Le personnage est un général bien modeste.
.
De lui nous savons qu’il n’était pas très grand, mais de constitution solide et robuste, il avait de longs cheveux noirs retenus par un simple lacet, le nez un peu busqué et un menton volontaire. Son visage était déjà couturé de cicatrices et son corps était raccommodé à la hâte par des chirurgiens de fortune.
Napoléon le décrit: « de petite taille et d’extérieur peu prévenant » , mais Savary admire en lui : « ses traits beaux et réguliers, ses yeux respirants la mélancolie et sa pâleur habituelle attrayante ».Desaix sur un champ de bataille était une sorte d’angélique démon qui se transcendait jusque dans ses traits.
Ambert raconte: « Sa taille semblait s’élever de cent coudées. Son front s’illuminait et son regard embrassait l’immensité du champ. D’une voix qu’on ne lui connaissait pas dans la vie ordinaire, il donnait ses ordres à chacun, sans trouble et sans paroles superflue . Electrisés à sa vue, les soldats redoublaient de valeur et pas un chef ne se fût permis une observation. Desaix se précipitait en avant de tous, étendant le bras droit, montrant l’ennemi, s’élevant sur ses étriers, faisant bondir son cheval. Ses longs cheveux flottaient au vent, sa cravate dénouée battait l’air et le petit homme studieux et savant devenait un géant qui dominait des milliers de soldats. Le soir, au bivouac, il semblait avoir tout oublié. »
Un général trés modeste.
Desaix avait une apparence vestimentaire négligée, son uniforme bleu si mal coupé était si étriqué qu’on le plaisantait sur « cette redingote de première communion », il ne portait ni dorure et broderie mentionnant son grade, il était propre, il se lavait chaque matin, ce qui était rare chez les hommes de la future Grande Armée. Il partageait toutes les privations de ses hommes, il se nourrissait comme eux de soupe, de pain et d’eau. Il est dit, à ce propos, qu’un jour il fit distribuer aux hôpitaux des provisions de bouche qu’on lui avait destinées et qui étaient plus recherchées que celles réservées aux soldats.
Ce héros est en même temps profondément humain.
Ses lettres à sa sœur, si affectueuses et si tendres, témoignent de sa sollicitude infinie pour ses soldats. Il partage leur dénuement, mange le même pain noir, boit la même eau, réservant le vin et le pain blanc dont on lui fait présent pour les malades et les blessés. En pays ennemi, il respecte scrupuleusement les propriétés privées et verse au trésor l’argent qui lui tombe entre les mains. Cette vie si pure lui confère une autorité immense, un empire absolu sur les hommes.
Commentaires et pings sont desactivés.