Desaix frappé à mort s’effondre.

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Il était dans la destinée de Desaix d’être tout ensemble, le héros et la victime.

Les Autrichiens ripostent, Desaix subitement, sous le regard du sous-lieutenant Lebrun, est  atteint par une décharge des grenadiers Hongrois de Wallis, glisse de son cheval, et tombe à terre mortellement blessé, une balle vient de le pénétrer par le coté gauche de la poitrine et ressortir par l’épaule droite, lui déchirant le coeur au passage.

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Le sous-lieutenant Lebrun immédiatement lui porte secours, Desaix tente de parler:  ″Cachez ma mort, car elle pourrait ébranler les troupes.″

 A-t-il vraiment eu le temps de dire cela, les témoignages sont tous contradictoires. «Ces dernières paroles attribuées à Desaix sont un chef-d’œuvre d’invraisemblance. Il faut du souffle pour articuler une telle phrase ! Comment pourrait-on la prononcer quand on vient de recevoir une balle en plein cœur?  Et comment Lebrun qui a vu tomber Desaix sans pouvoir le retenir, aurait-il pu entendre ces mots dans le fracas de la bataille?   (Personnellement, je pense qu’il n’a pas eu le temps de dire quoi que ce soit.) »

Mais la situation est telle que Lebrun, doit se remettre au combat et laisser derrière lui le corps de Desaix. Personne autre que Lebrun, a vu tomber le général Desaix.

Il est déjà six heures et le combat est toujours aussi acharné, Kellermann suivant l’exemple de Desaix, attaque maintenant l’ennemi par des charges foudroyantes de cavalerie et l’écrase totalement, il contribue ainsi largement au succès de cette journée. A la nuit tombante, la déroute des Autrichiens est totale, ils sont accablés et battus, le triple choc, infanterie, artillerie, cavalerie des Français, totalement improvisé mais parfaitement combiné grâce à l’esprit d’initiative des généraux, a décapité le dispositif autrichien et son commandement, le quartier-maître général de l’armée autrichienne et chef d’état-major, le général baron Von Zach qui remplace Mélas, est fait prisonnier ainsi que le général Saint-Julien, ils offrent leurs épées et se retrouvent prisonniers ainsi que mille six cent soldats et officiers. À la nuit tombée, et malgré quelques vaines tentatives de résistance, la quasi-totalité des colonnes autrichiennes (à l’exception de la partie attaquée par Desaix) ont pu retraverser la Bormida et se ranger sous la protection d’Alexandrie, signe de la mollesse de la poursuite française.

De son côté, l’armée du Premier consul reprend ses positions initiales dans le secteur de Marengo. Maintenant, Marengo est une victoire incontestable, inespérée, mais le champ de l’honneur est devenu le tombeau de celui dont la vie tout entière fut consacrée à l’honneur. Bonaparte tout en modifiant le huitième bulletin de défaite en une éclatante victoire, demande à Savary d’aller chercher Desaix pour le féliciter et le serrer sur son coeur.

Cependant, ce triomphe éclatant devenait, pour l’armée, une source de regrets éternels, puisqu’il fut acheté au prix du sang du général Desaix.

 

Savary retrouve le corps de son chef et ami. 

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Il est à présent tard, la nuit commence et il fait maintenant sombre, il n’y a plus le bruit des fusillades ni celui du canon, mais le silence n’est pas complet, les gémissements des blessés et des mourants accompagnés des hennissements des chevaux eux aussi couchés et agonisants, baignent maintenant cette plaine de morts. Déjà des ombres se profilent, les détrousseurs de cadavres sont à l’oeuvre, Savary dans cette pénombre cherche son général, peut-être est-il simplement blessé, Desaix, où est le général Desaix hurle-t-il à chaque soldat rencontré, pas de réponse. Mais soudain parmi tous ces morts il le reconnaît, le corps de son ami gît là devant lui, la longue chevelure de Desaix, défaite, baigne dans la boue de ce champ de carnage et de désolation ou l’eau et le sang se mélangent, il s’approche du corps sans vie déjà dépouillé de ses vêtements, seulement vêtu de sa chemise tellement maculée de sang qu’on n’a pu l’ôter. Voit-il seulement à coté du corps sec et noueux, les deux jeunes esclaves egyptiens qui lassés de pleurer, entonnent une interminable complainte. Alors il le recueillit avec un soin de père, l’enveloppa dans le manteau d’un hussard et le plaçant sur son cheval, le transporta ainsi au quartier général de Torré-Garofoli.

Desaix frappé à mort s'effondre. dans Desaix,  bataille de Marengo Desaixnapo-240x300

Lorsqu’on vint annoncer au Premier Consul la mort de Desaix, il ne lui échappa que ce seul mot: «Pourquoi ne m’est-il pas permis de pleurer!».

Plus tard Chateaubriand écrira dans ses Mémoires d’outre tombe; < Les hommes disparus jeunes sont de vigoureux voyageurs, ils font vite une route que les hommes moins forts achèvent à pas lents.>

Desaix, l’organisateur de la victoire, n’a pu savoir combien le succès était important puisqu’il est mort dès le début de la contre-attaque. Sans pour autant sortir de l’Histoire. Ainsi se termine l’histoire de Desaix, ce 25 prairial de l’an VIII de cette jeune république, c’est à dire le 14 juin 1800. 

 

 Le lendemain de la mort de Desaix.

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 L’intervention déterminante de Desaix, dans cette victoire de Marengo , permit à Bonaparte,  de faire signer le 15 juin 1800 par le  général français Berthier et le feld-maréchal autrichien Melas et son état-major, peu motivés pour reprendre la lutte, la convention d’Alexandrie, stipulant que le soir du 15 juin 1800, l’Autriche redonnait à la France, la Lombardie, le Piémont, et la Ligurie. L’armée française entre dans 12 places ou citadelles, sans en faire le siège et gagne, par une seule bataille, la majeure partie du bassin du Pô. Mais l’armée autrichienne et les garnisons des places restent intactes et se retirent avec tout leur matériel de guerre.

 

.Les fidèles Mamelouks.

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Desaix, son humanité nous est pour une part révélée par ces deux mamelouks, l’un circassien, l’autre africain noir, qui l’accompagnèrent de son arrivée au Caire à sa mort à Marengo, le 14 juin 1800.  Au soir de la bataille, devant le cadavre du général dont le coeur avait été déchiré par une balle, les deux hommes, Ismaël et Bakel, ont pleuré, avec une affliction témoignant de la générosité des sentiments que Desaix leur avait inspirés. En revanche, Bonaparte qui devait pourtant beaucoup à Desaix, devant son corps resta avare de ses larmes.

Pourtant, nul à l’armée n’ignore longtemps le rôle décisif de Desaix. L’adjudant général Dampierre, fait prisonnier par les Autrichiens dans l’après-midi du 14 juin et qui n’a pu assister à la fin de la bataille, se renseigne:  «Mais d’après tout ce que j’entends dire, il me paraît qu’il était bien temps que le brave Desaix se dévouât pour le salut de l’armée, il ne pouvait pas mieux finir sa glorieuse carrière qu’en ramenant la victoire un moment infidèle aux Français.» 

 

Le village de Marengo. 

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Le village de Marengo, la grande tour visible sur les dessins de l’époque, et témoin du carnage, existe toujours.

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Déroulement de la bataille:    

 Première période   Deuxième période

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Publié dans : Desaix, bataille de Marengo |le 2 février, 2008 |Commentaires fermés

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