Nouvel interrogatoire de Soleyman êl-Hhaleby et de ses complices .
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Nouvel interrogatoire de Soleyman èl-Hhaleby.
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Cejourd’hui vingt-six prairial , an huit de la République française, moi soussigné , conimissaire-ordonnateur, remplissant les fonctions de rapporteur près la commission chargée de juger les assassins du général en chef Kleber, ai fait traduire devant moi le nommé Soleyman d’Alep, prévenu dudit assassinat, pour l’ interroger de nouveau sur les faits ci-après ; auquel intérrogatoire j’ai procédé , assisté du citoyen Pinet , greffier nommé par la commission , et par l’entremise du citoyen Bracewich , premier secrétaire interprète du général en chef.
Interrogé de nouveau sur les faits résultans dudit assassinat;
A répondu qu’il était venu sur un dromadaire faisant partie d’une karavanne arabe , chargée de savon et de tabac ; que cette karavanne craignant d’entrer au Kaire, s’en est allée directement au village de Ghayttah , province d’Attfiéhhly ; que là il a pris un âne pour se rendre au Kaire ; qu’il avoit loué cet âne à un paysan qu’il ne connoît pas ;
Qu’il a été chargé d’assassiner le général par Ahhmed , agha et Yassyn , aga des janissaires d’Alep; que ces deux aghas lut avoient bien défendu de s’en ouvrir à qui que ce fût, parce que c’étoit une chose délicate ; qu’on l’a envoyé , parce qu’il connaissait beaucoup le Kaire où il avoit resté trois ans ; qu’on lui a dit d’aller à la grande rnosquée , de bien prendre son temps et ses mesures , et de ne pas manquer de tuer le général ;
Qu’il s’est ouvert cependant aux quatre cheykhs qu’il a nommés parce que sans cela ils n’auroient pas voulu le loger à la mosquée ; qu’il leur a parlé tous les jours de son projet , dont ils ont voulu le détourner , en lui disant que cela était impossible; qu’il ne les avoit pas priés de lui aider , parce qu’ils sont trop poltrons ;
Que le jour où il s’est déterminé à consommer ledit assassinat, il n’a trouvé des quatre cheyks qu’il a nommés que Mohhammed él -Ghazzy , à qui il a dit qu’il alloit à Gizeh pour cet objet ; qu’il étoit seul pour assassiner le général , et qu’il croit qu’il étoit fou depuis qu’il avoir fait ce projet , puisque sans cela il ne serait jamais venu de Ghazali pour consommer l’assassinat auquel il s’est porté ;
Que les papiers qu’il a mis dans la mosquée n’étoient que des versets du koran, l’usage des écrivains arabes étant d’y en mettre souvent;
Qui il n’a reçu d’argent de personne au Kaire ; que les aghas lui en avoient donné ;
Que I’effendy chez qui il a étudié s’appelle Mustapha effendy, chez qui il alloit, suivant l’usage, tous les lundi et jeudi ;mais qu’il n’a pas osé lui en parler, parce qu’il craignoit d’être trahi ;
Mais qu’il a dit aux quatre cheykhs qu’il a nommés quels étoient ses projets , parce qu’ils étoient Syriens comme lui ; qu’il leur a communiqué l’intention où il étoit d’entrer dans le combat sacré, et qu’il l’a réellement dit à tous les quatre.
Interrogé où il étoit lorsque le vizir est venu de l’Egypte au commencement du mois de germinal dernier , correspondant au mois turk appelé dou-I-qa’déh ;
A répondu qu’il étoit à Jérusalem où il faisoit un pélerinage , et où il étoit même auparavant lorsque le vizir a pris él-A’rych.
Interrogé où est-ce qu’ il a vu Ahhmed , agha , qu’il assure lui avoir proposé cet assassinat, et quel jour il l’a vu ;
Répond que lorsque le vizir a été battu, il s’est retiré vers êl-A’rych et Ghazah , à la fin du mois turk chaoual, ou au commencement du mois dou-l-qa’déh , qui, correspond au mois de germinal de l’ère française; que Ahhmed agah faisait partie de cette armée ; qu’il étoit , depuis la prise d’él-A’ryh , détenu à Ghazah par l’ordre du vizir ; que cet agha a été transféré à Jérusalem dans la maison du Montsellem ou gouverneur de la ville ; que lui Soleyman étoit à cette époque à Jérusalem ; qu’il est allé voir Ahhmed agha , le premier jour de son arrivé, pour se plaindre à lui de ce que son père, nommé Hhagy Mohhamed Amyn, marchand de beurre à Alep , éprouvoit toujours des avanies par Ibrâhym , pâchâ dudit Alep ; qu’il lui en avoit fait une assez considérable avant, le départ du vizir de Damas pour Venir en Egypte ; que cette avanie avoit été payée; que craignant qu’elles ne se renouvelassent , il lui avoit demandé sa protection ;
Qu’il étoit retourné le jour suivant chez ledit Ahhmed agha ; que ce jour là l’agha lui avoit dit qu’il étoit l’ami d’Ibrâhim pâchâ , et qui il lui rendroit service auprès de lui s’il vouloit se charger de tuer le général de l’armée française ;
Que le troisième et le quatrième jour il lui avoit fait les mêmes propositions, et qu’alors il l’avoit adressé à Yassyn agha , qui étoit à Ghazah , pour le défrayer ; qu’il étoit parti de Jérusalem trois ou quatre jours après pour se rendre au village Khalil , sans qu »il eût reçu aucune lettre d’Ahhmed agha , qui avoit envoyé un domestique à Ghazah pour instruire de tout Yassyn agha.
Interrogé combien il a demeuré de temps à Kalil ;
Répond qu’il y a demeuré vingt jours.
Interrogé pourquoi il a demeuré vingt jours dans ce village , et s’il n’a reçu aucunes lettres des deux aghas ;
Répond que non ; qu’ils lui ont , seulement offert la leur en cas qu’il parvint a réussir.
Interrogé si le vizir a fait des proclamations contre les Français pour les faire assassiner ;
Répond qu’il n’en sait rien ; qu’il sait seulement que le vizir avoit envoyé Trahir pàchâ pour secourir les insurgés du Kaire , et que ce pâchâ est rentré lorsqu’il a trouvé les osmanlis qui se retiroient.
Interrogé s’il est le seul qui ait été chargé de cette mission
Répond qu’il le croit , et qui il étoit seul dans le secret avec les deux aghas.
Interrogé comment il devait informer les deux aghas de cet assassinat ;
Répond qu’il devoit les aller trouver , ou leur envoyer promptement un exprès.
Le présent interrogatoire a été clos par moi rapporteur soussigné, et il a été signé par l’accusé après lecture , et par le greffier et l’inferprête.
Au Kaire , les jour , mois et an que d’autre part.
Suit la signature de l’accusé en arabe.
Signé Sartelon , Damien Bracewich , Pinet , greffier.
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Confrontation des accusés.
Cejourd’hui 26 prairial an 8 de la République française , moi soussigné , rapporteur de la commission chargée de juger les assassins du général en chef Kléber, ai fait appeler le chcykh Mohhammed – èl – Ghazzy , prévenu de complicité dans ledit assassinat , pour l’interroger de nouveau et le confronter avec Soleyman d’Alep , prévenu d’être l’auteur dudit crime, auxquels interrogatoire et confrontations, j’ai procédé de la manière qui suit , conjointement avec le citoyen Pinet , greffier de ladite commission.
Interrogé ledit cheykh Mohhammcd él-Ghazzy s’il connoît le nommé Soleyman d’Alep ici présent ;
Répond que oui.
Interrogé ledit Soleyman d’Alep s’il connoît le nommé Mohhammed él-Ghazzy ici présent ;
Répond que oui.
Interrogé le nommé Mohhammed èl-Chazzy si Soleyman d’Alep ici présent ne lui a confié , depuis trenre-un jours qu’il était au Kaire , le dessein où il étoit de tuer le général en chef ; s’il ne lui a pas dit qu’il était venu de la Syrie pour cet objet , de la part des aghas Ahhmed et Yassyn ; s’il ne les en a pas entretenus à peu-près tous les jours ; et enfin si , la veille du jour où il a assassiné le général en chef, il ne lui a pas dit qu’il partait pour aller à Gizeh dans le dessein de le tuer ;
A répondu que tout cela est faux ; que lorsqu’ils se sont vus ils se sont seulement salués , et que la veille du jour où il est parti poup Gizeh , il lui a apporté du papier et de l’encre , et lui a dit qu’il ne reviendrait que le lendemain.
A lui représenté qu’il ne dit pas la vérité , puisque Soleyman qui est ici présent soutient qu’il lui a parlé tous les jours , et notamment la veille de l’assassinat , du dessein où il étoit de tuer le général;
Répond que cet homme ment.
Interrogé s’il ne va pas coucher souvent chez le cheykh Cherkaoui , et s’il n’y a pas été coucher ces jours derniers ;
Répond que depuis l’arrivée des Français il n’y a jamais couché , et qu’il y alloit coucher quelquefois auparavant.
A lui représenté qui il ne dit pas la vérité , puisque dans son interrogatoire d’hier il a déclaré qu’il alloit souvent coucher chez le cheykh Cherkaoui ;
Répond qu’il ne l’a pas dit.
Interrogé le nommé Soleyman de déclarer s’il persiste à soutenir au cheykh Mohhammed ici présent qui il lui a parlé tous les jours du projet où il étoit d’assassiner le général , et notamment la veille dudit assassinat ;
Répond que oui ; qu’il a dit la vérité , et que le cheykh Mohhammed èl-Ghazzy a peur.
Le cheykh Mohhammed èl-Ghazzy persistant dans ses dénégations , j’ai jugé convenable, vu les preuves acquises , de lui faire infliger la bastonnade , suivant l’usage du pays , pour qu’il déclare ses complices : elle lui a été donnée jusqu’à ce qu’il ait promis de dire la vérité ; après quoi il a été délié et interrogé de nouveau , ainsi qui il suit :
Interrogé si Soleyman lui a fait part de son projet d’assassiner le général en chef ;
Répond qu’il lui a dit souvent qu’il étoit venu de Ghazah pour entrer dans le combat sacré contre les infidèles français ; qu’il l’en a détourné en lui disant que cela aurait une mauvaise fin ;. que ce n’est que la veille de l’assassinat qu’il lui a dit qu’il vouloit tuer le général en chef.
Interrogé pourquoi il n’est pas venu dénoncer ledit Soleyman ;
Répond que c’est parce qui il n’avoit jamais cru qu’un homme de sa façon pùt tuer le général en chef, lorsque le vizir n’avoit pu le faire.
Interrogé s’il n’a pas fait part de ce que lui a dit Soleyman à plusieurs personnes de la ville , notamment au cheykh Cherkaoui ;
Répond qu’il n’en a parlé à personne , et que quand on le tueroit il ne le diroit pas.
Interrogé s’il sait qu’il y ait au Kaire d’autres personnes chargées d’assassiner les Français, et où elles sont ;
Répond qu’il n’en a point connoissance , et que Soleyman ne lui en a jamais parlé.
Interrogé ledit Soleyman de déclarer également où sont ses complices ;
Répond qu’il n’en a point au Kaire , et qu’il ne croit pas qu’il y ait d’autres personnes que lui pour assassiner les Français.
De suite ledit Mohhammed él Ghazzy a été conduit à sa prison , et Soleyman est resté pour être confronté avec Seyd Ahhmed él-Oualy , qui a été amené pour cet objet.
Interrogé s’il connoit Soleyman d’Alep ici présent ;
A répondu que oui.
Interrogé ledit Soleyman s’il connoit le nommé Seyd Ahhmed èI-Oualy ici présent ;
A répondu également que oui.
Interrogé le cheykh Seyd Ahhmed él-Oualy si Soleyman lui a fait part d’assassiner le général français, notamment la veille dudit assassinat;
Répond que Soleyman à sort arrivée , il y a environ trente jours , lui a dit qu’il venoit pour entrer dans le combat sacré contre les infidèles; qu’il l’en a détourné en lui disant que cela n’étoit pas bien fait ; mais qu’il ne lui a pas dit qu’il voulût assassiner le général en chef.
Interrogé ledit Soleyman de déclarer s’il a dit à Seyd Ahhmed él-OuàIy qu’il vouloit assassiner le général en chef , et combien avant l’assassinat il y avoit de jours qui en avoit parlé ;
Répond que les premiers jours de son arrivée il lui a dit qu’il venoit pour entrer dans le combat sacré , ce qu’il a désapprouvé , que six jours après il lui a fait part de son projet d’assassiner le général ; que depuis il ne lui en a plus parlé ; et qu’il y avoit quatre jours qui il ne l’avoit pas vu lors dudit assassinat.
Représenté à Scyd Ahhmed èI-Oualy qu’il n’a pas dit la vérité , en assurant que Soleyman ne lui a pas fait part de son projet d’assassiner le général ;
Répond que maintenant que Soleyman le lui a rappelé il s’en souvient.
Interrogé pourquoi il n’a pas dénoncé ledit Soleyman ;
Répond que c’est pour deux motifs; le premier , parce qu’il croyoit qui il mentoit ; et le second , parce qu’il le méprisoit trop pour le croire capable d’une pareille action .
Interrogé si Soleyman lui a dit qu’il eût quelque complice , et si lui Seyd Ahhmed èl-Oualy en a parlé à quelqu’un , notamment au cheykh de la grande mosquée, à qui il doit rendre compte de tout ce qui s’y passe ;
Répond que Soleyman ne lui a point dit qu’il eût des complices qu’il n’a pas cru qu’il fût deson devoir d’en prévenir le cheykh de la mosquée , et qu’il n’en a parlé lui- même à personne.
Interrogé s’il avoit connaissance d’un ordre du général en chef, qui ordonne de dénoncer tous les osmanlis qui arrivent au Kaire ;
Répond qu’il n’en a pas connoissance.
Interrogé de déclarer s’il n’a pas logé Soleyman à la mosquée parce qui i! a déclaré qu’il venoit pour assassiner le général ;
Répond que non ; que tous les musulmans peuvent loger à la Mosquée.
Interrogé Soleyman s’il n’a pas dit qu’on ne l’auroit pas-reçu , s’il n’avoit pas déclaré quel étoit le motif qui l’amenoit au Kaire ;
Répond que les arrivans sont obligés de le dire , mais qu’il doit à la vérité de déclarer qu’aucun des cheykhs n’a approuvé son projet .
Ledit Seyd Ahhmed èI-Oualy a être reconduit , et Soleyman est resté pour être confronté à Seyd A’bd-Allah êl-Ghazzy qui a été amené pour cet objet.
Interrogé ledit Seyd A’bd.-Allah él-Ghazzy s’il connoit ledit Soleyman ici présent ;
Répond que oui.
Interrogé le nommé Soleyman s’il connait ledit Seyd A’ bd- Allah él- Ghazzy ici présent ;
Répond que oui.
Interroge Seyd A’bd – Allah éI-Ghazzy s’il n’avoit pas connoissance du projet de Soleyman pour assassiner le général en chef ;
Répond et avoue qu’à son arrivée il lui a fait part de son dessein de combattre les infidèles et de tuer le général en chef, et qu’il a voulu l’en détourner.
Interrogé pourquoi il n’a pas dénoncé ledit Soleyman .
Répond qui il croyoit qu’il serait allé trouvez les grands cheykhs du Kaire qui l’en auroient détourné , et qu’il le fera à l’avenir.
Interrogé s’il a parlé de ce projet à qhelqu’un , et s’il sait que Soleyman en ait également fait part à quelques personnes du Kaire ;
Répond qu’il n’en sait rien,
Interrogé s’il sait qu’il y ait au Kaire d’autres personnes chargées d’assassiner les Français ;
Répond qui n’en sait rien et qu’il ne le croit pas.
Lecture faite du présent procès-verbal de confrontation à Soleyman accusé , à Mohhammed él-Gliazzy, à Seyd Ahhmed él-Oualy, et à Seyd A’bd-Allah él-Ghazzy , ils ont déclaré que leurs réponses contiennent vérité , qu’ils n’ont rien à ajouter ni diminuer , qu’ils persistent ; et ont signé avec nous , Braceswich et Lhomaca , interprètes , et le greffier.
Au Kaire , les jour , mois et an que d’autre part.
Suivent les signatures des accusés en arabe.
Signé Baptiste Santi Lhomaca , drogman ; le premier secrétaire – interprète du géniral en chef, Damien
BRACEWICH ; SARTELON ; Pinet , greffier.
Et après avoir clos ledit interrogatoire , moi , commissaire rapporteur , ai demandé aux quatre prév enus s’ils vouloient se choisir un ami pour défenseur ; et nous ayant déclaré qu’ils ne pouvoient en désigner aucun , nous avons fait choix du nommé Lhomaca interprète , pour remplir cet objet.
Au Kaire , les jour , mois et an que dessus.
Signé SARTELON ; Pinet , greffier.
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Interrogatoire de Mustapha effendy.
Aujourd’ hui , 26 prairial , an 8 de la République française moi soussigné , rapporteur de ladite commission nommée pour juger les assassins du général en chef Kleber , ai fait appeler devant moi Mustapha effendy pour l’interroger sur les faits résultans dudit assassinat ; auquel interrogatoire j’ai procédé , assisté du citoyen Pinet, greffier de la commission.
Interrogé de ses noms , àge , domicile et profession.
Répond s’appeler Mustapha efFcndy , natif de Brouze en Bithynie , âgé de quatre-vingt-un ans , et être maitre d’école.
Interrogé s’il a vu depuis un mois le nommé Soleyman d’Alep;
Répond que cet homme a été son élève il y a trois ans; qui il l’a vu il y a dix ou vingt jours ; qu’il est venu coucher chez lui, mais que comme il est pauvre il lui a dit de chercher un asyle ailleurs.
Interrogé si le nommé Soleyman ne lui a pas dit qu’il étoit venu de Syrie pour assassiner le général en chef ;
Répond que non, qu’il est venu seulement chez lui pour le saluer comme son ancien maître.
Interrogé si Soleyman ne lui a pas parlé des motifs qui l’avoient amené , et si lui-même ne s’en est pas informé ;
Répond qu’ il n’a été occupé que de le renvoyer , parce qu’il est pauvre ; qui il lui a cependant demandé ce qu’il venoit faire , et qu’il lui a dit qu’il venoit se perfectionner dans la lecture.
Interrogé s’il ne sait point qu’il soit allé voir quelqu’un au Kaire, notamment des cheykhs considérables ;
Répond qu’il n’en sait rien , parce qu’il l’a vu très-peu de temps et que d’ailleurs , vu son âge et ses infirmités , il sort peu de chez lui.
Interrogé s’il n’enseigne pas le qoran à ses élèves ;
Répond que oui.
Interrogé si le qoran ordonne les combats sacrés et prescrit de tuer les infidèles ;
Répond qu’il connoît les combats sacrés , et que le qoran en parle.
Interrogé s’il enseigne de pareils principes à ses élèves ;
Répond qu’ un vieillard n’a rien à faire dans tout cela ; mais qu »il est vrai que le qoran parle des combats sacrés , et que celui qui tue un infidèle est dans le chemin de la direction.
Interrogé s’il a appris d’aussi belles choses à Soleyman ;
Répond qu’ il ne lui a appris qu’à écrire.
Interrogé s’il sait qu’un musulman a tué hier le général en chef de l’armée française , qui n’étoit pas de sa religion , et ni , d’après les principes du qoran , cette action est louable et approuvée par le prophète ;
Répond que celui qui tue doit être tué ; que, quant à lui , il croit que l’honneur des ‘Français est aussi l’honneur des musulmans ; et que si le qoran dit autre chose , ce n’est pas sa faute.
De suite ledit Soleyman a été confronté avec ledit Mustapha effetidy.
Interrogé s’il a vu plus d’une fois l’effendy Mustapha , et s’il lui a fait part de son projet ;
Répond qu’il ne l’a vu qu’une fois comme son ancien martre qu’il est venu seulement pour le saluer , que cet homme est vieux et infirme , et qu’il ne lui convenoit pas de lui faire part de son projet.
Interrogé s’iI n’est pas de la secte des combats, sacrés , et si les cheykhs de la ville ne l’ont pas autorisé à tuer au Kaire les infidèles pour gagner les bonnes graces du prophète Mohhammed ;
Répond qu’il a parlé des combats sacrés seulement aux quatre cheykhs qu’il a nommés.
Interrogé s’il n’en a pas parlé au cheykh Cherkaoui ;
Répond qu’il ne voit pas ce cheykh , parce qu’ils ne sont pas musulmans du même rite ; que le cheykh Cherkaoui est de la secte de Chafe ‘ y , et lui de la secte de Hhanefy.
Lecture faite à Soleyman et à Mustapha de leurs réponses , ils ont déclaré qu’elles contenoient vérité, qu’ils n’avoient rien à ajouter ni à diminuer ; et ils ont signé avec nous , le greffier, et le citoyen Lhomaca , interprète.
Au Kaire , les jour , mois et an que d’autre part.
Suivent les signatures des accusés arabe.
Signé B. Santi Lhomaca ; Sartelon ; Pinet , greffier.
(Sources: Pièces diverses et correspondances, relatives aux opérations de l’armée d’Orient en Egypte.)
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