Déclaration des témoins .
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Déclaration des témoins.
Palais d’Elf-Bey, quartier général de l’armée Francaise
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Cejourd’hui vingt-six prairial an huit de la République française , pardevant moi commissaire-ordonnateur soussigné , chargé par !’arrêté du général Menou , commandant l’armée , des fonctions de rapporteur près la commission nommée pour juger les assassins du général en chef Kléber, a comparu pour donner ses déclarations sur ledit assassinat , à quoi j’ai procédé , assisté du citoyen Pinet , greffier , nommé conformément audit arrêté , Joseph Perrin, maréchal-des-logis, chef des canonniers des guides , qui a déclaré que lui et le citoyen Robert , maréchal-des-logis , ont arrêté le turk Soleyman , accusé d’avoir assassiné le général; qu’ils l’ont trouvé dans le jardin des Bains-français, attenant à celui de l’état-major; qu’ il y étoit caché entre de petites murailles à moitié démolies , et que lesdites murailles étoient couvertes de sang en différens endroits ; que ledit Soleyman étoit également ensanglanté ; qu’ils l’ont arrêté dans cet état , et ont été obligé ensuite de lui donner des coups de sabre , pour le .faire marcher. Ledit Perrin déclare qu’il a trouvé une heure après un poignard caché dans la terre au même endroit où il a arrêté Soleyman, et qu’il l’a remis à l’état-major ; ledit poignard étoit ensanglanté. Lecture a lui faire de sa déposition , a déclaré ne savoir rien autre chose n’avoir rien à ajouter à sa déclaration, ni rien à y diminuer et a signé avec nous et le greffier.
Signé Perrin , maréchal- des – logis , chef ; Sarte!on , Pinet , greffier.
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A comparu aussi le citoyen Robert , maréchal-des-logis dans l’artillerie des guides , lequel a déclaré qu’étant occupé à la recherche de l’assassin du général , il s’est rendu dans un jardin attenant à celui de l’état-major, et appartenant à la maison des Bains-français; qu’il y a trouvé, avec le maréchal-des-logis Perrin , son camarade , le nommé Soleyman d’Alep, caché dans un coin entre des murailles démolies; qu’il étoit tout ensanglanté, n’ayant rien sur la tête qu’un morceau de lisière de drap verd ; que dans ce costume il l’a reconnu pour être l’assassin du général ; que les murailles sur lesquelles il avoit passé étoient également ensanglantées ; que cet homme a montré de la frayeur, et qu’une
heure après son arrestation il a trouvé , avec le citoyen Perrin , à la même place où il étoit caché , un poignard rempli de sang, qu’il a apporté à l’état – major : ce poignard étoit enfoui dans la terre.
Lecture faîte de sa déposition, il a déclaré qu’elle contenait vérité ; qui il n’avoit rien à ajouter ni à diminuer ; et a signé avec moi et le greffier.
Au Kaire, les jour , mois et an que d’autre part.
Signé Robert ,marécal-des-logis; Sartelon , Pinet , greffier.
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Moi , dit commissaire rapporteur , me suis de suite transporté dans la maison du citoyen Protain , où il est détenu dans son lit par suite de ses blessures , et ai reçu sa déclaration ainsi que suit :
Jean – Constantin Protain , architecte , membre de la commission des arts et de l’institut, a déclaré qu’étant à promener dans la grande galerie du jardin dit quartier-général, qui donne sur la place , avec le général en chef , un homme vêtu à la turke sortit du fond de la gallerie où se trouve un puits à roues ; qu’étant à quelques pas de distance du général et tourné du côté opposé , il entendit le général crier à la garde; qu’il se retourna pour connoître la cause ; qu’il vit alors ledit homme lui porter des coups de poignard ; qu’il courut à son secours , et voulut le défendre ; qu’il reçut plusieurs coups du même poignard qui le mirent à terre , et le firent rouler plusieurs pas : ayant entendu de nouveau crier le général, il se rapprocha de lui ; il vit ledit homme le frapper , et il reçut lui-même de nouveaux coups ; il perdit enfin connaissance , et ne peut donner d’autres détails ; il sait seulement que , malgré leurs cris répétés , ils sont restés plus de six minutes sans secours.
Lecture faite au citoyen Protain de sa déclaration , il a dit qu’elle contient vérité , qu’il y persiste , qu’il ne veut y ajouter ni diminuer ; et a signé avec moi et le greffier.
Signé Protain , Sartelon , Pinet , greffier
Après avoir signé, le citoyen Protain a déclaré vouloir ajouter que , lorsque Soleynian d’Alep , accusé d’avoir assassiné le général en chef et lui, lui fut présenté quelques instans après ledit assassinat, il le reconnut pour être le même qui , dans le jardin de la maison du quartier-général , porta au général en chef des coups de poignard qui le terrassèrent, et auquel il donna lui- même plusieurs coups de bâton , pour tâcher de défendre le général ; a la suite desquels il reçu, lui-mème plusieurs coups de poignard de Soleyman d’Alep , qui lui firent perdre connoissance.
Lecture faite au citoyen Protain de la présente addition , il a dit qu’elle contient la vérité , qui il y persiste , ne veut y ajouter ni diminuer ; et a signé avec nous et le greffier.
Signé Protain, Sartelon, Pinet , greffier.
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Aujourd’hui vingt-six prairial, an huit de la République française, moi soussigné, rapporteur de la commission nommée pour juger les assassins du général en chef Kleber, ai fait appeler les aides-de-camp dudit général, et ai reçu leur déclaration, assisté du citoyen Pinet, greffier de la commission, de la manière qui suit :
Le citoyen Fortuné Devouges , âgé de 24 ans, lieutenant au vingt-deuxième régiment de chasseurs à cheval aide-de-camp du général en chef Kleber, a déclaré que le 25 prairial , ayant accompagné le général en chef dans la visite qu’il fit à son quartier-généraI du Kaire , où il avoit ordonné des réparations, un homme à turban verd, vêtu d’une mauvaise casaque , ne cessa de marcher à la suite du général pendant qu’il parcourut ses appartements , et chacun le prenant pour un ouvrier , on le laissa librement aller et venir; mais le général en chef ayant traversé son jardin pour aller dans celui du général Damas, le citoyen Devouges s’appercevant que le même homme se méloit toujours dans la suite du général , lui demanda ce qu’il vouloit , et le fit chasser par un domestique : cet homme disparut en effet.
Deux heures après, lorsque le général fut assassiné, le citoyen Devouges reconnut à côté du général le vêtement qu’avoit laissé l’assassin pour être le même que celui de l’homme dont il vient de parler , et peu de temps après on amena un homme couvert de sang qu’il reconnut parfaitement pour celui qu’il avoir précédemment fait chasser.
Lecture à lui faite de sa déposition , le citoyen Devouges a déclaré qu’elle contenoit vérité , et qu’il n’avoit rien à y ajouter ni diminuer ; et a signé avec moi et le greffier .
Au Kaire, les jour , mois et an que d’autre part.
Signé Devouges , Sartelon , Pinet , greffier.
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(Sources: Pièces diverses et correspondances, relatives aux opérations de l’armée d’Orient en Egypte.)
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