher à un pestiféré ».

Cette commande avait donc pour but de transformer l’ordonnateur d’un carnage en guérisseur, et du même coup de blanchir la réputation ternie du général meurtrier.

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 .« En Égypte, je me trouvais débarrassé du frein d’une civilisation gênante. Je rêvais toutes choses et je voyais les moyens d’exécuter tout ce que j’avais rêvé. »  Napoléon Bonaparte.

Campagne de Syrie, le premier massacre colonial.(lien.)

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Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 11 novembre, 2007 |1 Commentaire »

La page sombre de l’épopée napoléonienne.

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 Les soldats oubliés de Napoléon..

Mais aussi et surtout de la mémoire collective.

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  Cabrera, c’est l’envers du décor de l’épopée Napoléonienne.

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Ceci est le récit d’un épisode oublié, d’un des événements les moins connus, tel qu’il fut noté dans les journaux de certains prisonniers ou consigné dans les documents de leurs geôliers. Les prisonniers étaient tous de simples soldats ou des sous-officiers, ils se contentèrent de raconter ce qu’ils avaient vu et vécu, ils n’avaient que leur propre histoire à raconter. Ceux qui survécurent y parvinrent grâce à leur ténacité, à leur ingéniosité, à leur bonne fortune et à la générosité occasionnelle de leurs gardiens.

Cabrera fut le premier camp de concentration de l’histoire !

Au large de l’Espagne, à moins de dix kilomètres de l’île de Majorque, se trouve l’île désertique de Cabrera (ou l’île de la chèvre), cet endroit fut le théâtre d’un des épisodes les plus tragiques des conquêtes de Napoléon, un épisode si tragique, qu’à Palma on ne l’évoquait qu’à voix basse tant la peur des démons endormis y restait grande.

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C’est ainsi qu’après quatre mois de pontons, deux mille neuf cent soixante-dix-neuf sous-officiers et soldats français débarquèrent le 5 mai 1809 à sept heures du soir sur quelques 17 kilomètres carrés d’un désert de cailloux.

Puis pendant cinq ans, de mai 1809 à mai 1814, cette île servit de prison, à près de 12000 soldats de l’empire, les meilleurs soldats de Napoléon, après la défaite de la bataille de Baylen.

Oubliés des autorités espagnoles qui les laissèrent croupir dans les pires conditions, ces soldats vaincus, déshonorés, furent totalement et volontairement oubliés par la France et surtout par Napoléon, qui, par son ambition démesurée excusait pas la défaite. (140 ans plus tard, Staline en fera de même avec les prisonniers russes.)

Cependant, Cabrera, ne fut qu’un désastre mineur parmi toutes les atrocités et horreurs de la guerre d’Espagne.

Le sort des prisonniers de Baylen, est né de quelques événements clés:

- La manière totalement inadaptée dont le général Dupont, commanda ses armées sur le champ de bataille.

- La décision cynique des Espagnols et des Anglais de violer les termes de la capitulation et de garder les Français sur le sol espagnol.

La capitulation de Baylen signée par le Général Dupont le 24 juillet 1808 prévoyait le rapatriement des troupes françaises au port de Rochefort. Mais ce traité qui déplaisait fort aux Anglais ne fut pas respecté. L’indifférence de Napoléon ne fut d’aucune aide à ces prisonniers français qui furent tout d’abord dispersés dans la campagne du sud de l’Espagne puis conduits à Cadix après la victoire de la Grande Armée à Madrid en décembre 1808 et enfermés sur les vaisseaux français capturés dans la baie pendant quatre mois. «Sur les pontons qui renfermaient chacun des centaines de prisonniers, les morts des Français atteignaient parfois 15 à 20 par jour.».

Ponton Bateau Prison

- Le transfert des prisonniers des pontons (ces bateaux prison) de Cadix, vers les Baléares, où les conditions de détention auraient en théorie dû être meilleures, et surtout le refus des habitants de Majorque et de Minorque de recevoir les prisonniers sur les deux îles principales.

- Le veto opposé par les britanniques à un échange de prisonniers lors des premiers temps de leur détention.

Dans l’épopée napoléonienne, jusqu’en 1812, la victoire est toujours au rendez-vous et les perdants n’ont pas de place, ils sont rejetés au ban de la nation, mieux vaut pour eux mourir au combat. Mais lorsque la défaite est suivie d’une capitulation, l’opprobre atteint le maximum. C’est ce qui advint en Espagne, suite à la défaite de Baylen où l’armée du général Dupont de l’Etang fut contraint de capituler devant les troupes du général Espagnol Javier de Castanos.

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Pour la première fois, une armée française était vaincue, qui de plus sans avoir véritablement combattu, Dupont s’est laissé piéger par mépris de l’adversaire. Sa capitulation, livre 17000 hommes aux Espagnols. A cette nouvelle la colère de Napoléon fut à son comble. Mais les soldats que Dupont, avait entraînés dans cette capitulation en furent les principales victimes.

Leur sort devait être réglé par une convention qui prévoyait leur rapatriement dans un port français. Mais cette convention ne fut pas respectée et la plupart d’entre eux croupirent sur les pontons devant Cadix.  “Sur ces bâtiments, où l’on nous avait entassés par cinq ou six cents, on n’osait pas nous faire mourir de faim, mais on nous distribuait des vivres empoisonnés, c’était du pain de munition, noir et rempli de substances terreuses, du biscuit plein de vers, des viandes salées qui se décomposaient par vétusté, du lard rance et jauni, de la morue gâtée, du riz, des pois et des fèves avariés, point de vin, point de vinaigre; aucun moyen de préparer nos aliments  et pour comble de malheur, par une chaleur excessive et avec une nourriture si propre à exciter la soif, on nous refusait l’eau, ou du moins on nous en donnait en si petite quantité, qu’elle s’absorbait telle que des gouttelettes qui tomberaient sur un fer ardent”,  avant d’être envoyés dans les Baléares, sur l’île déserte de Cabrera, où allait se poursuivre leur terrible détention.

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C’est l’enfer qu’allaient découvrir les prisonniers français en arrivant sur cet îlot rocheux situé au sud de Majorque, Cabrera, fut le lieu de détention de plus de 6000 soldats français capturés en Espagne au cours de combats de 1808.

Les Espagnols, en guerre contre Napoléon, étaient très embarrassés par ces prisonniers, s’ils les renvoyaient en France, ils risquaient de les voir revenir combattre sur leur sol, mais en même temps, ils ne souhaitaient pas les garder sur le continent, où l’armée française pouvait intervenir à tout moment. On décida donc de les transférer dans les îles de Baléares, mais devant les protestations des habitants de Majorque, ne voulant pas être envahis par des soldats que l’on disait atteints de maladies, ils furent finalement débarqués à Cabrera, l’île inhospitalière où ils vécurent dans des conditions inhumaines.

Les soldats enfermés à Cabrera et surveillés par des navires croisant au large, furent les oubliés de l’Histoire, oubliés des autorités espagnoles qui les laissèrent croupir dans des conditions difficiles, leur assurant à peine un ravitaillement minimal, oubliés aussi par la France, qui n’avait que faire de ces soldats déshonorés, oubliés aussi par la postérité, qui se désintéressa totalement des conditions de vie de ces hommes.

Cabrera

Livré à sa propre solitude, enfermé dans sa propre conscience, condamné à ce qui lui semble la perpétuité, le captif perd tout espoir.

L’île de Cabrera, réserve aux survivants toutes les variétés de la souffrance humaine. Un désert presque entiè­rement dépourvu de terre végétale, pas une habitation, ni animaux, des rochers, des grottes, des précipices, des arbustes épineux et rabougris, un petit bois de pins, une seule source pour toute l’île. C’est là que le gouvernement espagnol abandonne 6000 soldats français qu’il condamne à se tirer d’affaire tout seuls.  On ne leur fournit rien, pas une pioche, pas une bêche, pas un outil. On les laisse  nus sur cette terre aride. C’est à eux de se débrouiller pour se construire des abris, pour s’entretenir le peu de lambeaux de vêtements qu’ils possèdent. On ne leur livre que quelques onces de pain et de légumes, apportés, tous les quatre jours, par une barque qui vient de Palma. Tant pis si la nourriture est insuffisante, si le gros temps retarde la barque, si l’on reste quelquefois jusqu’à neuf jours sans vivres, si les uniformes usés tombent en lambeaux, si la source unique tarit presque en été, s’il faut attendre pendant vingt-quatre heures son tour pour boire une gorgée d’eau ! Le gouvernement espagnol n’en a cure.

A Cabrera, les prisonniers n’ont pas de geôlier, leur gardien, c’est la mer et lorsque quelques-uns d’entre eux s’avisent de s’échapper, les autorités espagnoles réagissent en réduisant l’approvisionnement en eau. L’île de Cabrera, devient rapidement pour beaucoup un tombeau.

Peu à peu cette nature aride va s’amonceler d’ossements humains. Cabréra va se transformer en un cimetière humain.

Affaiblis par plusieurs mois de captivité et de navigation depuis Cadix, malades, privés d’eau et de nourriture, beaucoup de soldats meurent en arrivant. Les survivants tentent de s’organiser, sous l’autorité de quelques officiers et sous-officiers détenus aussi, essayant de reproduire un semblant de discipline en reformant une unité.

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Dessin de  Louis, François Gille,sergent fourrier.

Ces hommes construisent de petites maisons près du port, bâtissant ainsi une véritable ville, d’autres se réfugient dans des grottes de la montagne et vivent en ermites. Une distribution de vivres, tous les quatre jours, leur permet de survivre , mais ils doivent faire face au problème de l’eau, rare sur cet îlot.

      «Une fois en haut de la montagne, on pouvait, par un temps clair, distinguer l’entrée du port de Palma. Là, les yeux tendus, en proie à la plus grande anxiété, on voyait s’écouler les heures. Le premier qui apercevait une voile se dirigeant vers l’île, donnait le signal par un cri de joie. Voilà la barque au pain, la voilà !  Et ce cri, descen­dant de peloton en peloton, arrivait au camp, qui y répon­dait en masse par une longue exclamation, et quand elle entrait, cette barque, on se pressait pour la saluer, on dan­sait, on sautait, on chantait, on se livrait à mille folies, c’était du délire. On courait à la distribution, et chacun en recevant sa part ne manquait pas de dire avec un soupir, moitié contentement, moitié tristesse, car dans ce qu’il si­gnifiait, il y avait du lendemain : — Allons, nous ne mourr­ons pas encore aujourd’hui !»

plan

 Une mini société s’organisa.

Président : sous lieutenant de Maussac, 4° légion de réserve.

Membres : lieutenants Avril, Carbonnel d’Hierville, Degain de Montagnac, Deschamps.

Chirurgiens : Cruzel, Fouque, Joly, Lepeltier, Thillaye, Vallin.

Très majoritairement masculine, elle compte tout de même une vingtaine de femmes et aussi des enfants, conçus par ces cantinières ou vivandières et filles à soldats, qui suivent les armées et en partagent les déboires de leurs compagnons.

La simple présence de ces femmes sur l’ile-prison constituait une offense choquante à la décence, le père Damian demandait sans cesse dans ses lettres adressées aux autorités de Palma, qu’elles fussent retirées de Cabrera.

Deux lettres fournissent l’unique liste des noms de ces femmes.

La petite Maria MURVIOSA, de Versailles.

Madame BELA, qui se prétend l’épouse de Monsieur de Guimé.

MARIA, qui se prétend l’épouse de Martin, sergent.

CRISTINA, qui se prétend l’épouse de Cosin, sergent.

CRISTIANA, allemande, qui se prétend l’épouse de Carvet, sergent grenadier

SOFIA, veuve allemande.

MARIA, qui se prétend l’épouse de Galiaco, sergent.

MARIA, qui se prétend l’épouse de Dionisio, sergent.

La GROSSE MARIA , qui se prétend l’épouse du sergent-major.

ROSA LA POLONAISE, concubine d’Antonio Bordange ( qu’elle abandonna pour s’unir à un autre prisonnier ).

LA JACQUETA, d’après un certain Jacquet ( qui fit de même et abandonna son mari pour vivre avec son premier amant).

La MARIE, une vendeuse d’eau de vie, vivait avec un sous-officier, tout en offrant ses attentions amoureuses à ses clients en échange de meilleurs vêtements. Mais elle était vieille et forte, et ne pouvait s’attacher aucun cœur, elle opta alors pour un travail dur et ingrat de blanchisseuse.

La JACQUETTE, était plus chanceuse, elle était jeune et jolie, vendait du vin et du café tout en étant également couturière. Elle distribuait généreusement ses affections à travers le camp.

La MARIE CULOTTES,  pas contente,  car son compagnon, un caporal, lui faisait porter des culottes de toile rêche, tandis que les autres femmes portaient des robes de coton. Elle quitta son caporal, pour un beau lieutenant des dragons Vidal, mais son caporal la désirait toujours et se rendait chaque jour aux quartiers de son amant pour accabler le dragon d’injures.

LA DENISE, une jolie brune qui vendait du vin et que son mari, le sergent Denis, gardait sous surveillance. Mais ses ventes de vin exigeaient parfois qu’elle sortit seule lorsqu’on lui faisait des propositions et elle finit par répondre à leurs avances, et à la suite de quoi elle fut régulièrement battue par son mari, elle dut en certaine occasion rester cachée durant deux semaines car elle était couverte de bleus.  » Ce qu’il y eut de plus beau dans son histoire, nous raconte Frossard avec mordant, c’est que le mari ne sut jamais ni le nom ni le nombre des amants de sa femme. »

Enfin et toujours selon le témoin Frossard, la plus belle négociante en vin de Cabrera, était ANGELIQUE, veuve d’un soldat d’infanterie qui avait péri sur les pontons de Cadix. Un sergent de l’artillerie, la prit sous sa protection et qui la traita bien, et considéra aussitôt comme sa femme. Le sergent ayant de l’argent alors la cantine d’Angélique, devient la plus populaire de Palais- Royal.

Finalement Angélique, fut vendue à Monsieur, le Baron de Schaunburg pour la somme de trois cents francs, payée comptant, plus une obligation de trois mille francs, payable à leur retour en France, moyennant quoi il pourrait épouser Angélique. Frossard ne sut jamais ce qu’il advint d’Angélique.

Cette société va se doter de règles, cherche à s’acclimater, à domestiquer la nature, contrôler les éléments à la manière de Robinson Crusoé, tel cet âne (Martin) découvert sur ce caillou et qui est ainsi nommé.

Les soldats lettrés apprennent à lire aux analphabètes, tandis que d’autres lancent un journal ou font du théâtre. Mais leur quotidien, c’est aussi la faim lorsque le ravitaillement n’arrive pas, l’enfermement, la chaleur et le froid, beaucoup n’ont plus de vêtements, certains que des guenilles,  mais enfin, quelques prisonniers parviennent a s’échapper de cet enfer.

Les oubliés de Cabrera furent au total près de 12000, l’île recevant régulièrement de nouveaux convois de prisonniers. Quelques centaines, principalement des officiers, furent transférés en Angleterre en 1810, mais la plupart restèrent sur place jusqu’en 1814, tout au moins ceux qui avaient survécu, car la mort frappa entre un tiers et 40 % de ces détenus. Par la suite, se posa pour eux, le problème de réinsertion dans la société, à cela près qu’ils n’obtinrent jamais la reconnaissance qu’ils attendaient de la France.

Il n’y avait pas de reporters de guerre à la bataille de Baylen, ni de journalistes sur les pontons de Cadix ou sur l’île prison de Cabrera, mais des documents militaires et des rapports parlementaires et surtout des témoins de première main.

Henri Ducor, s’enrôla comme cadet dans la marine en 1801, à l’age de 12 ans. Marin à bord du vaisseau français l’Argonaute, bloqué après la bataille de Trafalgar par la Royal Navy dans la rade de Cadix de 1805 à 1808, il fut fait prisonnier par les espagnols à Cadix en juin 1805.

Charles Frossard, fut enrôlé en 1798 à l’âge de 19 ans, vétéran des batailles de Marengo, d’Austerlitz, d’Eylau, de Friedland, sous-lieutenant dans le train d’artillerie de la garde impériale, il reçut la Légion d’honneur, il fut capturé à Baylen en juillet 1808.

Louis Gille, étudiant, fut enrôlé à Paris en 1807 à l’âge de 17 ans et fit ses classes à Lille. Fourrier dans le 3° bataillon de la 1° légion de réserve, il entra en Espagne en décembre 1807 et fut capturé à Baylen en juillet 1808.

Robert Guillemard, fut enrôlé dans un régiment de ligne à Perpignan en 1805, à l’âge de 19 ans et participa à la bataille de Trafalgar à bord du vaisseau français Le Redoutable. Fait prisonnier, il fut rapatrié en France. Après avoir servi en Prusse et en Autriche, il rejoignit les armées d’Espagne en tant que fourrier et fut capturé par des irréguliers espagnols avant d’être transféré à Majorque, puis à Cabrera, en mars 1810.

Bernard Masson, sergent, se porta volontaire en juillet 1807 à l’âge de 18 ans et fut attaché au 67) régiment de ligne, qui entra en Espagne en Août 1808. Capturé en Catalogne, il fut transféré à Cabrera en mars 1811.

R.K.Amédée de Muralt, soldat de carrière et capitaine du 1° bataillon du 3° régiment suisse, fut fait prisonnier à Baylen en juillet 1808.

Louis-Joseph Wagré, apprenti dans la boulangerie de son père près de Compiègne, fut enrolé en 1807 à l’âge de 17 ans. Caporal dans la 1° légion de réserve, il suivit son unité en Espagne et fut capturé à Baylen en juillet 1808. Conseil des prisonniers, Cabrera, 1809-1810.

Jean Baptiste Calen,  marin, originaire de Hyères.

Des ouvrages relatant la vie des prisonniers furent écrits et publiés après leur libération par une poignée de ces captifs. Vu à travers les yeux de ces vétérans, le gouvernement espagnol, avec la complicité des anglais, pratiquait une politique cynique et inhumaine envers les détenus. En revanche les prisonniers regardaient leurs gardes britanniques avec plus de considération car les équipages de la Royal Navy se laissaient parfois aller à des actes de compassion à l’égard de ces malheureux.

Pourtant ceux-ci ne pouvaient se douter que la décision qui avait empêché leur rapatriement et donc leur internement à Majorque venait de Londres.

Même si l’histoire a souvent considéré l’Espagne comme seule fautive dans la tragédie de Cabrera, il faut rappeler que les réticences britanniques au rapatriement ont largement influencé la situation. Les militaires sont donc victimes à la fois de l’indifférence napoléonienne et de l’hostilité anglo-espagnole. Pourtant, les troupes du général Junot, victimes de l’offensive britannique du 21 août, parviennent quant à elles à bénéficier d’un rapatriement négocié de l’intégralité des vaincus grâce à la convention de Cintra du 31 août 1808, certes humiliante pour les Britanniques, mais qui privilégie les Français.

Le traitement des prisonniers de Baylen par les espagnols ne fut pas foncièrement différent de celui que les alliés de l’Espagne ou l’ennemi français faisaient subir aux leurs.

Au mois de mai 1814, plusieurs transports battant pavillon blanc et commandés par un capitaine de frégate, arrivèrent à Cabrera pour ramener en France les survivants des prisonniers de guerre, qui débarquèrent peu de temps après à Marseille, où ils reçurent de la population l’accueil le plus fraternel.

Que les martyrs de Cabrera reposent en paix !

En 1847, écrit le colonel Titeux, le prince de Joinville, passant à Palma avec l’escadre française d’évolutions, apprit que les ossements des soldats morts à Cabrera restaient sans sépulture. Il les fit réunir dans une même tombe sur laquelle on plaça cette inscription : A la mémoire des Français morts à Cabrera – L’escadre d’évolutions  de 1847. L’abbé Coquereau célébra avec toute la pompe possible un service funèbre auquel assis­térent le prince, son état-major et de nombreux détachements de matelots.

Cérémonie en hommage aux prisonniers de Cabrera.

Les brillantes campagnes de 1805 à 1807 avaient électrisé tous les cœurs. Austerlitz, Eylau, Iéna, victoires immortelles qui semblaient avoir à jamais fixé la fortune sous nos drapeaux, environnaient l’état militaire d’une auréole de gloire et de plaisir. La jeunesse se portait dans les camps avec la seule crainte de ne plus trouver assez de lauriers à cueillir, je cédai, comme tant d’autres, à ces pressantes aspirations et sans attendre l’âge auquel la loi devait m’appeler, je me fis soldats à dix-huit ans. Que d’illusions dans la tête d’un jeune homme! Gloire, plaisir, fortune, je voyais tout dans la carrière que j’allais parcourir, tout excepté les épines dont elle devait être semée. Mais aussi quelle nouvelle Cassandre aurait pu prévoir que l’étoile de ma patrie allait bientôt perdre de son éclat ! 

   Bernard Masson,  sergent, 67 ° régiment de ligne.

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Quelques prisonniers originaires du Nord et du Pas-de-Calais :

BARBAGE Henry, batelier d’Armentières BREMOND Alexis, maréchal ferrand d’Avesnes COMBET, maître charron de Lille FROMENT Pierre Joseph, de Landrecies GUITELLE, maître serrurier, de Lille JOURNET, Joseph Marie, maître menuisier, de Douai PIERRE Victor, cordonnier, de Maintenay GUITELLE de Saint-Omer PEUVRELLE C.A. Joseph, de Saint Omer QUENTIN Jean Baptiste Joseph, de Saint Omer PRUVOTT, de Saint Omer 

La triste histoire de l’âne Martin.

Dès les premiers jours de leur arrivée à Cabrera, les prisonniers y avaient trouvé, paissant en liberté et abandonné , un âne étique dont ils avaient pris possession , et qui bientôt, par son bon naturel et ses services, avait acquis toute l’affection de ces hommes privés de toute communication avec la société de leurs semblables. Ils l’avaient baptisé du nom de Martin , et s’en servaient pour transporter les vivres du lieu de débarquement au camp , aux diverses baraques, et les bois et les feuillages qui devaient servir à la construction des cabanes. Martin élail l’ami de tous les prisonniers, et malheur à celui qui l’eut maltraité ; de nombreux vengeurs se fussent présentés pour sa défense. Mais on était dans un de ces moments de crise et de calamité où tous les sentiments , tous les liens même d’affection ou de parenté., disparaissent pour faire place à l’égoïste souci de la conservation personnelle.

l'anemartin

Le conseil s’assembla pour aviser aux moyens de porter quelque remède à cette affreuse situation , car la moitié des prisonniers étaient couchés dans leurs baraques, attendant la mort, d’autres erraient comme des spectres sur le rivage , regardant au large s’ils n’apercevaient pas une voile, et maudissant de grand coeur les anglais et les espagnols. Mais on était généralement convaincu que les prisonniers avaient été condamnés à mort, et qu’il avait été décidé de les laisser mourir de faim. Une voix se fit entendre dans le conseil , pour proposer un moyen extrême et affreux qui fut repoussé avec horreur, presque à l’unanimité ; mais au lieu d’un sacrifice homicide, pour prolonger de quelques instants encore l’existence de la colonie , un autre membre proposa le sacrifice de Martin. Ce ne fut pas sans peine et sans une vive discussion que cette proposition fut acceptée. Martin trouva de chaleureux défenseurs dans le conseil. 11 était le serviteur et l’ami de tous les prisonniers. Mais de sa mort dépendait le salut de la colonie , et sa mort fut arrêtée. On alla prendre le pauvre Martin sur les roches où il broutait quelques brins secs d’herbes aromatiques. Il crut qu’on venait lui demander sa corvée habituelle, le transport de quelques vivres ou de quelques broussailles. Il s’avança de lui-même et sans défiance, au devant des prisonniers, qu’il connaissait tous , et dont il recevait chaque jour les caresses, et tout-à-coup, frappé d’un coup de couteau à la gorge, il tomba, et fut à l’instant même, écorché et dépecé. Dix minutes ne s’étaient pas écoulées depuis sa condamnation, que déjà sa chair distribuée aux prisonniers, qui préparait pour les uns un triste bouillon , et pour d’autres plus pressés , grillait sur des charbons. Il était revenu , à chaque prisonnier, après une distribution aussi scrupuleusement faite que si on eut pesé de l’or , deux onces pour trois hommes , les os et les intestins compris.  

Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 10 novembre, 2007 |8 Commentaires »

C’était dans le journal…

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En 1788, les français pouvaient lire une dizaine de journaux parisiens ou provinciaux.

En 1789, il y en eut plus de deux cents.

En 1790 leur nombre dépassa quatre cents.

En l’an II  on vendit plus de cent trente titres à travers la France.

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L’abominable crime de l’épouse qui voulait se « démarier ».

Le courrier extraordinaire, 3 mars 1792. 

Pontoise, vendredi 24 février, une dame de cette ville ennuyée des noeuds qui l’attachaient à un époux a été chez le curé de sa paroisse, pour le prier de la démarier, en allèguant pour raison que le caractère de son mari et le sien étaient incompatibles, qu’elle ne voulait plus être malheureuse. Le pasteur a tenté de ramener l’esprit exalté de cette femme à des considérations de douceur, d’honnêteté publique et de décence particulière. Elle n’a point goûté ces représentations, et s’en est allée chez elle. Pour se démarier toute seule, elle s’est saisie d’une hache et en a porté un grand coup sur la tête de son mari qui est tombé baigné dans son sang. Aussitôt, elle est retournée chez le curé et lui a dit: « Ce matin vous n’avez pas voulu me démarier; eh bien, je me suis débarrassée de mon mari demain vous le porterez en terre. » Puis quittant le curé très étourdi de l’aventure, elle a été chez un menuisier, lui a dit de la suivre pour prendre la mesure d’une bière, et l’a conduit chez elle. En entrant, l’ouvrier a apercu le malheureux époux se débattant contre la mort; il a fui avec horreur, s’est rendu chez un officier public qui, sur sa déposition, a donné un mandat d’arrêt contre la coupable, dont les démarches semblent prouver une âme aliénée. 

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Gare aux engelures!

Proposée dans le n°53 des affiches de Lyon,

Il faisait froid, et il était temps de songer à se munir de sirop bronchique et d’onguents contre les engelures. Les affiches de toulouse et de Haut Languedoc prévenaient leurs lecteurs:

Manière de servir de l’eau pour les engelures, proposée dans le n°53 des affiches de Lyon, par M.Marcors, Maitre en pharmacie, rue Saint-Jean à Lyon.

« Pour les angelures qui ne sont point ouvertes, il ne s’agit que de les frotter avec un linge ou un plumasseau imbibé de cette liqueur et d’approcher la partie frottée du feu pour la faire sécher, ce qu’il faut répéter dans le moment, deux ou trois fois de suite. Si l’on a soin de s’en servir de cette manière, deux fois le jour, ces engelures sont dissipées dans l’espace de quarante-huit heures. » ..         

                                     

L’hiver est là et les boulevards sont difficiles à marcher!

La chronique de Paris.

Voilà l’hiver, pendant cette saison les boulevards sont difficiles à marcher, on y glisse souvent et pour éviter d’y glisser plus souvent encore , on y pratique un sentier le long des grilles de fer qui les bordent parce que la pente du terrain y est à peu près insensible. Là,les chutes sont moins fréquentes mais elles sont plus dangereuses puisque l’on peut tomber sur des pointes de fer. Cet ecueil menace à chaque pas les vieillards, les étourdis, les hommes ivres, ceux qui,comme moi, portent eux-mêmes  et habituellement leurs enfants, ces chers créatures, espoirs de la république, nés parmi les orages et destinés à récolter d’abondantes moissons de bonheur. N’a-t-on pas assez de l’inquiètude que causent les carrosses dans les rues de Paris, où il n’y a pas encore de trottoirs, où la plus légère distraction fait courrir un danger, sans être obligé de porter encore une sollicitude conservatrice sur les routes que ne nous disputent pas les chevaux! 

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 Les petites annonces.

Les Annales ou Affiches du 15 juillet.

Demandes:

- On désirerait trouver une place dans une voiture pour aller en poste, la fin de ce mois, en Auvergne. S’adr. à M.Martin de Gibergues, rue et hotel de Moussy. 

- On voudrait trouver pour accompagner un jeune homme dans ses voyages un paticulier honnête et d’un âge mûr qui sût le latin, l’Allemand, l’Anglais, l’Italien, la Géographie et les Mathématiques. S’adr. à M.Delamotte, rue de la Verrerie.

- On voudrait emprunter 6000 liv. avec priv. sur environ 80000 liv. de bien-fonds et caution. S’adr. à M. le Sieur. Proc, rue St. Eustache, n°35.

- Un homme âgé de 45 ans qui sait bien écrire, servir, faire la cuisine, panser un cheval et mener cabriolet, voudrait être placé. S’adr. à M.de Mauroy, huissier, rue de la vieille Monnaie, n°28.

- Une jeune femme mariée et sans enfant qui sait bien coiffer, blanchir, travailler le linge et faire la cuissine, voudrait être placée chez une personne seule. S’adr. à M.le Chev.d’Igneaucourt, rue de l’Hirondelle, n°28.

- Un homme de 25 ans sachant coiffer, raser, écrire, faire l’office, parler Franc. Ital.et Allem, voudrait être placé. S’adr. à M. le Chevalier huiss. à la Cour des Aides, rue Croix des Petits Champs, n°14.

- Un jeune homme qui a une belle main et qui est au fait de la tenue des livres, de la comptabilité et de la correspondance, n’étant employé que dès matin, voudrait trouver de l’occupation pour l’après-midi. S’adr. à M. DE Breuil, Controleur gén. de l’Administration des Domaines et Bois, rue Mélé, n°70.

- La garde bourgeoise, après avoir conduit dans le jardin du Palais-Royal, le particulier qui, le 15, a eu l’avantage d’apporter le premier les nouvelles de Versailles et qui a descendu à la grande entrée de ce Palais n’ayant pu retrouver le cheval qu’il montait, prie les personnesz qui pourront en donner des nouvelles, de s’adresser à M. Fontaine, Palais-Royal n°82.

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La pomme de terre, ce précieux végétal.

Les soirées de la campagne, 17 brumaire an II.

- La pomme de terre, ce précieux végétal, qui se plante après toutes les semailles, qui se récolte après toute les moissons, et dont le rapport est dix fois plus considérable que celui du blé, a souffert beaucoup de la sécheresse de l’été dernier, une grande quantité de ces tubercules, arrétés dans leur croissance, sont restés d’une telle petitesse que la plupart des cultivateurs négligent  de les récolter, ou les abandonnent, sans profit marqué, à leurs porcs ou bestiaux.Ne perdons pas de vue,en outre, qu’à la saison prochaine nous devons faire les plus grands efforts pour en cultiver le plus qu’il nous sera possible. Citoyens, pensez que la pomme de terre est un de vos moyens de subsistance le plus indépendant de tous les évènements.

                 lecture du journal. 

 

Condamnations.

Le journal de Paris.

- Monthoson, âgé de 36 ans, ci-devant officier du régiment de Bassigny, originaire de Bordeaux, demeurant rue du Mail à Paris, a été condamné à 8 ans de fers et préalablement exposé pendant 4 heures à un poteau sur la place de la Révolution, convaincu d’avoir favorisé la demeure d’un émigré sur le territoire de la République, en lui prêtant son certificat de civisme.

- Olympe de Gouges, femme de lettres, se disant veuve Aubry, âgée de 38 ans, native de Montauban, convaincue d’être l’auteur d’écrits tendant à l’établissement d’un pouvoir attentatoire à la souveraineté du peuple, a été condamnée à la peine de mort. Elle s’est déclarée enceinte. On a sursis à son éxécution jusqu’au rapport des gens de l’art.  

 

La mort de la Reine.       par le père Duchesne d’Hébert

Les journaux ne rapportaient guère que les éxécutions des personnages les plus importants comme les députés girondins ou le général Custine. L’éxécution de la reine Marie-Antoinette donna lieu à ceci; « J’ai vu tomber dans le sac la tête de veto femelle. Je voudrais,foutre, pouvoir vous exprimer la satisfaction des sans-culottes,quand l’architigresse a traversé Paris dans la voiture à 36 portières. Ses beaux chevaux blancs, si bien panachés, si bien enharnachés, ne la conduisaient pas, mais deux rossinantes étaient attelées au vis-à-vis de maître Samson, et elles paraissaient si satisfaites de contribuer à la délivrance de la république qu’elles semblaient avoir envie de galoper pour arriver plus tôt au lieu fatal. La garce au surplus, a été audacieuse et insolente jusqu’au bout. Cependant les jambes lui ont manqué au moment de faire la bascule pour jouer à la main chaude, dans la crainte, sans doute de trouver après sa mort un supplice plus terrible que celui qu’elle allait subir. Sa tête maudite fut enfin séparée de son col de grue et l’aie retentissait des cris de vive la république! » 

 

 

L’été de tous les dangers.

Astronomie.

Demain 21, l’été commencera à 1h29’30″ du matin. Le soleil aura atteint sa plus grande déclinaison Nord, le jour sera le plus long de l’année et la nuit la plus courte. Tout ce mois n’a point de nuit fermée, c’est à dire que le crépuscule n’est pas encore fini, que l’aurore commence. La lune alors sera éloignée de la terre de 84.525 lieues, de 25 au degré, ayant une déclinaison de 13° 10′ Sud. Jupiter, la planète la plus brillante après Vénus, passera au méridien vers 9h 30′ du soir. Sa grosseur est de 1479 fois celle de la Terre, son diamètre est de 11 fois 1/3 celui de la Terre, qui est de 1500 lieues à peu près, on la voit sous un angle de 3′ 18″, tandis que Vénus n’est vue que sous l’angle de 17″. Si cette planète nous paraît plus brillante, c’est qu’elle n’est éloignée du Soleil  que de 25.144.250 lieues, tandis que Jupiter l’est de 180.794.791. Or l’effet de la lumière diminue comme le carré de la distance augmente, donc Jupiter doit paraître moins brillant que Vénus. L a vitesse de cette planète autour de son axe est énorme puisqu’elle tourne en 9 heures à peu près. Ainsi les habitants de Jupiter, s’ils ne dorment que la nuit, ne sont couchés que 4h1/2. Les belles de cette planète ne doivent pas rester aussi longtemps au lit que nos  petites maîtresses, ou bien elles n’en sortent pas. Quant aux visites du nouvel an, elles ne doivent pas fatiguer les gens cérémonieux, car l’année ne se renouvelle que tous les 11 ans et 315 jours. 

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 Le démoniaque père Duchesne.

Le journaliste Dusaulchoy exulte de joie dans le Sapeur sans-culotte.

C’est ce démoniaque Père Duchesne, qui est surtout un grand fripon, nom d’un bonnet rouge! la guillotine est trop douce pour un pareil gredin!. C e braillard maudit  que j’ai vu avec un vieil habit noir, plus ras et plus déchiré, un claque en lambeaux sous son bras, m’emprunter douze sous pour aller dîner, qui après s’être fait chasser du théâtre de la République, où il était ouvreue de loges, parce qu’il ne laissait rien perdre et qu’ilfaisait son profit du bien des autres, a été trop heureux de trouver l’imprimeur Tremblay qui lui a donné du pain.

C’est ce sacré marchand de fourneaux, ce Père Duchesne qui me fout le plus d’indignation dans l’âme! je le disais toujours et l’on ne me croyait pas!. Quand on gueule si haut,  n’est qu’un imposteur, le vrai patriote, foutre, ne crie que quand il le faut, et quand il voit des traîtres à dénoncer, mais il ne parle jamais sans preuves.

Hébert et ses amis, croyaient que nous nous fouterions le tour les uns aux autres, et pour y parvenir, ils voulaient nous affamer, ils violaient la déclaration des droits de l’homme, ils prêchaient comme des énergumènes l’insurrection, mais bernique! nous n’avons jamais été plus unis que depuis que leur conspiration est découverte.

En fait, les sans-culottes furent atterrés par l’arrestation du Père Duchesne et de ses amis puis par leur exécution le 4 germinal (24 mars). Ce drame de germinal glaça le mouvement populaire. Après Hébert, ce fut le tour de Danton, un autre héros de la révolution que le peuple vit marcher à la guillotine avec Camille Desmoulin, le 16 germinal (5 avril).  .

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. L’hygiène ou l’art de conserver la santé.

Les soirées de campagnes N°4 du 23 vendémiaire an II.

Notre corps est un assemblage de divers organes qui ont chacun leurs fonctions particulières, leur degré d’énergie propre. On dit que le corps est sain quand toutes les fonctions se font de manières que l’une n’empiète pas sur l’autre et qu’il règne entre elles une sorte d’équilibre ou d’harmonie. L’état contraire a lieu quand une ou plusieurs de ces fonctions sont dérangées, affaiblies ou suspendues.

L’hygiène dont j’ai promis de donner quelques notions, est l’art de conserver la santé ou, si l’on aime mieux, d’écarter les maladies. Elle embrassze tout ce qui peut influer sur notre machine et y apporter du changement, comme les qualités de l’air celles des eaux et du terrain, la nature des aliments, le genre et la durée de l’exercice et du repos, le sexe, l’âge, les passions, le tempérament personnel, etc… Il y a sur chacun de ces objets une foule de vérités qui ne sont pas assez répandues, et un plus grand nombre d’erreurs qui le sont trop.

Sous l’ancien régime, le soin de publier les unes et de combattre les autres était abandonné à ce qu’on nommait les supports de la faculté, c’est à dire aux hommes qui avaient le plus d’intérêt à entretenir notre ignorance et nos préjugés. Il en était des lois de l’hygiène comme des lois civiles. Le gouvernement s’inquiétait peu qu’elles fussent connues ou non de ceux qui devaient les observer, il croyait avoir assez fait en établissant des hommes pour punir les infracteurs. Aussi ces deux objets de première necessité n’entraient-ils pour rien dans l’éducation des collèges, après dix ans, on en sortait aussi avancé à cet égard que si l’on n’y eût jamais mis le pied, tant on était jaloux de nous plonger, ou plutôt de nous retenir dans tous les genres de dépendances.

Aujourd’hui il n’en doit plus être ainsi. Il faut que chacun soit lui même son médecin et son avocat, et qu’il n’ait plus besoin de payer un homme pour lui dire si telle nourriture lui convient, si telle action est conforme aux lois de son pays. La Convention en organisant l’éducation publique nous délivrera de cette dépendance humiliante, mais ses bienfaits seront bien plus pour la génération naissante que pour les pères. C’est à ceux-ci que seront plus particulièrement consacrés les articles d’hygiène de cette feuille.

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Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 9 novembre, 2007 |Commentaires fermés

La Justice Révolutionnaire….

Pour la Convention, l’année 1793 est celle de tous les dangers. Le 31 janvier, elle déclare la guerre à l’Angleterre et à la Hollande. Bientôt, elle doit se battre sur tous les fronts à la fois. Dans le même temps, plusieurs régions entrent en état d’insurrection : l’Ouest, et surtout la Vendée, mais aussi Toulon, que les royalistes livrent aux Anglais, Lyon également, sans compter les zones que l’on qualifie de fédéralistes. Aux yeux des inconditionnels de la Révolution, toutes ces menaces justifient le recours à la Terreur, et même l’excusent. C’est alors, dans un tel contexte que, le 21 Janvier, la Convention fait guillotiner le roi....

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Chronique de la Terreur..

On tue pour confisquer les biens, on tue le soldat mutilé sur le front qui mendie parce qu’il n’a pas de pain, on tue les victimes de la famine, on est tué parcequ’on appel son chien « citoyen ».

Les sommets de l’abject sont atteints dans le procès de Marie-Antoinette, le calvaire du dauphin et Madame Elisabeth, les carmélites de Compiègne, d’Arras, de Valenciennes, d’Orange, (immortalisées par le film de Philippe Agostini  “ Le dialogue des Carmélites ”.)

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Dans l’horreur, il est rare que nous ayons été dépassés.

Ce qui étonne, c’est cette montée en puissance des tarés et des médiocres. Qui étaient-ils, ces bourreaux, pour le tribunal révolutionnaire, les juges, les substituts, l’accusateur public sont des hommes de loi professionnels. Les jurés sont des artisans et des commerçants pour l’essentiel.

Hommes de loi aussi, l’écrasante majorité des députés, du tiers état, grands meneurs de la Révolution,

Les avocats: Amar, Barbaroux, Barère, Barnave, Billaud-Varenne, Brissot, Buzot, Couthon, Danton, Desmoulin, Hérault de Séchelles, Pétion, Philippeaux, Robespierre, Vergniaud.

Les anciens procureurs ou notaires: Carrier, Coffinhal, Fouquier-Tinville, Hanriot, Herman, Vadier.

La mort était devenue leur métier, ces purs sont des voleurs, on le savait pour Danton, pour presque tous les Conventionnels, on le sais pour Fouquier-Tinville.

Fouquier Tinville, accusateur public du tribunal révolutionnaire, eut à trancher 5343 cas. Des grandes affaires politiques, Marie-Antoinette, les Girondins, Danton, Hébert , Robespierre. Les affaires relevant d’actes contre-révolutionnaires, elles ne furent pas plus de 580.

Et les autres?.  Dans la plupart des cas à Paris comme en province, ce qui est jugé ce sont des « propos » ou « attitudes » estimés hostiles à la révolution, surtout le plus souvent sur délation, et là n’importe qui peut-être condamné. Le tiers état fournit 71% des condamnés, 20% la noblesse et 9% le clergé. 

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Mais la fin justifiant les moyens,(les jacobins étant à leur tour massacrés par milliers après Thermidor) tiendra, toute entière, dans la célèbre formule de Saint-Just: « Ce qui constitue la République, c’est la destruction totale de tout ce qui lui est opposé. »

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Quelques exemples de condamnation…

18 avril 1793

Catherine Clère, domestique à valenciennes est menée au tribunal. Elle est accusée d’avoir, en état d’ébriété, crié « vive le Roi », chanté des chansons dans le sens inverse de la révolution, déclamé contre la convention «  disant qu’il fallait l’envoyer au devant de nos ennemis à la tête de nos armées… qu’il fallait massacrer cette canaille qui dictait la loi aux honnêtes gens… que notre numéraire passait en Suisse…qu’on ne souffrira pas que l’on coupe la tête au fils comme au père (Louis XVI et l’enfant du temple). M. de Wailly, son employeur, eut beau affirmer qu’il ne l’avait toujours entendue tenir que des propos favorables à la révolution, rien n’y fit. Catherine Clère périt sur l’échafaud quelques heures plus tard.

11 septembre 93

Jean Charles Bain, huissier à Angers, est jugé et condamné à mort pour avoir daté une lettre de « l’an dernier de la république et de la liberté ».

15 septembre 93

A Dinan, 14 personnes sont fusillées en présence du conventionnel Prieur de la Marne.

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23 septembre 93

Antoine Massan, curé de Saint-Sernin (Saône et Loire), est condamné à mort pour avoir notamment refusé, lors d’une procession, l’escorte de quatre gardes nationaux complètement ivres, le fait étant pourtant reconnu par les témoins.

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4 octobre 93

Pierre Lebrun, accusé de ne pas avoir sauvé les chevaux qui étaient sous sa garde à Saumur, lors de l’attaque de l’armée vendéenne, il est condamné à mort.

Plusieurs condamnations, dont trois à mort pour « propos » « Charlotte Corday était une honnête femme qui a bien fait de tuer un gueux. »

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8 octobre 93

Condamnation à mort de Henri Dupin, directeur de la poste aux chevaux de Saumur. Il n’aimait pas la dictature jacobine et le faisais savoir.

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16 octobre 93

Condamnation et éxécution de Marie Antoinette reine de France…

Cela n’empêche pas l’un des jurés, Trinchard, d’écrire à son frère:

 » Je t’aprans, mon frerre, que je été un des jurés qui ont jugé la bête féroche qui a dévoré une grande partie de la république, celle que lon califiait cideven de Raine. »-

Le jour de l’exécution de Marie-Antoinette, le théatre des Boulevards, qui met en scène les amours contrariés de la fée Urgande et de l’enchanteur Merlin, refuse du monde. 

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4 novembre 93

Marie Madeleine Coutelet, 32 ans, fileuse, reçoit la visite du comité révolutionnaire de la section Beaurepaire, on vient sur dénonciation, chercher sa tante. Celle-ci est absente, qu’à cela ne tienne, on fouille dans ses affaires et qu’y trouve-t-on ? des lettres ou il est écrit : «  Nous n’avons plus qu’à nous réjouir, les parisiens ont tant d’esprit que toutes nos affaires vont aller tout droit, ils se fêtent et font des réjouissances, mais ils n’ont pas le talent d’avoir du pain. » Faute de la tante (destinataire des lettres), on arrête, juge et condamne à mort… la nièce.

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2 novembre 93

Deux condamnations à mort : Louis Henri Duchesne pour « rolandisme » et Marie Chasle pour avoir regretté de ne pas savoir ou se trouvait son fils émigré.

22 décembre 93

Un cordonnier est traduit pour « mauvaises fournitures » l’accusation est fausse, elle émanait de l’un de ses ouvriers avec lequel il se trouvait en conflit: la mort pour le cordonnier.

24 décembre 93

Etienne Teyssier, 55 ans, condamné à mort pour de prétendues correspondances avec un fils qui « se serait enrôlé à l’étranger »; on se rendra compte plus tard de l’erreur, en fait le fils était en Vendée, aux cotés des « bleus ».

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Le même jour, cinq artisans de la banlieue de Thionville sont accusés « d’intelligences avec l’ennemi ». L’affirmation n’a pas pu être prouvée, la mort tout de même.

31 décembre 93

Le général de Biron, Armand-Louis de Gontaut Biron, duc de Lauzun.

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Son modérantisme à l’égard des Vendéens en est la cause. Il reçut son arrêt de mort avec un calme stoïque. Non sans avoir vertement apostrophé le tribunal révolutionnaire: « Vous ne savez pas ce que vous dites. Vous êtes des ignorants qui n’entendez rien à la guerre. Finissez vos questions, Obéissez (au comité du salut public) et ne perdons pas de temps.» De retour à la prison il demanda des huitres et du vin blanc. L’exécuteur entra pendant qu’il faisait ce dernier repas  » mon ami lui dit Biron, je suis à vous, mais laissez-moi finir mes huîtres, je ne vous ferai pas attendre longtemps. Vous devez avoir besoin de forces au métier que vous faîtes, vous allez boire un verre de vin avec moi ». Biron rempli le verre de l’exécuteur, celui du guichetier et le sien, et se rendit sur la place de l’exécution, où il a subi la mort avec le courage qui a illustré presque toutes les victimes de cette affreuse époque. 

5 janvier 1794

Le citoyen Hébrard, fabricant de savons, mais lié à une mauvaise fourniture de hampes de lances, est exécuté sur-le-champ.

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24 janvier 94

Nicolas Rouard et Laurent Migot n’ont aucune sympathie pour les « clubistes », ils le clament un peu trop bruyamment: la guillotine.

28 janvier 94

Le général de Marcé, excellent soldat, homme d’une loyauté exemplaire mais victime de dénonciations calomnieuses, est condamné à l’échafaud.

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31 janvier 94

La « fournée » des habitants de Coulommiers, quinze personnes accusées de fanatisme et fédéralisme.

3 février 94

Claude Jacques Ogier, 73 ans, est condamné à mort sur dénonciation : ont été trouvés chez lui des écrits proroyalistes.

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15 février 94

Condamné à mort, Gabriel Planchut la Cassaigne, ivre mort, il hurlait sous les arcades du palais Egalité:  » Vive Bourbon! Vive Monsieur! ». Arrêté par la section de la montagne, il affirme ne pas se souvenir.

23 février 94

Joseph Canel, perruquier, ivre, il a crié, le 18 juin précédent, sur les Champs-Elysées « Vive le Roi! j’aime la noblesse, je n’en veux qu’au clergé ». Ce subtil distinguo ne lui sauvera pas la vie.

Le général Dartaman est également condamné à mort, motif : un officier de la république ne recule pas!.

Durant le seul mois de février, outre les massacres de Vendée, 302 personnes sont guillotinées ou fusillés à Lyon et des centaines d’autres dans toute la France.

A Paris, les prisons sont bondées, plus de 5000 détenus ; 481 à la Conciergerie, 606 à la Grande Force, 290 à la Petite Force, 225 à Sainte-Pélégie, 233 aux Madelonnettes, 134 à l’Abbaye, 790 à Bicêtre, 342 à la Salpêtrière,456 au Luxembourg, 428 à la Bourbe, 194 aux Carmes.

5 mars 94

Condamnation à mort de Louis Robin, 74 ans, marchand à Troyes, il a affiché ce placard :

« A la dernière décade on a sélébré laniverser du soi-disan dernier tiran et la prochaine décade on célèbrera la nessance de cent mille tiran. Vive la république, au diable le clube ! Ces en qui fou tous le mal. Peuple naban donne jamai la loy de Dieu.« 

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12 mars 94

Une religieuse de 27 ans, Sophie Adélaïde Leclerc-Glatigny, est envoyée à l’échafaud: « il sera impossible, précise l’acte d’accusation, avec ces propos inciviques de ne pas reconnaître en elle un de ces êtres dans le cœur desquels le fanatisme est tellement invétéré qu’ils ne respirent que pour saper sourdement l’empire auguste de la liberté » (il s’agit de lettres envoyées à sa famille où elle fait état d’une fois ardente) elle était l’objet d’une dénonciation anonyme au comité révolutionnaire de Saint-Denis.-

Le même jour Marin Blanchet et Pierre Cauchoix sont jugés, Blanchet est accusé d’avoir refusé de marcher contre les Tuileries le 10 Août 1792, pourtant il sauve sa tête. Cauchoix, jeune architecte de 28 ans est accusé lui d’avoir dit  »qu’un tyran en valait mieux que cinq cents » ( il visait la Convention) il sera guillotiné pour ces propos.

15 mars 94

Un ci-devant noble est condamné pour être soupçonné d’avoir fait apprendre à l’une de ses filles une comédie, dont la postérité n’a pas cru bon de retenir le titre, mais qui aurait aux yeux de certains des allusions désobligeantes à l’égard de la représentation nationale.

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17 mars 94

Quatre accusés (dont deux femmes) sont envoyés à l’échafaud pour « propos », l’un d’eux avait été arrêté sous l’accusation d’avoir dit qu’il « préférait être chien que républicain » une autre, Marie Lavechain, que « ceux qui gouvernaient la France étaient des brigands et des égorgeurs de Roi » réels ou pas ! ces faits mènent leurs auteurs à la mort.

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La mort également, pour propos, pour deux fonctionnaires parisiens accusés  »de fomenter des plans pour assassiner le peuple »… Nulle preuve, ils ont été l’objet d’une dénonciation mensongère.

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20 mars 94

Le général Hoche, est arrêté, il devra sa libération qu’à la disparition de Robespierre.

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25 mars 94

Plusieurs accusés, dont trois d’une même famille, (Rougane) pour propos contre-révolutionnaire, la dénonciation mensongère est évidente (le délateur sera d’ailleurs arrêté) mais quatre des accusés sont, malgré tout, envoyés à la guillotine.

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Un évêque constitutionnel de Saône et Loire, Jean-Louis Goutte, et cinq autres personnes sont condamnés; le chef d’accusation: parents d’émigrés.

12 avril 94

Claude Souchon, dit « Chanson », général de brigade âgé de 66 ans, accusé de fédéralisme, il est condamné sans aucune preuve.

22 avril 94

Guillaume Lamoignon de Malesherbes, ancien ministre, homme d’une probité rare, il se contenta de dire, à la lecture de son acte d’accusation: «  mais si cela avait au moins le sens commun ». Et faisant un faux pas sur une des marches de la guillotine, de commenter narquois; « C’est de mauvais augure, un Romain serait rentré chez lui ».

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26 avril 94

Affaire d’intelligence avec l’ennemi, dont sont accusés plusieurs habitants du département du Mont-Blanc. La mort pour tous. Avec eux des personnes soupçonnées de correspondre avec les émigrés, ou de « propos » ainsi que; « s’est permis de dire en parlant d’un fonctionnaire public que, s’il ne pouvait pas venir, il enverrait son cheval à sa place!. «  … « . C’est une plaisanterie, répond l’accusé (un vigneron), que je me suis permise à l’égard de mon neveu ».  La guillotine.

5 mai 94

Une trentaine d’accusé, parmi ceux-ci de nombreuses femmes ayant fait part de leur horreur face à la guillotine: La mort pour toutes et tous, à l’exception de la plus jeune, tenue pour aliénée.

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8 mai 94

Parmi les accusés se trouvait le savant Lavoisier qui déclara: « J’ai besoin de ce temps (quinze jours) pour terminer des expériences nécessaires à un travail important dont je m’occupe depuis plusieurs années. Je ne regretterai point alors la vie. J’en ferai le sacrifice à ma patrie. »

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 La réponse de Coffinhal est bien connue: « La république n’a pas besoin de savants ni de chimistes, le cours de la justice ne peut être suspendu. » la mort pour lui aussi.

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12 mai 94

Une dizaine de personnes inconnues les une des autres, mais accusées, en bloc, d’être des  »ennemis du peuple » la mort pour sept d’entre elles.

17 mai 94

Onze accusés d’avoir « calomnié la révolution » et de « correspondances avec les émigrés ». La mort pour tous.

Dix-sept accusés : dix condamnés à mort pour « correspondances » et « attitudes révolutionnaires », ainsi l’un d’eux dont la femme voulait divorcer lui avait répondu: « La loi du divorce est une loi contraire à celle de Dieu. » Sa femme le dénonce, il nie les propos : l’échafaud….

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20 mai 94

Une fournée composée d’habitants de Cahors, Nîmes et Provins, « les plus cruels fléaux dont l’existence ait jamais souillé la nature humaine »! « Ecrits royalistes…Propos et écrits suspects ». Les faits remontent pour l’un des accusés à 1789, époque à laquelle Jean Filsac, âgé alors de 76 ans, avait écrit à un ami ayant depuis émigré : la mort.

Le même sort pour un autre, qui a dit que « le bonnet rouge (phrygien) n’était fait que pour les galériens ».

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26 mai 94

Sept condamnations, des actes d’accusations stéréotypés regroupant des faits similaires:  »Autrefois il y avait un tyran, aujourd’hui il y en a sept cents ».

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Un enfant de huit ans, Jean Merle, est accusé de « conspirations »;  il avait, pour jouer, brisé des scellés: ordonnance de non-lieu.

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28 mai 94

Condamnation à mort : Pour « propos ». Sylvain Dumazet, verrier de 25 ans, qui avait servi en Vendée dans les armées de la république, y avait perdu une jambe au combat. Devenu mendiant au faubourg de Temple, il a expliqué que la nation ne lui donnait pas de quoi vivre: « Coupable de propos tendant à empêcher le recrutement… »

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5 juin 94

Exécution sans motif de 25 personnes, fournée destinée à libérer quelques places dans les prisons parisiennes.

Pour faits d’attroupements leur ayant été imputés à tort, trois Bretons qui avaient été acquittés par le Tribunal de Quimper. Or, sur requête du comité révolutionnaire local, la Convention avait cassé l’arrêt de la juridiction bretonne. Ne parlant pas un mot de français, ils ne comprendront même pas qu’ils viennent d’être condamnés et à se rendre, sur le champ, à l’échafaud!

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14 juin 94

Huit  »conspirateurs ». L’un d’eux avait sur lui une image représentant la tête tranchée de Louis XVI avec, écrits au dos ces mots:  »Je meurs pour toi et ta famille. » Effectivement.

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16 juin 94

Louise de Montmorency, 72 ans atteinte de surdité et qui ne pouvait donc répondre aux questions du tribunal, le président Dumas s’adressant au greffier: « C’est bon; ecris qu’elle a conspiré sourdement… » 

Tout ceci relèverait de l’absurdité s’il n’y avait au final, la mort d’hommes et de femmes coupables d’êtres nés nobles, riches ou pauvres, haîs de leurs voisins, de leur conjoint, ou victimes de dénonciateurs. 

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21 juin 94

Vingt-sept accusés, dont seize habitants de Caussade (près de Montauban); à l’annonce de la mort du roi, ils s’étaient réunis dans les rues du village en disant: « A bas les cocardes nationales! le Roi est mort, il faut prendre des noires. » Ils sont ennemis du peuple, la guillotine pour tous.

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22 juin 94

Dix autres accusés d’avoir mutilé un arbre de la liberté, à Verneuil, (en Normandie;  » Ledit arbre n’est pas celui de la liberté, mais un arbre ordinaire. » si l’arbre a été coupé, c’est parce qu’il était mort et fut remplacé par un autre… Peu importe, à la guillotine !

Quatre autres condamnés à mort; l’un d’eux est accusé d’avoir « baisé avec culte le portrait du tyran » :renseignements pris, il portait serré à bras-le-corps, lors d’une perquisition, un tableau où figurait le Roi;  »Propos »  pour les autres.

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7 juillet 94

Germaine Quetier, femme Charbonnier :

-Il lui est demandé:

si, le 9 de ce mois, en présence de plusieurs citoyens, elle n’a pas dit qu’il fallait un Roi ?

-A répondu:

qu’elle n’a pas parlé de Roi, tel qu’était Capet ou tout autre, mais d’un rouet… l’instrument à filer.

(La prononciation très semblable de ces deux mots pouvait effectivement induire en erreur).

Quoi qu’il en soit, le système des fournées fit qu’elle est condamnée sous le même chef d’accusation qu’un certain Sauvage, enseigne de vaisseau, c’est à dire: « Abandon des drapeaux de la liberté pour servir dans l’armée anglaise à Toulon ».

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15 juillet 94

Condamné à mort, Yves-Louis Rollat qui avait appelé son chien « citoyen »!

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16 juillet 94

Trente et un condamnés à mort… procès-verbal d’accusation signé en blanc…

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17 juillet 94

Fournée de cinquante et une personnes. De nombreux prêtres ou quidams pour  »propos » et « correspondances ». Quarante condamnés à mort dont les seize religieuses « carmélites » de Compiègne. 

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19 juillet 94

 Trente-quatre accusés, trente-quatre condamnation à mort. Acte d’accusation signé en blanc par les membres du tribunal. Les dossiers d’instruction sont vides, soit bâclés. Un seul objectif: l’élimination du plus grand nombre dans le minimum de temps.

Ainsi ce jour là, le jeune Saint-Pern comparait à la place de son père. Il proteste de son jeune âge. Dumas s’exclame alors: « Citoyens jurés, vous voyez bien que dans ce moment il conspire, car il a plus de dix-sept ans. »

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25 JUILLET 94

On trouve une certaine veuve Mayet qui sera condamnée à la place de la vicomtesse de Maillé. De toute façon il faut du sang! alors on la consolera à la sortie du tribunal, par ces mots, « Ce n’est pas vous qu’on voulait juger, mais c’est autant de fait, autant vaut aujourd’hui que demain. »

-

André Chénier, le poète, c’est en fait son frère, le militaire, Marie-Joseph, qui était vivement recherché, qu’à cela ne tienne quand on a décrié contre la république avec une telle virulence.

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« Mourir sans vider mon carquois! Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange. Ces bourreaux barbouilleurs de lois! »    André Chénier.

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26 juillet 94

Vingt-cinq personnes traduites; vingt-trois guillotinées…. Toutes précision étant dorénavant surabondante.

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La princesse de Monaco, 26 ans, qui ,de peur de montrer « quelque pâleur face au supplice », demandera à se passer du fard sur les joues. Celle que Fouquier nomma: la « femme Grimaldi », monte le lendemain à l’échafaud au moment même où Dumas est arrêté en pleine audience du tribunal.

27 JUILLET 94 ……(9 THERMIDOR AN II)

Robespierre est renversé.  

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28 juillet 94. (10 THERMIDOR AN II)

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Exécutions de : Robespierre, Dumas, Saint-Just, Couthon, Hanriot, Fleuriot-Lescot.

29 juillet 94

Le tribunal révolutionnaire condamne à mort soixante-dix personnes liées, de près ou de loin, à Robespierre et à l’administration de la Commune.

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5 mai 1795

Fouquier-Tinville, l’homme de la justice révolutionnaire, sera lui aussi condamné à mort, la veille de son exécution (6 mai 1795), il écrit un message débutant par ces quelques lignes: « je n’ai rien à me reprocher, je me suis toujours conformé aux lois.« 

Fouquier Tinville, l’homme du tribunal, (le seul qui restera constamment en fonctions,) dans sa démence meurtrière, mérite quelques attentions. Installé,avec sa famille, à la conciergerie, il travaille selon tous les témoignages, jusqu’à dix-huit heures par jour!. Est-il cet assoiffé de sang, ce monstre alcoolique, amateur de filles publiques. Peu importe, c’est un fanatique, il prends au sérieux sa propre étroitesse d’esprit.

Plusieurs témoins le confirmeront lors de son procès: lorsqu’il avait beaucoup travaillé, et s’était un peu enivré, il faisait quelques pas le long du quai de l’Horloge, s’accoudait à un rebord du pont au Change ou du pont neuf et gémissait sur son sort: « Comment cela va-t-il finir? « …. »Que ne suis-je resté laboureur! » et les pièces de son propre procès prouvent qu’il se constituait, par anticipation, les dossiers devant lui servir de défense le jour où…

Le soir venu, Fouquier, accompagne parfois les huissiers allant lire ce qu’il appelle « le journal du soir » aux détenus de la Conciergerie, c’est à dire la liste de ceux montants au tribunal le lendemain, pour dire bonjour à Sanson.

Il réunit les jurés, leur indique la conduite à tenir, les blâmant ou les complimentant, plaisante avec eux. Dans certains cas, il aime à se vanter de la manière dont il a congédié les importuns. « Tu vois cette femme qui sort de chez moi! elle ne cesse depuis longtemps de me tourmenter avec son mari: eh bien! il sera dans la fournée d’aujourd’hui. » Dans d’autres circonstances, il fait libérer des détenus, parfois pour les faveurs d’une femme, mais pour de l’argent il lui arrivait d’oublier certains prévenus.

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Ainsi, comme l’a fort bien écrit François Furet:

« Il n’y a pas de circonstance révolutionnaire, il y a une révolution qui se nourrit de circonstances. ».

« Donne le pouvoir aux médiocres, tu en feras des tyrans.»  (La Rochefoucauld.)

Publié dans:IL Y A DEUX SIECLES. |on 9 novembre, 2007 |1 Commentaire »
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