correspondance militaire, expédition d’Egypte.
Desaix chargé du commandement du Caire ;
Troupes et munitions pour EL-Khânqah
Au général BerthierQuartier général, au Caire, 20 thermidor an VI
(7 août 1798)Vous donnerez l’ordre au commandant de la place de rendre compte de tous les mouvements extraordinaires qui arriveraient au Caire, au général de division Desaix, que le général en chef autorise provisoirement à prendre toutes les mesures que les circonstances pourraient exiger.Vous lui donnerez l’ordre de faire partir tous les jours 50 hommes, qui escorteront soit un officier de l’état-major, soit un de mes courriers, et me porteront ses lettres, celles de l’état-major, de l’ordonnateur, de la commission, et celles du général Desaix. Le piquet partira tous les jours à trois heures du matin.
Vous le préviendrez que, pour après-demain 22, il part 30 chasseurs du 22e et 30 hussards à pied, escortant 60 selles chargées sur quatre chameaux. Ils partiront avec les 50 hommes qu’il doit faire partir.
Vous ordonnerez à l’ordonnateur de profiter du départ de ces 100 hommes pour envoyer à El-Khânqah 8000 rations de pain. Vous donnerez l’ordre au général de cavalerie de faire partir lesdits 60 hommes avec 60 selles après-demain matin. Vous donnerez l’ordre à l’officier commandant le dépôt des guides, qui reste au Caire, de délivrer ces 60 selles, qui sont dans son dépôt. Vous donnerez l’ordre à l’ordonnateur de faire partir les 50 quintaux de riz qu’il doit envoyer à El-Khânqah, au plus tard à six heures du matin. Le général Bon laissera une compagnie pour l’escorter ; il y joindra, s’il est possible, quelques milliers de rations de pain.
Vous donnerez l’ordre au général d’artillerie de faire partir le 22, à quatre heures après midi, 100 hommes d’artillerie.
Vous donnerez l’ordre au général du génie de faire partir le même jour 100 sapeurs.
Ces deux corps se réuniront devant le quartier général. Ils prendront les ordres de l’adjudant général qui reste au quartier général, et prendront les paquets du commandant de la place, puis se mettront en marche pour nous rejoindre à El-Khânqah. Ils mèneront avec eux 100 000 cartouches et deux pièces de canon turques approvisionnées chacune de 100 coups.
Vous préviendrez de cet ordre le commandant de la place, l’ordonnateur en chef et le général Desaix, afin qu’ils en profitent pour m’écrire.
Vous ordonnerez à l’ordonnateur en chef de profiter de l’occasion du départ de ces 200 hommes d’artillerie pour nous envoyer 50 quintaux de riz. Vous lui direz que le rendez-vous pour le départ de ce détachement est devant le quartier général. Il nous enverra aussi, par la même occasion, 10 000 rations de pain.
Tous ces envois seront adressés au garde-magasin d’El-Khânqah.
Bonaparte
Dépôt de la guerre
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Instructions à donner à Desaix pour opérer
contre Mourad-Bey
Au général Berthier
Quartier général, au Caire. 18 fructidor an VI
(4 septembre 1798)
Vous donnerez l’ordre au général Desaix d’attaquer Mourad-Bey partout où il le trouverait, en tenant cependant toujours ses forces réunies ; mon intention n’est point qu’il divise ses forces dans l’idée d’envelopper l’ennemi, ces manœuvres étant trop incertaines dans les pays coupés de la nature de celui où il se trouve.
Mourad-Bey fera une des trois choses ci-après :
Ou il restera à Behnesé, et alors le général Desaix peut se porter sur lui avec toutes ses forces, soit par le canal d’Abou-Girgeh, soit en mettant pied à terre et profitant de quelques digues, soit enfin par Melâouy.
Si Mourad-Bey remonte le Nil, s’en allant toujours dans la haute Égypte, le général Desaix pourra le poursuivre devant lui jusqu’à Syont.
Si enfin Mourad-Bey, après avoir évacué Behnesé, se jette dans le désert, le général Desaix prendra possession de la province de Behnesé, jusqu’à ce que le général lui ait fait passer quelque cavalerie.
Le général en chef autorise à conclure une convention avec les anciens beys retirés à Denderah.
Ils devront 1° ne pas sortir des limites où ils sont, 2° payer le myry, 3° fournir 300 chevaux.
Bonaparte
Dépôt de la guerre
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Ordre de marcher contre Mourad-Bey
et de le rejeter dans le désert
Au général Desaix
Quartier général, au Caire, 30 vendémiaire an VII
(21 octobre 1798)
L’on m’assure que Mourad-Bey est encore à Garâh. Je désire, Citoyen Général, que vous marchiez à lui, ce qui peut le décider à se jeter dans les oasis. S’il y était obligé, il serait à peu près détruit ; les Arabes ne manqueraient pas de l’abandonner, ainsi qu’une partie des Mameluks ; au lieu que, s’il parvient à se cantonner sur les bords du désert pendant quinze à vingt jours, la baisse des eaux lui permettra de se porter où il voudra.
Tâchez de lever quelques chevaux dans la province du Fayoum et de Beny-Soueyf. Notre cavalerie est encore bien loin d’être montée.
Bonaparte
Dépôt de la guerre
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Ordres pour l’éventualité d’un mouvement de la Haute Égypte vers le Caire
Au général Desaix
Quartier général, au Caire, 27 messidor an VII
(15 juillet 1799)
Mourad-Bey a été aux lacs Natroun, Citoyen Général ; il n’y a point trouvé le rassemblement de Bogachi et des Mameluks ; il est retourné. Il a couché la nuit du 25 au 26 aux Pyramides. Bertram, chef d’Arabes, lui a fourni ce dont il avait besoin ; il a disparu. Il est, à ce que me mande le général Murat, au village de Dahchour, à six ou sept lieues d’ici ; cela me contrarie beaucoup.Le 24, une flotte turque composée de 5 vaisseaux de ligne, 3 frégates, 50 à 60 bâtiments légers ou de transport, a mouillé dans la rade d’Aboukir. Je n’ai des nouvelles de Damiette que du 23.Ibrahim-Bey est à Gaza, où il menace. Le général Lagrange a nettoyé les ouâdys, pris le camp des Mameluks descendus de la haute Égypte, tué Osman-Bey el-Cherqâouy et chassé le reste dans le désert ; mais il occupe le reste de ma cavalerie. Ainsi il faut dans ce moment contenir Mourad-Bey, qui est sur la lisière de la province de Gyzeh, Osman-Bey, etc. et pourvoir au débarquement ; vous voyez qu’il est nécessaire de prendre des mesures promptes et essentielles.Je suis fâché que le général Friant n’ait pas suivi Mourad-Bey, ou du moins il ne devait pas, étant à portée du Caire, s’en éloigner sans savoir ce que j’en pensais.Il faut vous rapprocher de Beny-Soueyf, réunir toutes vos troupes en échelons, de manière à pouvoir, en peu de jours, être au Caire avec, la première colonne, et les suivantes à trente-six heures d’intervalle l’une de l’autre ; tenir à Qoseyr 100 hommes ; autant dans le fort de Qeneh.Si le débarquement est une chose sérieuse, il faudra évacuer toute la haute Égypte et mettre vos dépôts en garnison dans vos forts. S’il n’est composé que de 5 à 6 000 hommes, alors il suffira que vous envoyiez une colonne pour contenir Mourad-Bey, le suivre partout où il se rendra dans le Babyreh, le Delta, le Charqyeh on dans la province de Gyzeh.
Pour actuellement, mon intention est que vous vous prépariez à un grand mouvement et que vous vous contentiez de faire partir de suite une colonne pour poursuivre Mourad-Bey. Je pense que vous aurez fait partir tous les hommes des 7e de hussards, 14e et 15e de dragons. Nous en avons bien besoin ; je vais me porter dans le Bahyreh avec 100 de mes guides pour toute cavalerie ; je suis fâché que Détrès ne soit pas parti avec son régiment.
Bonaparte
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Ordre de se porter au Caire
Au général Desaix
Quartier général, El-Rahmânyeh, 4 thermidor au VII
(22 juillet 1799)
L’ennemi a été renforcé de 30 bâtiments, Citoyen Général, ce qui fait 120 à 130 qui existent en ce moment dans la rade d’Aboukir. Il est maître de la redoute et du fort d’Aboukir depuis le 27 messidor.Je pars aujourd’hui pour aller reconnaître la position qu’il occupe, et voir s’il est possible de l’attaquer et le culbuter dans la mer ; car il me paraît qu’il ne veut pas se hasarder à cerner Alexandrie, et qu’il se contente, en attendant qu’il connaisse les mouvements d’Ibrahim-Bey et de Mourad-Bey, de se fortifier à la presqu’île d’Aboukir.Je désirerais bien avoir la cavalerie que je vous ai demandée ; si je reste en position devant lui, puisque sa position serait telle qu’il deviendrait impossible de l’attaquer, j’en aurai un besoin urgent.Le général Friant sera sans doute à la suite de Mourad-Bey ; vous vous serez réunis de manière à pouvoir promptement vous porter au Caire. Je désire que vous vous y portiez de votre personne, avec votre première colonne. Vous vous ferez remplacer à Beny-Soueyf par votre deuxième colonne.Arrivé au Caire, vous réunirez ce qui s’y trouve et la division Reynier, pour vous trouver à même de marcher à Ibrahim-Bey, s’il prenait le désert sans toucher à El-A’rych ni à Qatyeh. Il devrait avoir, dans cette hypothèse, un millier de chameaux avec lui ; et, dès l’instant qu’il aura touché aux terres d’Égypte, ce qui pourrait être entre Belbeys et Le Caire, il faudrait marcher à lui. La garnison du Caire trouvera dans les forts un refuge certain qui contiendra la ville, quelque événement qu’il puisse arriver.
Bonaparte
Comm. par M. Pauthier
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Reproche de l’inexécution d’un mouvement ordonné sur Le Caire
Au général Desaix
Quartier général, au Caire, 24 thermidor an VII
(11 août 1799)
J’ai été peu satisfait, Citoyen Général, de toutes vos opérations pendant le mouvement qui vient d’avoir lieu. Vous avez reçu l’ordre de vous porter au Caire, et vous n’en avez rien fait. Tous les événements qui peuvent survenir ne doivent jamais empêcher un militaire d’obéir ; et le talent, à la guerre, consiste à lever les difficultés qui peuvent rendre difficile une opération, et non pas à la faire manquer. Je vous dis ceci pour l’avenir.
Bonaparte
Collection Napoleon
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Ordre de prendre position pour maintenir Le Fayoum
Au général Desaix
Quartier général, au Caire, 3 brumaire an VII
(24 octobre 1798)
Je reçois, Citoyen Général, votre lettre du 29 vendémiaire. Votre aide de camp vous donnera des détails de ce qui est arrivé au Caire ; la tranquillité se trouve actuellement parfaitement rétablie.
Prenez la position qui vous sera la plus commode pour reposer votre division et tenir en respect le Fayoum, la province de Beny-Soueyf et, si vous le pouvez, celle de Minyeh. Tâchez de lever des chevaux dans les trois provinces. Procurez-vous aussi des chevaux non seulement pour pouvoir atteler les trois pièces d’artillerie que vous avez, mais les trois autres que l’on est prêt à vous envoyer. Communiquez le plus souvent qu’il vous sera possible avec le quartier général. Il est essentiel que votre hôpital se trouve dans un point d’où il puisse communiquer facilement avec Le Caire ; il serait bon que ce fût sur le Nil.
Les trois dépôts de votre division vont vous envoyer tous les habits et pantalons qu’ils ont de faits. Ils ont reçu de quoi confectionner :
La 61e 800 habits 1 600 pantalons La 88e 600 habits 1 200 pantalonsLa 21e 900 habits 1 800 pantalonsFaites-moi envoyer par un officier du génie une reconnaissance, avec croquis, du Fayoum et de toute la partie que vous avez parcourue. Toutes les fois qu’il y aura au dépôt de votre division 50 hommes de disponibles, on vous les enverra.Donnez-moi le plus souvent possible des nouvelles des Mameluks.
Bonaparte
Collection Napoléon
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Bonjour,
Mon grand père paternel était également un Desaix de vegoux, mon père ainsi que mes oncles et tantes ont grandit dans le Berry près de Chateauroux.
Félicitaitons pour ce blog à la fois sérieux et agréable à lire!
Bonjour,
Je suis surpris de trouver ce blog sur le Général DESAIX, très complet et qui a sans doute demandé beaucoup de travail. Je connais ce personnage de l’histoire depuis mon enfance, mon grand-père (maternel) était un DESAIX et habitait le Berry ; je n’en porte donc pas le nom.
J’avais fais quelques recherches il y a 1 ou 2 ans mais sans avoir découvert ce site. Je vais prendre le temps de le lire.
Êtes-vous un membre de la famille pour avoir autant d’intérêt pour le Général ?
A bientôt de vous lire, peut-être.
Thierry MARTIN