Bataille de Marengo
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Mais ou est l’ennemi ?
Le 12 juin Bonaparte commet l’erreur de diviser son armée, en se séparant des divisions Lapoype et de celles de Desaix, envoyant la première arrêter les Autrichiens sur la route de Milan et la seconde vers le sud sur la route de Novi, voir si Mélas ne se dirige pas sur cette ville. Bonaparte ne sait encore pas que l’ennemi est près de lui, dans la ville d’Alexandrie, avec toutes ses forces regroupées, il persiste donc dans son erreur, en pensant que Mélas est entrain de rassembler ses troupes plus au sud.
Le 13 juin au matin, l’armée consulaire s’était avancée dans cette immense plaine entre la Scriva et la Bormida, (qui deviendra avec l’histoire plaine de Marengo.)
La nuit du 13, Desaix la passe sur la route de Novi au château de Pontecurone, chez le marquis de Durazzo, a-t-il vraiment dit à son hôte en le quittant: «Au revoir, dans ce monde ou dans l’autre.»
Au matin du 14 juin, ce vieux renard de Mélas qui depuis 1792, combat inlassablement les armées de la république française sur le front de l’est, comprenant enfin sa supériorité numérique (30600 hommes et 180 canons) sur Bonaparte (27700 hommes et seulement 15 canons), il décide de passer à l’attaque.
Tout va donc se passer ici, au milieu de cette plaine, le modeste hameau de Marengo, seulement quelques fermes que les Français occupent depuis la veille.
La bataille de Marengo.
Tout se passe très vite, une première charge dirigée sur Marengo par Haddik, qui sera frappé à mort pendant cette action. Surpris les Français repoussent avec difficultés cette première attaque du petit matin à laquelle ils ne s’attendaient pas. Pas plus que le général en chef Bonaparte, qui ne pensait pas qu’il y aurait bataille et avait donc quitté Marengo, tard le soir du 13 pour son Q.G de Torré Garofoli, il ne réapparaîtra que vers les dix heures du matin dans la plaine ou déjà une seconde charge ennemie commandé par Kaïrm est repoussée vivement par les généraux Kellermann et Victor, venait de s’exécuter. Puis c’est le choc effroyable de cette marée humaine qui jusqu’à midi va s’égorger et s’entre-tuer, «les hommes tombaient comme de la grêle.» déjà des milliers de morts jonchent le champ de bataille.
Malgré les efforts des généraux Lannes et de Victor pour repousser les attaques des divisions de Zach et d’Ott, les Français commencent à reculer, mais, en bon ordre comme à la manoeuvre, l’euphorie gagne alors l’adversaire trop heureux de vaincre cette furie française, alors que Bonaparte comprends que Marengo, sera une défaite.
Il est trois heures et sur de sa victoire, le vieux feld maréchal Mélas, exténué de fatigue, laisse le commandement à son état-major et file à Alexandrie, rédiger un bulletin de victoire destiné pour toute l’Europe, afin que celle-ci sache que Bonaparte l’épouvantail est enfin battu; c’est peut-être un peu trop tôt..
Desaix est inquiet par le bruit de la bataille.
Desaix, depuis l’aube, marchait en direction de Novi, avec la division Boudet, retardé par de mauvais chemins il n’avait guère avancé, et de plus ses éclaireurs n’avaient rencontrés aucun autrichien dans les parages. Au bruit du premier coup de canon lointain et sans attendre d’être rejoint trop tard par les aides de camps que Bonaparte lui avait envoyé pour le prier de vite revenir, il comprit que l’ennemi qu’on l’envoyait chercher sur la route de Gêne, était à Marengo, prenant tout sur lui même, il ordonna aussitôt l’ordre de faire demi-tour rapidement et marcher au pas de course au canon, se faisant précéder de plusieurs aides de camp pour annoncer son arrivée au premier consul.
Desaix est de retour sur le champ de bataille.
Il avait marché toute la matinée, et vers trois heures de l’après-midi, les têtes de colonnes étaient aux environs de San-Giuliano, Desaix les devançant au galop.
Enfin Desaix est arrivé, sa présence va changer la face des événements. Le premier consul et les généraux lui expliquent cette grave situation, beaucoup sont d’avis pour la retraite. Bonaparte n’est pas de cette opinion, il demande à Desaix de dire la sienne. Desaix jette un regard sur le champ de bataille, tire sa montre et regardant l’heure, il répondit ses simples paroles: «Oui, la bataille est perdue, mais il n’est que cinq heures, il reste encore le temps d’en gagner une autre » (Nous savons qu’il était cinq heures par Marmont et l’état major Autrichien, mais Savary, dit qu’il était trois heures, et Berthier dit six heures, alors qui croire ?).
Bonaparte, comblé de l’avis de Desaix, va maintenant profiter des ressources fraîches que ce général lui amène et des avantages que lui assure la situation de replis en bon ordre, effectués le matin, il est en effet dans la plaine à droite, tandis que l’ennemi est à gauche, en colonne de marche vers San-Giuliano, sur la grande route de Tortone.
Desaix organise la contre-attaque.
Le Premier Consul confère quelques instants avec le général Desaix et passe presque toute la ligne en revue et l’ordre d’une nouvelle attaque est donné.
Le lieutenant général Desaix peut adopter, et adapter, ces dispositions car ses troupes évoluent sur un coteau viticole. Desaix demande au Premier consul de disposer la cavalerie de façon à soutenir l’attaque de l’infanterie et la protéger des cavaliers ennemis. Desaix réclame également la formation d’une « grande » batterie et Marmont, qui commande l’artillerie de l’armée de réserve nous rapporte le propos suivant: « c’est ainsi que l’on perd les batailles. Il nous faut absolument un bon feu de canons « . Marmont rassemble les 18 pièces disponibles et les installe à droite de la route, devant la brigade Guénand.
La leçon s’avère quelque peu cruelle pour Bonaparte, artilleur de formation, qui a dû faire combattre ses troupes dans la matinée avec des canons en nombre insuffisant et, de plus, mal approvisionnés. L’Empereur saura s’en souvenir pour la suite de ses campagnes.
En quelques instants, Desaix a démontré l’étendue des compétences qui ont fait sa célébrité dans les campagnes d’Allemagne et que salue un de ses anciens adversaires, l’archiduc Charles, avec un éloge pour le combat de Geisenfeld en 1796 qui convient également à l’attitude du général français ce 14 juin 1800: « Desaix prouva dans cette circonstance une grande énergie, un coup d’œil juste, une connaissance parfaite de l’emploi de chaque arme« .
Desaix se place au centre, sur la grande route, entre San-Giuliano et Cassina-Grossa, avec la division Boudet, la 9e légère occupant la gauche de la route sous les ordres du général Monnier, et la 30e et la 59e de ligne, commandées par le général Guénand, portées sur la droite, il avait sur son front, une pièce de 12, quatre de 8 et deux obusiers. Les grenadiers de la garde consulaire, conduits par le chef de bataillon Goulez, sont à droite entre ces corps et les troupes aux ordres du général Lannes. La division Gardanne occupe la gauche de la division Boudet et s’appuie à la droite de la brigade du général Kellermann.
La division Monnier, un peu en arrière de la division Boudet, est prête à se porter où les événements nécessiteront sa présence, et la division Chambarlhac, avec le surplus de la cavalerie, forme la réserve.
L’ennemi, croyant la victoire assurée, avançait avec rapidité, et déjà il avait atteint la hauteur de Cassina-Grossa.
Desaix marcha à sa rencontre au pas de charge. La présence du héros avait réchauffé tous les courages et chacun brûlait d’impatience de suivre son généreux exemple. Une légère ondulation de terrain les cache de l’ennemi.
L’attaque surprise de Desaix.
Persuadé que la bataille est terminée, totalement déconcentré, l’ennemi Autrichien avance musique en tête, présentant son flanc gauche à l’armée Française regroupée. Quand subitement, la formidable machine de guerre Française qui n’a jamais plié se remet à fonctionner, une énorme mitraille tombe sur la colonne Autrichienne, surprise et ne s’attendant pas a cette brusque offensive, les canons venaient de faire feu, les généraux Murat, Lannes, Victor, Gardanne, Monier, regagnent mètre par mètre en culbutant les bataillons ennemis, le terrain abandonné quelques heures plus tôt.
Desaix sans attendre les ordres de Bonaparte, qui était déjà à l’autre bout de la plaine, droit sur ses étriers, le sabre en l’air et en pointant l’ennemi, lance son cheval en avant donnant ainsi le signal de l’attaque, désignant son aide camp Savary, pour avertir le premier consul de sa charge et du besoin de l’appui de cavalerie de Kellermann.
Desaix à la tête de la division Boudet, franchit avec elle le léger repli de terrain qui le masquait de la vue des Autrichiens, il se révèle à eux par une décharge foudroyante de mousqueterie, exécutée à bout portant.
Sous l’impulsion de Desaix la bataille fait rage.
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