La dernière lettre de Desaix.

  

Toulon, le 19 floréal an VIII       

   Au lieutenant général Saint-Cyr, le général DESAIX.

J’arrive, mon cher Saint-Cyr, voici deux ans que je suis loin de toi. Je m’empresse de te demander de tes nouvelles. Ce n’est pas que je n’aie su ce qui t’est arrivé par les gazettes, mais ce n’est pas assez. Je veux savoir comment tu te trouves, si tu es content, bien portant, si tu as la faveur, enfin les détails de tout ce qui s’est passé depuis que je ne t’ai pas vu. J’ai vu dans les journaux de Francfort tes nombreux événements, tes succès dans la retraite de Jourdan, ceux que tu as eus encore en Italie, et ta nomination de premier lieutenant à l’armée du Rhin. J’avais su précédemment que tu avais quitté Rome, et que l’ancien Gouvernement, suivant son usage, donnant la préférence à ses agents, les avait plutôt écoutés que de te rendre justice.

J’ai su que toujours tu avais fait à merveille partout, je t’en félicite bien sincèrement, mon cher Saint-Cyr, car personne au monde ne prend plus que moi part à tout ce qui te regarde. Je désire bien aller te rejoindre et servir encore près de toi, je l’ai demandé au Gouvernement, je ne sais s’il me l’accordera. En attendant, je fais une triste quarantaine d’un mois, et je languis dans le temps que tu obtiens des triomphes, laisse-nous quelque chose à faire.

Je t’embrasse et t’aime de toute mon âme, Savary qui est toujours avec moi, se rappelle à ton souvenir, ainsi que mes aides de camp Clément et Rapp. J’ai laissé en Égypte, bien portants, tous ceux qui sont partis avec moi, nous ne laissons que ce pauvre Latournerie, qui y est mort de la dysenterie, le général Reynier s’y portait bien.  

J’ai ici avec moi le général Davoust. J’ai eu beaucoup d’accidents, bien des tempêtes, pris par les Anglais, très maltraité malgré la capitulation, enfin relâché il y a dix jours, après avoir été un mois à Livourne. Rappelle-moi au souvenir de toutes mes connaissances qui sont près de toi.

Desaix

Lorsque Saint-Cyr recevra cette lettre Desaix ne sera plus, mort au champ d’Honneurs de Marengo.

Publié dans : Desaix, bataille de Marengo |le 2 février, 2008 |Commentaires fermés

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